Le destin obtempéré de Serge Werrebrouck

Le destin obtempéré de Serge Werrebrouck

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Débézed, le 4 juillet 2022 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans)
La note : 8 étoiles
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Des aphorismes bien tempérés (dire de l'éditeur)

Pour bien comprendre toute l’émotion qui se dégage de ce recueil et de son auteur, il faut lire attentivement la préface de Michèle Valet et les propos de l’éditeur. Serge Werrebrouck a abandonné son emploi d’instituteur pour devenir surveillant d’internat afin de pouvoir consacré plus de temps à la littérature à laquelle il vouait une véritable passion. Il était extrêmement cultivé, il pratiquait six ou sept langues, selon son éditeur, il aimait la musique, Bach en particulier. Il est décédé en 1996, beaucoup trop tôt, sans n’avoir jamais rien publié bien qu’il ait beaucoup écrit. Peut-être qu’il s’en fichait un peu… ? Heureusement, son ami Armand Jaspard, dépositaire de son œuvre dactylographiée, a patiemment recopié ses textes afin de les rendre acceptables par un éventuel éditeur. Il a eu la belle idée de s’adresser au Cactus
inébranlable, le désormais grand spécialiste des formes courtes et notamment de la publication des recueils d’aphorismes. Jean-Philippe Querton a vite flairé le bon coup, le recueil à ne pas rater, il l’a publié.

Ce recueil, je l’ai lu un peu différemment de tous les autres que j’ai déjà lus car il est très dense et même un peu touffu. On imagine bien l’auteur, féru de la langue et de tous les usages qu’on peut en tirer, observant avec attention le monde qui gravite autour de lui pour le décrire, le narguer, le railler, le sublimer, … , selon son humeur. On sent bien dans ses aphorismes, sa passion pour les mots qu’il combine avec une grande application et une grande attention pour les détourner de leur sens premier, pour en proposer une autre acception, pour leur donner un contenu qu’ils n’ont, a priori, pas. Serge est un jongleur, il fait voltiger les mots et les expressions pour leur faire dire tout ce que sa grande imagination peut leur faire évoquer avec dérision, pertinence ou impertinence, humour ou désolation devant la bêtise humaine.

Afin de vous donner un avant-goût de ce recueil, j’ai laissé mon plaisir de lecteur choisir quelques aphorismes parmi tous ceux qui m’ont ravi :

« On connait ses proches à leurs reproches ».
« La franchise consiste dans l’exonération de droits ».
« Loin du pieu, loin du cœur ».
« Ne prêtez pas à autrui les défauts qui ne vous appartiennent pas ».
« Si Jésus avait été marchand de nougat, il y aurait moins de crétins ».
« Prenez le temps d’en perdre ».

On aurait aimé être à la place de Michèle Vilet et écrire chaque jour pendant des années, une lettre à Serge pour recevoir, en retour, ses impressions. Cette chronique sera ma lettre à sa mémoire, une forme d’hommage à son talent.

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