Oh là mon Dieu de Fabienne Radi

Oh là mon Dieu de Fabienne Radi

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par JPGP, le 24 décembre 2022 (Inscrit le 10 décembre 2022, 77 ans)
La note : 7 étoiles
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Fabienne Radi sémiologue détective

A tous ceux qui ne connaissent pas encore les chroniques au Mamco de Fabienne Radi - qu’ils soient fétichistes de De Palma ou d’un autre - il est demandé de lire « Oh là Mon Dieu ». Ces vaticinations faussement farcesques s’apparentent à ce que l'auteure dit de l’œuvre du réalisateur américain : elles tiennent « de la choucroute télescopée avec un banana split ». C’est roboratif voire étouffe-chrétiens diront certains et pourtant le texte se lit sans faim. On rit tout en devenant (du moins c’est l’impression que l’auteure nous laisse caresser) plus intelligent. Celle qui ne sait pas si ses trajets Genève-Vevey vont durer encore longtemps (mais après tout elle a peut-être changé de vie…) reste à la sémiologie ce que Duchamp fut à l’art. Ses conférences-performances comme ses textes n’ont rien de compassé (euphémisme). Elle guide le lecteur avec une lampe de poche dans un mixage et une miction de signes venus du cinéma, de l’art et de la littérature.

Voyageuse avec bagages elles les ouvrent devant nous. Elle y rassemble - entre autres ici - une constellation de gens liés de près ou de loin à l’idée du crime comme œuvre d’art : de Quincey, Poe, Jack l’Eventreur, Wilde, Ellroy, Duchamp, De Palma. Mais ce n’est pas tout. D’autres spéculations nous mènent par exemple sur le voilier d’Errol Flynn. C’est fendant : mais ça ne sent jamais la vinasse. Dans la cascade de références l’enivrement est de mise. Tout s’éprouve moins au niveau de l’estomac que du lobe frontal et de l’épithalame. Contrairement à des tas d’opus sémiotiques qui ressemblent à des « lits de poireaux tout secs qui auraient trop cuit », Fabienne Radi nous secoue, nous réveille. Finies les longues siestes intellectuelles il faut s’accrocher au basque de la papesse lémanique dont un de ses fans de Cornavin m’a dit « je ne vois qu’elle ». On le comprend. A priori toutes ces chroniques partent selon leur créatrice d’une « idée un peu idiote mais pas dénuée de sérendipité ». Et sous couvert de circonvolution elle fait sobre et ne racole pas c’est pourquoi la « texte-urologue » performative se remarque tant par son physique que par sa métaphysique littéraire.

Jean-Paul Gavard-Perret

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