La grâce "sanctifiante" de Cyril Huot

A partir de Casarsa, le village natal de Susanna, la mère adorée (et donc le conflit avec le père vaguement fascisant) et la douloureuse présence de Guido, le frère mort en 1945, Huot remonte la vie et l'oeuvre de P.P. Pasolini der la manière la plus pertinente en ce qui tient d'une "adresse" à l'auteur - et par rebond à nous.

Clarté et mystère, les deux mots qui peuvent caractériser l'oeuvre de l'Italien sont animés dans ce "Je suis vivant" de l'auteur que son essayiste anime. A travers cette approche et les "repons" de Pasolini Huot perce la campagne, la fontaine de Vinchiaredo, des nuages, du ciel, des premiers mois d’avril et leurs stridences des hirondelles des premiers temps de Pasolini jusqu'à son "exécution" finale.

Inextricablement se mêle le mystère des nuits et la lumière des jours de l'oeuvre et de la vie. Le génie du créateur, ses cris de la conscience, la force de ses visions entre Eros et Thanatos sont là où se mêlent nostalgie du péché et miroir des désirs.

Huot montre comment le langage sous toutes ses formes devient fonction du corps et de l'esprit, le second ne pouvant être touché que par le premier. Pasolini rappelle ainsi que l'homme ne pense pas qu'avec son âme, non pour la détruire, mais la porter au-delà du concevable à travers dialectes, poésie, cinéma etc, donc à travers un corpus lui-même incarné qui donne à l'essai un autre "corps".

Jean-Paul Gavard-Perret

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  Caro Pasolini : Lettres à une brute

  de Huot, Cyril
  Tinbad
  ISBN : 9791096415526 ; 22,00 € ; 09/02/2023 ; 192 p. ; Broché

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