Une autre que moi de Sabine Bourgois
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Fervent hommage
Ce texte, cette longue lettre d'amour, m'a complètement bouleversée.
C'est indécent.
C'est pudique.
C'est violent.
C'est d'une tendresse extrême.
C'est une passion effrénée.
C'est la torpeur du silence.
C'est la douleur du manque.
C'est la joie de l'attente.
C'est une femme qui se livre. Qui donne. Qui offre. Qui attend. Qui demande. Qui supplie. Qui espère. Qui désespère. Qui va. Qui vient. Qui regarde. Qui pleure. Qui respire. Qui partage. Qui conserve. Qui aime. DE L'AMOUR !
Ce livre sent l'amour, le respect, l'admiration, la beauté à chaque page, chaque ligne.
Peut-on rêver plus bel hommage que celui qui est rendu ici à une autre femme dont je n'ai (encore) rien lu. De quoi ajouter encore au mystère de cette écriture qui transporte, qui donne vie, qui maintient debout, qui permet d'avancer. Une véritable bouée de secours, un moteur, un leitmotiv... la vie, l'énergie, le sang. Oui, c'est cela, l'une est le sang de l'autre, son oxygène, sa nourriture. Une dépendance tant charnelle que mentale. Un besoin, une nécessité mais aussi un plaisir, une passion, un coeur qui bat.
Enormément de vie dans ces merveilleuses lignes. Beaucoup de force également. Sabine Bourgois se livre sans détours et sans pudeur tout en jetant un voile de douceur sur l'ensemble de son histoire. Elle livre son amour de manière franche et brutale, employant cependant les précautions élementaires en matière de courtoisie et d'élégance mais la passion n'a que faire de la politesse, elle veut jaillir de sa boîte tel un diable qui réclame sa pitance. Elle sollicite et en même temps elle exige, elle offre et elle quémande, c'est un véritable échange, une soumission dominante qui lui permet d'aller de l'avant, de puiser en elle les ressources indispensables au travail d'écriture. Surtout ne pas se laisser enfermer, aimer sans étouffer, entreprendre sans attendre, donner la vie pour mieux la recevoir. Beaux passages tendres et lucides sur la vie, la maternité, l'enfance. Sur la solitude également, sur la détresse, sur le temps qui passe inexorablement et que pourtant on refuse (F.L. qu'elle refuse d'imaginer cinquantenaire lorsqu'elle relit ses premiers ouvrages, comme si cela était impossible, comme si imaginer l'être qu'on vénère revêtu d'une certaine forme de vieillesse ne pouvait qu'attirer mort et chagrin. Sincère, touchant, si personnel).
C'est une délicieuse impudeur entourée de discrétion, je suis tombée sous le charme, assommée par la force de cette lettre d'amour, envoûtée par sa sensualité, hypnotisée par sa douceur.
Un véritable moment de bonheur, une bouffée d'oxygène comme il est trop rarement permis de profiter.
Les éditions
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Une autre que moi [Texte imprimé] Sabine Bourgois
de Bourgois, Sabine
K éd.
ISBN : 9782951794030 ; 5,00 € ; 17/09/2004 ; 159 p. ; Reliure inconnue
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Naissances
Critique de Feint (, Inscrit le 21 mars 2006, 61 ans) - 28 mai 2006
Le narrateur – que pour le coup vous ne risquez rien à confondre avec l’auteur – est une lectrice. Le destinataire, dont vous n’entendrez jamais la voix, est un auteur. Un vrai, qui existe vraiment dans ce monde et qui, pour avoir malgré soi suscité de la part d’une lectrice un livre comme celui-ci, est forcément un auteur vrai. Françoise Lefèvre. Fugitivement, vous êtes un peu honteux si, comme moi, vous ne connaissez pas cet auteur. Vous vous dites que vous vous rattraperez, que demain vous irez chez le libraire commander un de ses livres, afin d’entendre cette autre voix, celle qui, peu à peu, au long d’une dizaine d’années, a transformé la lectrice en écrivain.
Une autre que moi commence comme une lettre d’amour. La lectrice, à un moment, s’est rendue compte d’une nécessité : dire à l’auteur qu’elle aime… qu’elle l’aime. Pour Sabine Bourgois, « dire » est essentiel. A travers elle, on devine le silence comme la possibilité d’une douleur. La lettre prend corps, devient un livre. Le lecteur incrédule – ce livre en effet ressemble si peu à ce qu’il a l’habitude de lire – assiste à une naissance. Des naissances. Sans jamais cesser d’écrire, par deux fois, la narratrice devient mère, comme Françoise Lefèvre l’a été avant elle. Et puis, à la fin, sa décision est prise : cette déclaration d’amour, si intime, deviendra un livre, sera lue par d’autres, ne lui appartiendra plus. C’est une acceptation, cette séparation, qui n’est pas sans rappeler la naissance d’un enfant. Cette naissance n’est pas seulement celle du livre. C’est aussi celle d’un auteur. Lectrice, Sabine Bourgois l’est toujours – on ne cesse jamais d’être l’enfant de ses parents –, maintenant, elle est aussi écrivain. Et en littérature, Françoise Lefèvre s’est vue remplir, sans le vouloir – je dirais volontiers « par la seule force de la nature » – une place nouvelle : c’est sa mère. C’est une bonne nouvelle, cela mérite un faire-part ; et cette fois, à coup sûr, vous en êtes le destinataire.
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Une autre que moi | 8 | Feint | 30 mai 2006 @ 11:19 |