C'est le premier ouvrage d'Andrée Chedid que je lis et c'est un coup de cœur.

Il y a Simm, vieil homme plein de vie qui choisit de consacrer toute son énergie à la recherche de ce jeune homme dont il a croisé le regard quelques secondes avant le tremblement de terre.

Il y a l'humanité d’un espoir bravant le bon sens et l'hostilité générale.

Il y a la lutte de Sim pour convaincre les sauveteurs, faire comprendre ce qu'il a vécu et ce qu'il ressent.

Et puis il y a les mots d'Andrée Chedid, justes et beaux et pleins de poésie.

On mélange le tout et on obtient un livre qui met les larmes aux yeux et qui (re)donne foi en l'homme.

Un texte à lire à tout âge, qui va à l'essentiel.

Un salut. Un regard. Une fenêtre bleue qui encadre le corps d'un étranger duquel le vieux Simm se sent étrangement proche. Un peu comme un fils qui lui serait né, quelques secondes à peine avant le cataclysme.
Le tremblement de terre a tout englouti, y compris la fenêtre bleue et l'étranger que Simm était le seul à avoir vu.

Le vieux sage, le vieux Simm se battra seul, des jours durant, pour échanger avec l'étranger quelques paroles, souffle de vie, et convaincre les autres qu'il vaut la peine qu'on s'écorche les mains sur ce sol sec qui le recouvre.
Simm, le vieux sage, le vieux fou, ne laissera pas mourir ce fils étranger qu'il lui semble avoir vu naître quelques jours plus tôt, derrière l'encadrement bleu de la fenêtre...

"L'autre" est résolument le roman d'un(e) poète. La beauté des phrases, de leur rythme, des images, m'a surprise à les lire à voix haute à plusieurs reprises. Certains passages sont d'ailleurs de véritables poèmes.
Le vieux Simm est également un personnage magnifique, philosophe comme on peut en trouver dans la tradition arabe ou maghrébine. Une véritable leçon à lire et relire à tout moment de sa vie...