La peau froide de Albert Sánchez Piñol
( La pell freda)
Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone
Moyenne des notes : (basée sur 10 avis)
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"Pas un gramme de graisse, que du muscle, de la peau de requin."
En arrivant dans cette ile perdue de l’Atlantique Sud, le nouveau climatologue ne se doute pas des combats titanesques qu'il va devoir mener.
Un passage préféré : "Dans la partie inférieure de la porte, il y avait une sorte de chatière. Un trou circulaire sur lequel reposait une petite trappe mobile. le bras entrait par là. Un bras entier, nu , très long. Avec des mouvements d'épileptique, il cherchait quelque chose à l'intérieur. Peut-être la poignée de porte. ce n'était pas un bras humain. Bien que la lampe et le feu ne me donnaient pas une très forte lumière, au coude, on pouvait voir trois os, très petits et plus pointus que les nôtres. Pas un gramme de graisse, que du muscle, de la peau de requin. Mais le pire de tout était la main. Les doigts étaient reliés par une membrane qui parvenaient aux ongles."
Les éditions
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La peau froide [Texte imprimé], roman Albert Sánchez Piñol trad. du catalan par Marianne Millon
de Sánchez Piñol, Albert Millon, Marianne (Traducteur)
Actes Sud / Lettres hispaniques (Arles)
ISBN : 9782742751631 ; 17,85 € ; 24/09/2004 ; 256 p. ; Broché -
La peau froide [Texte imprimé], roman Albert Sánchez Piñol traduit du catalan par Marianne Millon
de Sánchez Piñol, Albert Millon, Marianne (Traducteur)
Actes Sud / Babel (Arles)
ISBN : 9782742765188 ; 7,70 € ; 25/01/2007 ; 259 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (9)
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Magnifique
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 14 juillet 2017
Mais de loin, de très loin même, la peau froide arrive en tête de la catégorie.
Outre le fait que Albert Sanchez Pinol possède une plume qui ne tremble pas, il est parvenu ici à faire de ce qui pourrait être un banal thriller-fiction une oeuvre splendide, bien ficelée et surtout riche d'enseignements.
« On ne discute pas avec les mirages, dit l'auteur, on les évite.
N'évitez surtout pas ce roman... une merveille.
Captivant!
Critique de Poet75 (Paris, Inscrit le 13 janvier 2006, 68 ans) - 1 octobre 2015
Un cauchemar violent, glauque et glacé
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 16 juin 2013
La peur de l'autre serait pire qu'autrui lui-même : cela constitue une morale, une thèse intéressantes.
Mais que ne faut-il pas avaler pour y arriver. Ce n'est pas dénué d'intérêt, mais quel glauque ! quel cauchemar à la violence allant crescendo pendant ces 250 pages ! La lectrice et le lecteur sont quelque peu mis dans le rôle de la voyeuse et du voyeur, se demandant quand tout cela peut d'arrêter, à quel degré s'arrête l'horreur. Aussi la fin de ce roman s'arrête-t-elle en queue de poisson, de manière décevante, pas entièrement rassurante, mais pas de la manière la pire, comme on pourrait s'y attendre.
Il y a un intérêt, mais comme cette lecture est désagréable. Je suis navré d'avoir à apporter une note dissonante dans ce concert de louanges.
fantastique
Critique de Kabuto (Craponne, Inscrit le 10 août 2010, 64 ans) - 9 octobre 2010
Une histoire fantastique dans tous les sens du terme.
I love you, Albert !
Critique de Rouchka1344 (, Inscrite le 31 août 2009, 34 ans) - 11 septembre 2010
Un auteur qui à travers des histoires rocambolesques et invraisemblables analyse et critique l'Homme, ses forces et ses faiblesses. Il critique l'incompréhension, l'aveuglement dont font preuve les hommes à l'égard de leurs semblables.
On ne peut que se remémorer alors la découverte des Amériques et de leurs occupants ou bien la controverse de Valladolid : Est ce que ces sauvages sont comme nous?
Pinol, un auteur humaniste qui nous confronte face à nous-même, face à nos exigences, face à nos erreurs et à nos faiblesses.
Finalement, ses histoires ne sont rien. Elles sont une façade qui cachent une histoire plus importante: celle de l'Homme.
Ses romans ne parlent pas de peuples sauvages et inconnus. Non, ses romans parlent de nous.
