Le gosse de Véronique Olmi
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Vrai et bouleversant
« Le gosse »
roman de Véronique OLMI
éditions Albin Michel
294 pages
février 2022
Vrai et bouleversant
Joseph est né en 1919, son père, gueule cassée de la grande guerre, est mort sans avoir connu son fils.
Joseph va vivre sa petite enfance avec sa mère ouvrière du textile et sa grand-mère qui perd doucement la tête.
La vie est dure mais ils sont heureux jusqu'au jour où sa mère décède à la suite d'un avortement pratiqué par une " faiseuse d'ange ».
Joseph va essayer de s'occuper de sa grand-mère et de se débrouiller, tout seul.... A sept ans c'est difficile et des voisins vont dénoncer ce petit titi parisien aux autorités.
Il est placé dans une famille d'accueil et sa grand-mère va se retrouver dans un hospice pour vieux.
C'est là que commence une « aventure » dramatique qui va le conduire dans une prison pour enfants puis au bagne à Mettray, lieu sinistre dit « centre de rééducation » !
Pourquoi ce petit garçon se trouve là, soumis à de la maltraitance, et plus encore ?
A-t-il volé ?
Non, il a simplement décidé un jour de quitter ses « parents » nourriciers.
Joseph va grandir tout doucement, difficilement , dans la souffrance.
La découverte de la musique va t-elle lui permettre de surnager avec ce « cornet »à piston qu'il sait manier avec dextérité.
C'est avec cet instrument qu'il va travailler , sous les ordres de ceux qu'on appelle des surveillants mais qui sont de véritables matons.
Joseph va t-il sortir de cet enfer où il côtoie le pire, l'indicible et où il noue une amitié très forte et même plus avec un de ses « coreligionnaires » ?
Comme l'écrit juste avant le Front Populaire le journaliste Alexis Dayan :
Dans ces lieux « d'éducation » faits non seulement pour les jeunes délinquants mais aussi pour des pauvres orphelins comme Joseph : « Tous les surveillants ont à leur actif des souffrances, des agonies sans nom. A cause d'eux, des enfants se sont enduits les yeux de chaux vive, ont absorbé du cresyl... » Beaucoup d'enfants ont succombé.
Le Front Populaire va permettre, entre autres, que des enquêtes soient faites, que des mesures soient prises.
En 1937, les derniers enfants quittent Mettray
1940 marque la fin des bagnes pour enfants mais il faudra attendre la Libération pour que de vraies réformes soient envisagées et mises en œuvre.
Ce livre à l'écriture intense est bouleversant.
Jean-François Chalot
Les éditions
-
Le gosse [Texte imprimé]
de Olmi, Véronique
Albin Michel
ISBN : 9782226448040 ; 20,90 EUR ; 01/01/2022 ; 1 vol. (304 p.) p.
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Les critiques éclairs (4)
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Un roman éprouvant sur une réalité méconnue
Critique de Kian996 (, Inscrit le 30 juin 2012, 28 ans) - 11 août 2023
On assistera aussi à sa liaison avec un autre enfant de l'assistance Aimé qu'il aime et respecte profondément mais à qui il aura du mal à exprimer son attachement et ce qu'il pense réellement. Il est traumatisé aussi.
La deuxième partie du livre parle aussi de son adolescence, de l'évolution de Joseph.
Un homme passionné de musique décide de le sauver, de le faire sortir de ce centre, ayant écouté Joseph jouer de la musique. Joseph jouera dans Paris, découvrira la solitude aussi, reverra Augustin l'amant de sa mère au début du livre.
Joseph vivra une autre vie mais toujours avec ce lourd passé à porter en lui qui le marquera. On arrive dans les années du Front Populaire en France juste avant la seconde guerre mondiale où Léon Blum donne un vent d'espoir aux travailleurs.
Cette atmosphère est bien dépeinte dans le roman.
