18.3: Une année à la PJ de Pauline Guéna
Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités
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Flic Story
Récit d'une immersion d'une année à la PJ de Paris par une romancière scénariste. Ce livre de 520 pages n'est jamais ennuyeux.
On suit le quotidien de ces flics épuisés, la succession de cadavres, de braquages, de trafics de stups. Le manque de moyens humains, matériels et financiers est criant. Et puis, le Parquet n'aide pas, il ne rappelle même pas la plupart du temps. La nouvelle Juge a 135 dossiers à traiter.
Les flics sont tous devenus cyniques, sinon on ne tient pas. Les heures sups jamais payées, même plus déclarées. 48H sans dormir, parfois 72H. 'Tu dormiras quand tu seras mort' dit le chef. Une voiture pour 3 équipes, les autres sont au garage, en réparation depuis des mois. La photocopieuse est en panne, comme d'habitude, on doit monter au 3ème pour la moindre photocopie. Les ordinateurs buguent sans arrêt, les imprimantes débloquent, mais l'unique informaticien est absent.
Et puis 'les clients'. La ronde interminable des mêmes minables, qui finissent tous par se ressembler. 'C'est pas moi, j'étais pas là'. Tous irresponsables, tous lâches, tous menteurs. Une majorité écrasante d'Arabes, de Noirs et de Manouches. Encore et encore. 'A part ça, on contrôle au faciès', ça ne les fait même plus sourire.
Et la guerre des Polices, vieille comme la Police et pas près de cesser. Au contraire, les fusions décidées par les politiques, à marche forcée, n'ont fait que pourrir encore davantage les rivalités. Entre services, on ne s'aime pas, on ne s'aide pas. Et au sein d'un même service, grosses rivalités entre mecs, entre coqs épuisés. Quelques femmes, plutôt épargnées par ces rivalités, habituées aux blagues sexistes pas vraiment méchantes. Les mecs les aiment bien au fond, c'est des dures ces filles là, les fragiles partent très vite.
Peu de solidarité entre flics, sauf pendant les interventions. Bon nombre d'entre eux ne font même pas un pot de départ en quittant le service ou la Police. Plus jamais de nouvelles. On s'y fait, on se garde bien de s'attacher. Reste l'adrénaline des interventions, un bon shoot dans les veines. Ca fait peu au final, sur la balance.
Et puis les affaires marquantes, chaque flic a la sienne. Celle qui vous réveille encore la nuit, jeune fille brûlée vive une nuit, à deux pas de chez elle. Jamais trouvé le coupable, on a bossé pourtant. On finit par classer le dossier. Mais un goût amer reste au fond de la gorge, il ne vous quitte plus. On boit pour oublier, on divorce, on fait du sport pour se laver la tête. On arrête de fumer et on reprend. Aux stups, on ne fume pas que du tabac, ça sent fort devant leur porte.
Les flics écopent la merde de la société, enfin juste celle qui déborde, à mains nues pour ainsi dire. Sale boulot. Pas de reconnaissance. Les médias hostiles. Les politiques hors sol qui prennent des décisions aberrantes, contre productives, inapplicables. Faut obéir. Trois options : Quitter la Police, essayer de monter en grade pour s'éloigner de la fosse septique tout en bas, se suicider.
C'est la blague du type qui saute du 20ème étage. A chaque étage qui défile sous ses yeux, il pense : Jusqu'ici tout va bien, jusqu'ici tout va bien…
Les éditions
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18.3 [Texte imprimé], une année à la PJ Pauline Guéna
de Guéna, Pauline
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782072936746 ; 8,90 € ; 14/10/2021 ; 496 p. ; Poche
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