Un premier roman plus fouillé et moins romanesque que le second "Pandore au Congo", mais d'une qualité rare.
sacrée découverte !
Critique de Madame Charlotte (Argelès sur mer, Inscrite le 30 octobre 2008, 48 ans) - 28 novembre 2008
Ceci est un cri d’extase. Cela devrait suffire à donner une idée de l’effet que m’a fait ce livre mais je vais tout de même m’exprimer de manière civilisée.
De prime abord, le sujet m’emballait grave sa race. Et une fois le livre entamé, je fus happée par l’ambiance et le cadre angoissant de cette île perdue au milieu de nulle part. Le personnage du narrateur débarque innocemment sur l’île, prêt à y vivre une année entière, avec des raisons de fuir la civilisation qui lui sont propres et qu’il évoque juste assez pour se faire une idée, et point trop pour ne pas digresser. Donc, le narrateur s’aperçoit vite que tout ne tourne pas rond sur l’île. Son seul voisin, une espèce de brute aux allures de psychopathe, ne va pas s’empresser de faire sa connaissance malgré l’hostilité environnementale qu’ils partagent dorénavant. Le narrateur, à peine installé dans sa maison de climatologue, va devoir subir les attaques cauchemardesques de monstres aquatiques digne d’un délire lovecraftien. Confronté à la dure réalité de l’île, son unique objectif sera de survivre aux assauts répétés et hargneux des bestioles en attendant le retour du bateau supposé le récupérer l’année suivante. Par la force des choses et après un certain nombre d’événements, le narrateur et la brute vont finir par s’allier.
Réfugiés dans le phare, seul abri face à l’invasion meurtrière venue du fond des océans, les deux hommes, que pas mal de choses opposent, vont devoir cohabiter et lutter pour leur survie. Leur entente ne sera possible que dans une alliance contre les monstres, une alliance pour survivre. Batís Caffó, homme mystérieux un brin primaire mais néanmoins favorisé par son expérience face aux monstres, a tout ou presque du néandertalien. La description physique que nous en fait le narrateur le rapproche de la bête, ainsi que sa psychologie rigide. Le narrateur, plus subtil dans ses raisonnements et réflexions, évoluera de manière différente face aux bestioles.
Ce qui suit peut contenir de bons gros spoilers alors attention !
Tout d’abord vus dans un contexte de peur et d’ignorance, les monstres sont considérés comme des monstres sanguinaires et cannibales. Le point de vue est celui du narrateur, très vite assailli et menacé, mais c’est aussi celui de Batís Caffó, qui lui a déjà vécu cet état de siège depuis plusieurs mois. Ancrés dans la conviction que ces êtres ne sont que des animaux nuisibles, les deux hommes vont donc lutter pour leur survie en massacrant ces monstres, sans état d’âme ni remords. L’élément perturbateur, comme toujours sera une femelle. La “mascotte”, comme l’appelle le narrateur, spécimen femelle des monstres, joue le rôle de la bonniche et d’esclave sexuelle que Batís Caffó utilise sans scrupule apparent. Soumise et de toute évidence assez éloignée de l’Homme, la mascotte va peu à peu semer le doute et la réflexion dans l’esprit du narrateur. Ce dernier va progressivement voir les monstres d’un autre œil. La mascotte, à laquelle il va finir par donner un nom, Aneris, vaguement entendu lors de ses chants et dialogues à distance avec les monstres, va se montrer plus humaine sur bien des points. L’apparition et la présence fréquente d’enfants, inoffensifs et joueurs, va finir de convaincre le narrateur de l’Humanité des bestioles. Dès lors le récit bascule, et les deux hommes, que tout opposait déjà mais que leur lutte commune maintenait relativement unis, vont s’opposer de plus en plus violemment. Batís Caffó, toujours aussi obtus, refusera de voir une once d’humanité chez ses assaillants, même si on devine qu’au fond de lui il a toujours connu leur vraie nature. Le narrateur, dont le cheminement intellectuel mène à la réalité, ne réussira pas à faire admettre cette réalité à Caffó, qui préfère se convaincre de l’animalité des monstres, car reconnaître le contraire serait admettre qu’il a tué des hommes, des égaux, et ferait donc de lui un assassin, ce qu’il refusera jusqu’à sa fin tragique.
Fin des spoilers potentiels vous pouvez poursuivre !
