Une heure de ferveur de Muriel Barbery

Une heure de ferveur de Muriel Barbery

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Veneziano, le 25 septembre 2022 (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 993ème position).
Visites : 3 017 

Les cycles et permanences d'une vie

Vieillissant et malade, un marchand d'art vivant en France se remémore sa vie. L'amour y a toujours tenu une place importante et est resté très sensible ; il est demeuré attiré par les mêmes choses, l'attirance pour les formes, la beauté, notamment des fleurs et des. montagnes. Ses centres d'intérêts l'ont mené à sa carrière professionnelle et à son partage entre deux pays. Aussi l'auteure renoue-t-elle partiellement avec le cadre de l'Elégance du hérisson, avec une rencontre entre les mondes français et japonais.

Ce livre qui dresse le bilan d'une existence s'avère sensible, fin et bien pensé. Il fait réfléchir à de belles et importantes questions, par une expression simple et relativement épurée. Il fait prendre des distances sur des choses graves et émouvantes tour à tour. Il mérite donc d'être médité, alors qu'il peut être lu (assez) rapidement.

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La voie du Renard

7 étoiles

Critique de Abigaild (, Inscrite le 12 avril 2025, 47 ans) - 12 avril 2025

Le roman s’ouvre puis se referme sur la mort de son personnage principal, Haru Ueno.
Parvenu à l’instant ultime, Haru dresse le constat des trois fils qui ont tissé son existence ; il y eut d’abord l’Art pour cet esthète qui n’aura de cesse de rechercher la perfection de la forme. Il y eut l’amitié. Et enfin le nom d’une fleur, Rose.
L’autre protagoniste de ce roman n’est nul autre que le Japon. Ses paysages. Le chapelet de ses temples, sanctuaires de la vie de Haru Ueno, homme des montagnes, révélé à lui-même par le spectacle de la neige recouvrant les pierres d’un torrent.
C’est une géographie liquide, celle de la rivière qui borde la ville de Kyoto, celle de la rivière à l’orée de la maison de son enfance, qui dessine la configuration des lieux, une frontière mouvante entre tangible et irréel.
Ainsi, le roman s’élabore, nait sous la protection tutélaire d’un conte, narré par Haru à différentes reprises.
Celui du renardeau devenu le complice d’une belle dame prisonnière de la cour.
Apparition autant que réalité, la figure du renard, esprit et passeur, traverse le gué d’une rivière, dans une invitation à le suivre, accompagne Haru vers l’autre côté. Celui de la permanence contre l’impermanence.

Ce qui se révèle saisissant en ces lieux, c’est le pourvoir exercé par la contemplation des temples et de leurs jardins, le sentiment de néant autant que d’éternité, celui d’une connexion enfin réalisée avec un paysage saisi dans la délicatesse et l’éphémère des flocons de neige.
Cette conviction d’être soudain dans une rencontre avec sa vérité intérieure, d’être adopté par un lieu représente le dénominateur commun à tous les personnages qui traversent autant l’ouvrage que la vie d’Haru.

Enfin, le roman de Muriel Barbery raconte et questionne l’existence du lien de filiation. Son élaboration. Son tissage. Haru apprend qu’il est père dans le même temps que tout contact avec sa fille lui est interdit. Haru, père destiné à demeurer un inconnu pour sa fille, accepte cette condition. Il se change en un père de loin, habité d’un amour poignant et impossible. Pourtant, en une construction circulaire, sa vie se resserre, se concentre, se dépouille à l’épreuve des deuils et de la maladie. Haru aspire à sauver de sa part d’ombre l’esprit tourmenté de sa fille. Sous la guidance de la voie du renard, il traverse la rive.
Au terme de sa propre vie, il se rend à paris. Il y rencontre celle qui ignore qui il est, il opte pour l’anonymat, fait le choix de ne rien révéler, fidèle à sa parole. Mais il tente de déverser en elle, en un moment de superbe abnégation, cette part d’esprit qui lui manque.

Le roman de Muriel Barbery, émaillé de grâce, travaillé comme une calligraphie, se referme dans la douceur et le regret.

rose ma rose

10 étoiles

Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 14 mars 2023

Haru Ueno, ce père mystérieux que Rose Arden n’avait jamais connu, est au centre de ce roman, dont "Une rose seule", paru précédemment, constitue en fait la suite logique. On suit pas à pas la carrière de ce personnage, passionné par l’art mais également marchand habile en affaires, grand amateur de saké et de femmes, en particulier occidentales. Le contraste entre raffinement et vulgarité est saisissant, résumant sans doute l’âme du Japon, vue par l’auteure. Haru a conservé un attachement particulier pour cette française, qu’il a aimée et désirée dans sa prime jeunesse, et qui lui a refusé tout contact avec la fille issue de leur brève liaison. Sans enfreindre ce refus (à une exception près, c’est la surprise du roman), il va engager un détective privé pour suivre pas à pas en France le destin de cette Rose dont il finira par faire son unique héritière. L’histoire est singulière, comme Muriel Barbery nous y a habitués depuis ses premiers romans, et l’écriture empreinte de cette sensibilité toute japonaise dont elle s’est imprégnée au cours de ses deux années passées au pays du soleil levant. L’enchantement est total, dans ce Kyoto aux multiples splendeurs où l’on passe de temple en temple au fil de ses promenades…

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