Globalement je dirais que c'est un bon livre qu'il faut lire pour connaître une réalité terrible et scandaleuse que l'on ne soupçonne pas forcément. Le personnage principal est attachant.
Le style est riche et fluide et une fois dedans on a du mal à le lâcher.
Pauvres gosses
Critique de Elph (Creney près Troyes, Inscrit le 28 janvier 2022, 76 ans) - 15 août 2022
Dur, dur !
Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans) - 14 mai 2022
Ça commence gentiment, tendrement par l’histoire d’un enfant, un titi de Paris, pas riche, non, mais aimé par sa mère, une femme joyeuse, plumassière. Le père de Joseph est mort après la première guerre de la grippe espagnole. Sa mère et lui vivent avec la grand-mère qui déraille un peu ; normal quand on a vu mourir ses fils et son mari. Hélas, cette douce maman se fait avorter et en meurt. Joseph reste avec sa grand-mère et ils se débrouillent tant bien que mal jusqu’à ce que cela devienne ingérable. La grand-mère est placée et Joseph emmené. Cet enfant de huit ans se retrouve en prison, puis dans une famille à la ferme où il doit travailler. Plus question d’école pour cet élève studieux et intelligent. Sa situation dégénère et il est envoyé dans une colonie pénitentiaire totalement inhumaine. Il subit les pires traitements : la faim, le froid, le silence, les coups, le viol, l’isolement, la violence...
Le lecteur assiste impuissant au travail de la violence sur l’enfant sans défense. C’est douloureux à lire ! Tant d’injustice et de mal ! Et il apprend à la fin que ces établissements de « redressement » n’ont été fermés qu’en 1937. Quelle barbarie !
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Critique de Homo.Libris (Paris, Inscrit le 17 avril 2011, 58 ans) - 21 avril 2022
Il n'est pas facile pour un adulte d'entrer dans les pensées d'un enfant de sept ans*, encore moins pour une adulte bourgeoise et littéraire de 2020 dans celui d'un garçon des Faubourgs de 1926. La gageure était difficile, et le résultat mitigé.
Pourtant ce livre a des qualités, notamment et surtout le simple fait d'évoquer ces "colonies agricoles et pénitentiaires" telle Mettray. Le roman est bien construit ; le développement, linéaire, de cette courte tranche de vie est plutôt bien imaginé ; beaucoup de tact dans les relations entre les garçons ; une écriture fluide et plaisante à lire, mais formatée pour émouvoir dans les chaumières. Cela manque de force, de puissance, de rage même, l'écriture (trop féminine ?) de l'auteur emporte souvent le roman vers le mélodrame.
A contrario, beaucoup de maladresses verbales, beaucoup de psittacismes actuels, et utilisation d'un argot mal assimilé.
Bref bonne volonté et bon sentiments, parfait pour un (bon) coup d'édition, mais cela ne suffit pas pour produire un chef d'œuvre, ce que le sujet appelait pourtant ! Dommage.
On est loin de la puissance narrative des grands naturalistes qui savaient se dégager complètement de l'affect du sujet. N'est pas Zola ou Hugo qui veut. Et on est loin de l'univers de Jean Genet, pensionnaire de Mettray !
Pour les lecteurs intéressés par la thématique : "Miracle de la rose" roman (difficile) de Jean Genêt, "La colonie agricole et pénitentiaire de Mettray" témoignage de Raoul Léger, ou encore le roman plus récent de Jean-Hugues Lime "La chasse aux enfants", plus abordable d'un point de vue littéraire.
* Beaucoup à redire également sur le développement physique des garçons (du poil sur la poitrine, du sperme … à dix ans ?!)
PS : je suis peut-être un peu sévère avec ce roman, mais j'attendais tellement plus qu'un "best-seller" d'un tel thème,... Quoiqu'il en soit, "Le gosse" reste un bon moment de lecture et survole largement la production moyenne actuelle. Donc, un livre à lire, pour tous.
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