Immense existence de William Cliff
Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Poésie
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Une vie de voyages
William Cliff semble vraiment avoir mené une vie de bohême. Il a beaucoup voyagé de Montevideo à Tokyo, de Benarès à Helsinki, de Namur à Atlanta … Le poète ne dresse pas une description touristique de ces lieux. Il évoque une anecdote, un lieu bien précis lié à une de ses expériences ou à un ressenti. Nulle description de la mer ni de celle de sa cathédrale pour Helsinki, mais c’est sa gare imposante où l’on peut s’asseoir et passer du temps qu’il évoque. Au détour de ses voyages, ce sont aussi des individus et des amours homosexuelles qui occupent ses poèmes, mais toutes ces relations sont fugaces. Le poète semble aussi marqué par une certaine solitude. Toutes ces rencontres ne s’inscrivent pas dans la durée et c’est seul qu’il voyage et qu’il fréquente des lieux vivants. Il regrette parfois de n’être pas en couple. Au détour de certains lieux, ce sont Rimbaud, puis Verlaine qui intègrent les textes de William Cliff qui lui aussi semble avoir « des semelles de vent ». On y perçoit parfois de la souffrance quand il évoque le fait qu’être intelligent rend davantage malheureux car cela offre une connaissance plus aiguë du monde que l’on côtoie.
Ses poèmes sont toujours aussi modernes avec très peu de ponctuation. Parfois, certains textes ne sont constitués que d’une seule longue strophe. Son originalité peut faire sourire aussi comme ce titre qui s’étend sur six lignes … Le poète fait fi des règles classiques pour trouver son rythme et sa propre musique. La syntaxe elle-même s’est affranchie des codes de métrique et certaines phrases enjambent sur la strophe suivante sans vergogne. Le style de Cliff est réaliste et son verbe est accessible. Ce n’est pas une poésie qui demande de gros efforts de compréhension. Quelquefois le lecteur a presque l’impression que les poèmes sont empreints d’une certaine oralité comme si le poète nous faisait une confidence au coin d’une taverne. Certains textes peuvent être crus par leur caractère explicite, c’est aussi ce qui fait leur force et accentue le caractère confidentiel de ces poèmes.
Parfois désabusé, quand il décrit l’espèce humaine en comparaison avec l’espèce animale, on sent aussi dans certains poèmes une certaine fraternité avec certains hommes qui semblent avoir sa même destinée. Les derniers mots du recueil laissent paraître une note positive : « nous devons apprendre à bénir / cette cervelle qui nous mène / vers les désirs de l’avenir » Dans le reste du recueil, il parle surtout d’épisodes passés auxquels il redonne vie de façon rétrospective.
« Cependant avec l’art et l’avantage
De faire connaissance avec le jeu
De rencontrer dans le cours du voyage
Des compagnons de route merveilleux
Et se trouver contre un corps sommeilleux
Plein du miracle d’être différent
Tant il raconte une autre histoire où s’en-
Trevoient les voies d’étranges souvenirs
On goûte et on le trouve moins méchant
Le trou des tristes années à venir »
Les éditions
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Immense existence [Texte imprimé], poèmes William Cliff
de Cliff, William
Gallimard
ISBN : 9782070784172 ; 14,10 € ; 20/04/2007 ; 136 p. ; Broché
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