Récit d’aventures et d’horreur, ce huis-clos est aussi une réflexion sur l’Autre, sur l’étranger. Les réactions des deux héros ne diffèrent pas des envahisseurs coloniaux qui ont parsemé l’Histoire et anéanti ou asservi bon nombre de civilisations et de cultures dont l’Humanité n’était pas reconnue par leurs envahisseurs blancs et soit-disant civilisés. La réaction première étant de réfuter une quelconque Humanité, on attaque, on détruit, on s’approprie et dans le meilleur des cas (ou le pire !) on évangélise. Dans toutes les situations, on s’impose, par la violence de préférence, pour montrer qui est le maître, on évite le dialogue (les animaux ne dialoguent pas, voyons !).
Dans La peau froide, les envahisseurs ne sont que deux, et ne se voient pas comme tels. Ils débarquent assez innocemment sur l’île déserte, pour accomplir un travail, pour fuir la civilisation, pour des tas de raisons. Leur terreur face à une nouveauté qu’ils ignoraient et n’auraient pu concevoir les pousse à une violence défensive certes, mais ne se posent pas la question du pourquoi. Le narrateur mettra lui-même beaucoup de temps à évoquer le fait que ces monstres se sentent sans doute envahis et agressés dans leur domaine et les comparera aux soldats coincés sur des champs de batailles qui luttent pour leur vie. Les survivants agglutinés sur les victimes avant de les emporter au fond de l’océan sont tout d’abord vus comme des cannibales se nourrissant de leur morts, puis comme des soldats emportant leurs blessés.
Tout étant une question de point de vue, de préjugés et d’ouverture à l’autre, ou pas.
En outre, le style est juste délicieux, raffiné mais pas trop, les mots sont justes et coulent tous seuls.
Inutile de préciser que je compte fermement lire les prochains livres de cet auteur, pour commencer Pandore au Congo, que l’on dit encore meilleur !
Phare away
Critique de Jean Meurtrier (Tilff, Inscrit le 19 janvier 2005, 49 ans) - 19 janvier 2007
L’auteur décrit magnifiquement l’évolution psychologique des deux habitants de l’île avec leurs tempéraments si différents. Il nous amène imperceptiblement à saisir l’effet déshumanisant que peut provoquer une grosse année de vie dans de telles conditions. J’ai moi-même ressenti ces élans de cruauté vis-à-vis des « faces de crapaud » ou de la mascotte, si trompeusement humaine et pourtant tellement stupide.
Par contre, je n’ai pas toujours été d’accord avec les grandes réflexions sociologiques du narrateur et de son tuteur. Mais rien ne dit qu’il s’agisse de l’opinion de l’auteur, qui doit en connaître un bout en tant qu’anthropologue.
Difficile d’en dire plus sur ce livre qui se vit plus qu’il ne se raconte.
Pas si froid
Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 20 décembre 2005
Un étrange roman, dans tous les sens du terme, dégageant le malaise de la promiscuité et l'angoisse des espaces vides. Cette mise en commun de deux hommes n'ayant rien à faire ensemble et pourtant unis dans le mensonge et la lutte pour la vie laisse le lecteur dérouté, par le contexte dans lequel sont plongés ces deux hommes, surtout, par la manière dont il s'en dépêtrent aussi.
Mais la construction est habile et la psychologie intriguante et passionnante.
Avis de grand froid.
Critique de Eireann 32 (Lorient, Inscrit le 7 novembre 2004, 77 ans) - 10 novembre 2005
Une île perdue, vraiment perdue de l’Atlantique Sud, un homme doit y vivre un an pour des relevés météorologiques, son prédécesseur semble avoir disparu.
Le narrateur-héros et Batis, un autre humain, doivent vaincre une cohorte de «Créatures», mi-humain, mi-poisson. Toutes les nuits les attaques se succèdent. Leur relation sera faite de haut et de bas, de respect et de haine. L’un espère parlementer, l’autre ne voit que l’extermination des monstres. La présence de la «Mascotte», sorte de sirène, n’est pas pour calmer les esprits. Est-ce le début de la démence ? Un livre étrange, bien écrit et passionnant, qui mérite que l’on s’y intéresse.
Au sujet de la description de la «Mascotte» -aucun développement particulier de la zone pariétale ou occipitale. Il a un volume légèrement inférieur à celui des femmes slaves et il est moins dilaté d’un sixième que celui de la chèvre bretonne !
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