«Si ce que tu as à dire n’est pas plus beau que le silence, alors tais-toi». (*)

Au début de l’histoire, nous faisons la connaissance du personnage principal dont nous ne connaîtrons jamais le nom. Ce monsieur sort de chez lui, en costume-cravate, pour aller participer à une très importante réunion à son bureau. C’est là que, un peu distrait par sa situation maritale, - il vient de se séparer d’un commun accord avec son épouse, Astrée -, il s’aperçoit qu’il est en charentaises…

Malheureusement pour lui, il a oublié les clefs de son appartement à l’intérieur, et ne peut plus rien changer… Si, dans un premier temps, il pense aller s’acheter une nouvelle paire de chaussure, devant l’urgence de la situation, il décide… d’assumer! Il se rend donc à la réunion en pantoufles. Si au début il fait tout ce qu’il peut pour cacher son «malheur», il s’aperçoit très vite qu’au contraire cela stimule sa créativité et augmente sa confiance.
La preuve? Alors que son collègue Jean-Bernard l’invite à disputer une partie de tennis, notre héros s’y rend bien sûr en pantoufles! Et alors que d’habitude celui-ci lui met toujours de véritables corrections, il est complètement déstabilisé par le nouveau style de jeu de notre personnage, - qui se concentre plus sur ses déplacements et son jeu -, et perd la partie à plate couture!

Notre anti-héros décide de passer quelques jours à l’hôtel, et de garder ses pantoufles! Si au début cela déroute ses interlocuteurs de le voir chaussé ainsi, il s’aperçoit que cela change le regard que les personnes posent sur lui.
A l’insu de son plein gré, notre personnage va sans le vouloir lancer une nouvelle mode…

Luc-Michel FOUASSIER (*1968), nous offre dans ce court roman (un peu plus de cent pages) et qui se lit d’une traite en quelques heures, une histoire très originale, une sorte de conte moderne, une fable sympathique, un récit philosophique, non dénué d’humour d’ailleurs… Le tout en abordant les problèmes d’apparence, d’estime de soi, de vie et de solitude dans une grande agglomération urbaine (ici Paris…), de futilité et d’apparences de la vie sociale, de la place de l’art, des habitudes, des convenances, de conformisme, de la place dans sa vie, de la famille, des amis, des collègues de travail, etc etc…

C’est un livre «Feel Good», très récréatif, mais dont l’histoire est très étudiée et très bien développée. Et surtout - cerise sur le gâteau - une très belle écriture et un très beau style. Cela transparaît à toutes les lignes, mais il est évident que M. FOUASSIER sait écrire, je dirais même très bien écrire et a beaucoup de vocabulaire. Tant mieux pour nous, ses lecteurs, d’ailleurs!
Rien à dire de plus, et si je ne mets pas cinq étoiles à ce livre, c’est à cause de la fin du livre un peu trop brusque et un peu trop abrupte à mon goût. Je comprends que l’auteur a voulu «faire court», mais désolé, je n’aime pas quand dans un livre, on commence des histoires et on ne les finit pas… Ainsi p. ex. j’aurais aimé savoir ce qui arrive à Astrée et pourquoi elle n’est pas venue aux rendez-vous prévus avec son mari? Qu’est-ce qu'Anna a pensé au moment où finalement il renonce à ses pantoufles? Comment finit l’histoire de son emploi? Et celle de la «Confrérie des farfelus»? Etc etc…

Toutefois, je finis sur une impression très positive et j’ai passé un excellent moment de lecture avec ce livre qui est une pure merveille, si vous-mêmes en voulez un, vous savez ce qu’il vous reste à faire…

(*) : Proverbe Arabe.

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  Les pantoufles [Texte imprimé]

  de Fouassier, Luc-Michel
  Gallimard / Folio
  ISBN : 9782072945120 ; 6,50 € ; 10/03/2022 ; 128 p. ; Poche

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