I am: Inventaire de rêves de Marisa Cornejo-Kasterine

I am: Inventaire de rêves de Marisa Cornejo-Kasterine

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par JPGP, le 24 décembre 2022 (Inscrit le 10 décembre 2022, 77 ans)
La note : 7 étoiles
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Toi le venin - Marisa Cornejo

Marisa Cornejo crée une poétique particulière avec souvent un effet de mise en abîme au sein d'une représentation parfois éphémère, ponctuelle mais à laquelle l'artiste est sensible afin de voir comment une image prospère dans l’imaginaire du regardeur. D’origine chilienne la Genevoise créant des tensions entre le vécu et le fantasmé, le connu et l'inconnu déstabilise tout ce qui fait autorité afin de mettre en rapport des codes sociaux et des formes artistiques, de donner du poids à des images qui n'en sont pas. Ses créations se veulent des dérives. Ne retenant pas un mode de production exclusif et toujours curieuse de faire des expériences la créatrice capte la relation qu’elle entretient avec ce qui l’entoure comme avec ses souvenirs et ses songes puis elle choisit le médium adéquat (action, vidéo, dessin, photographie, installation) afin de restituer au mieux une expérience spatiale, visuelle et mentale. Pour elle, les stratégies cachent souvent des calculs en rapport avec le pouvoir qui les soutient c’est pourquoi le vocabulaire de la plasticienne cherche une articulation dont le ressort est chaque fois le glissement sémantique. Par le caractère hybride de ses œuvres elle pose la question de l'intégration de l’être dans son milieu. Toutefois si un tel art possède une dimension « politique » la créatrice n'a jamais estimé que le but de l’art soit de résoudre des conflits sociaux ou idéologiques.

Selon Marisa Cornejo le contrat qui lie l’artiste, l’œuvre et le public est complètement à réinventer. Son travail actif crée l’instauration d’un présent avec celui qui le regarde. Il s’agit de l’organisation d’une temporalité où, le présent de l’œuvre crée toujours un avant et un après. Il y a donc l’existence d’un “maintenant” qui est parfois celui d’un « actionnisme » qui repose la question de la beauté. Pour l’artiste le sentiment de beauté procède d'un simple déclic, de quelque chose d'émotionnel et de spontané lié à la vie. Chaque œuvre possède une nature d'expressivité et d'accroche qui se fonde accidentellement sur des codes picturaux ou autres là où l’artiste fixe des traces ou des empreintes. Entre ironie et subversion il s'agit pour Marisa Cornejo de renverser la naturalisation des codes culturels, des choses que l'on connaît mais dont on ne se soucie plus de la provenance et des raisons qui les ont amenées à "être". Alors que souvent le spectateur est assigné au rôle de voyeur en une sorte de Peep-show, il est placé par la créatrice dans l’ordre des rapports sociaux où toutes les stratégies, quoique exhibées, n’en sont pas moins renversées. Devant de telles images, soit nous inventons un système de croyance qui nous laisse le moins de doute possible sur ce que l’on voit, soit nous nous abandonnons en allant jusqu’à prendre du plaisir à nous trouver redoutablement seuls face à ces mises en scènes hybrides et fascinantes.

Jean-Paul Gavard-Perret

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