Le pipeau pisse sur son aphauriste de Éric Dejaeger
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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L'aphauriste en balade
Après s’être attaqué aux powètes dans deux recueils parus aux Editions Les Carnets du Dessert de Lune, Eric DEJAEGER écorne les (f)auteurs d’aphorismes se croyant « sortis de la cuisse de Scutenaire » et fend la vague de l’aphorismophilie.
En cinquante aphorismes bien frappés, Dejaeger dézingue à tout berzingue.
En filant l’aphauriste au cours de ses balades, en rue ou bien en forêt, quand il monte dans les tours ou se terre au cinéma, quand il roule à trottinette ou (se de)verse dans les toilettes, il traque les jeux de mots pourris qui font son bonheur journalier.
"Quand l’aphauriste se balade en forêt, il note, tout fier : « Les arbres me branchent ! »"
On remarquera au passage que l’aphauriste mène une vie semblable aux autres bipèdes et qu’il ne se distingue que par l’exercice régulier de l’aphaurisme, qui ne souffre aucune pause.
"Quand l’aphauriste reste une demi-heure sans rien produire, il appelle son psy."
Comme une suite de chapitres de plus de cent pages ne fait pas nécessairement un roman, une liste de vers un poème, la phrase a fortiori focalisée sur le seul jeu de mots ne fait pas un aphorisme.
"L’aphauriste ne fait pas la différence entre un jeu de mots misérablement raté et une phrase qui tue."
En raillant les falsificauteurs de ce genre, qui nécessitait d’être mis à l’honneur au même titre que d’autres, Dejaeger pointe des dérives valant pour les autres disciplines littéraires, comme la religion du chiffre, le niveau d’exigence défaillant, l’écriture comme addiction & consolation, la fatuité de l’auteur, le déficit de lecteurs, la tentation de la théorisation…
"À la donnerie d’aphaurismes, beaucoup de badauds mais nul preneur."
Si, certes, l’aphauriste n’est pas un penseur, on serait en droit d’attendre de lui plus d’esprit de suite.
"L’aphauriste ne pense pas plus loin que le bout de sa ligne."
Bref, Eric liste drôlement tout ce qui ne fait pas un bon aphoriste et, en tant que praticien du genre, on est appelé à se reconnaître peu ou prou dans plus d’un aspect de son antimodèle.
Mon aphorisme (en deux temps) préféré, celui qui pose les abyssales questions portant sur les relations entre poésie et aphoristologie, sur la précellence du vers ou de l’aphorisme, que ne manqueront pas de se poser les futurs participant.es aux colloques appelés à se multiplier tant sur le sujet du powème minimaliss‘ que de l’aphaurisme, est celui qui ouvre le recueil :
"Le powète hésite à se mettre à l’aphaurisme. Il fait bien."
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