Hommes sans mère de Hubert Mingarelli

Hommes sans mère de Hubert Mingarelli

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Tistou, le 15 octobre 2004 (Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 981ème position).
Visites : 6 455  (depuis Novembre 2007)

Des hommes, la mer

"Un jour brûlant, les quartiers-maîtres de seconde classe Homer et Olmann marchaient entre des champs de pommes de terre. La route montait, ils étaient silencieux tous les deux, et leur bateau mouillait dans la baie très loin en dessous d'eux."
Ca commence ainsi. Homer et Ollmann seront les 2 protagonistes autour desquels tout tournera. Tournera comme souvent chez MINGARELLI sur une période courte, la nuit qui s'approche en l'occurrence. 2 marins, mais ils sont à terre, 2 hommes, mais ... sans mère? Introspection encore et toujours. Chaque acte est détaillé, passé au microscope de l'analyse. Le style est dépouillé. Plutôt percutant qu'anesthésiant. Aussi bien qu'il soit court le livre, on ne le lâche plus une fois entamé! Et on est pourtant bien loin du polar. Non, on est dans une soirée à terre de 2 marins, qui ne sont même pas sûrs d'être amis? Qui ne sont même pas sûrs de trouver l'endroit qu'ils cherchent? Non, qui ne sont sûrs de rien. Comme dans la vie quoi! Pour ceux qui fréquentent déja MINGARELLI, je situerais plutôt Hommes sans mères dans la veine Quatre Soldats. Pour ceux qui ne connaissent pas encore, c'est une bonne occasion!
A venir, dans quelques jours, une interview de l'auteur avec qui j'ai eu le bonheur de passer 2 heures hier.

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Leçon d'humanité et d'humilité ...

10 étoiles

Critique de BMR & MAM (Paris, Inscrit le 27 avril 2007, 64 ans) - 6 octobre 2007

Voilà une bien belle histoire et d'une bien belle écriture.
L'histoire est celle d'Hommes sans mère et la plume d'Hubert Mingarelli.
Difficile de résumer ce roman où, en 24 heures et 160 pages, il ne se passe finalement pas grand chose : deux marins en virée à terre, fuyant la promiscuité de leurs camarades en bordée, se mettent en quête d'une maison de filles ...
Sont-ils amis ou simples camarades, eux-mêmes ne le savent pas trop, mais on les accompagne bien volontiers, et on fera avec eux la rencontre de quelques personnages bien vivants.
L'art de Mingarelli touche à la simplicité, presque au dépouillement : simplicité de l'histoire on l'a dit, simplicité de l'écriture, simplicité des hommes et de leurs sentiments à peine évoqués mais si fortement exprimés.

[...] ... Et puis, tu sais, il y a toujours un peu de lumière dans le poste, là où on dort, il fait jamais nuit, on y voit toujours un peu, et quand il sortait le bras de sa couchette je voyais sa main, et c'est drôle mais quand tu vois tout le temps la main de quelqu'un d'aussi près, tu finis par avoir des sentiments pour lui, ou quelque chose qui ressemble à ça tu vois.

Les dialogues, toujours très beaux, trahissent le même besoin :

[...] -Tes jambes sont très jolies.
- Merci.
- Je les aime beaucoup.
- Je sais.
- Comment peux-tu le savoir ?
- Tu les as beaucoup regardées tout à l'heure.
- Tu m'as vu les regarder ?
- Oui, mais ça ne m'a pas gênée.
Homer dit avec sincérité :
- Mais je t'écoutais aussi.
- Ça aussi je l'ai vu. C'est gentil.

Une écriture aussi limpide, aussi transparente, ne cache donc rien de la profonde humanité des personnages. C'est un peu de la vie qu'il nous est donné à lire. Tourt simplement.

Et l'homme prit la mer...

8 étoiles

Critique de Clarabel (, Inscrite le 25 février 2004, 48 ans) - 26 octobre 2005

Deux hommes débarquent dans un pays sans nom pour une permission, après des mois passés en mer, affrontant tempête et cohue, cohabitation, manque de sommeil, etc... Homer et Olmann ont décidé de ne pas suivre le reste de l'équipage et d'aller plus au centre du pays, au coeur de la vallée, vers une maison où ils pourront tranquillement boire, manger, se prélasser et prendre du bon temps avec des filles. Homer sera séduit par Maria, par sa fraîcheur et sa gentillesse, même si elle pose beaucoup de questions.

C'est le cinquième livre que je lis d'Hubert Mingarelli et je suis toujours éblouie par le style, la brillance, le ton impeccable, qui n'use aucun mot en trop. Cette fausse légèreté cache bien évidemment des sentiments forts, tordus et complexes entre deux hommes, comme souvent dans les romans de Mingarelli. Là se faufile un personnage féminin, Maria. A la fin, je lui attribue une aura de mystère face au retournement de situation : intriguante ou innocente... Les femmes finalement n'ont pas leur place chez cet auteur !

Mais qu'importe ? Hubert Mingarelli ne s'embarrasse pas de détails, de descriptions. L'homme s'attache à la mer (dure et cruelle), aux hommes (virils et solitaires) et également à la beauté d'une vallée, isolée, seulement troublée par une rivière limpide et ronronnante. Autre force : les dialogues, concis et efficaces. Ils tracent le cadre, les personnages, le manque d'action mais affinent les contours et percent les façades.

Du titre, "Hommes sans mères", finalement on se sent libre de l'interpréter et de jouer sur le sens "mer" / "mère". Cela revient au même, et les hommes n'en sont pas moins désemparés, écorchés mais noués à elle ! Tout ça pour un roman très classique, très net, impeccable !

Sans mère, sans femme…

9 étoiles

Critique de Voni (Moselle, Inscrite le 1 septembre 2005, 64 ans) - 16 octobre 2005

Pour avoir aussi rencontré l’auteur en mai 2005, j’avais pour l’occasion lu presque l’ensemble de son œuvre, et je reconnais également être devenue depuis une inconditionnelle d’Hubert Mingarelli.
Après “Quatre soldats” qui a été primé par le prix Médicis 2003 et pour lequel il est donc inutile d’ajouter quelques commentaires, “Hommes sans mère” serait un de mes préférés, s’il devait y en avoir.
Le style “Mingarellien”, comme le dit Tistou, y est magnifié encore une fois. Tout est simple : l’histoire, les personnages, les paroles, les chapitres, les phrases… Mais derrière cette extrême simplicité se cache toujours une intensité tacite de sentiments.
Comme l’auteur lui-même, ses livres, tout en pudeur et en calme apparence, révèlent une profondeur humaine très humble et pure.
Ici, encore, c'est une histoire d'hommes sans mère, sans femme comme dans l'ensemble de ses livres.

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