Chien de printemps de Patrick Modiano

Chien de printemps de Patrick Modiano

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Sibylline, le 21 septembre 2004 (Normandie, Inscrite le 31 mai 2004, 74 ans)
La note : 5 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (40 430ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 6 778  (depuis Novembre 2007)

Le charme discret de la bourgeoisie

Et bien, voilà un livre extrêmement bien écrit et qui ne m’a pas plu. Alors, qu’est-ce que je mets comme étoiles ? La moitié.
Et j’essaie de comprendre.
Je lis par-ci par-là que Modiano récris toujours le même livre. Bien ma veine, si celui-ci ne m’a déjà pas intéressée.
Le style est parfait. Ce n’est pas par hasard que Patrick Modiano collectionne les prix littéraires.
L’histoire, c’est celle d’une recherche. L’auteur, qui parle à la première personne, rassemble ses souvenirs au sujet d’un homme qu’il a connu quelques trente ans plus tôt, un photographe, du nom de Francis Jansen. Ce Jansen est un personnage étrange et bien fuyant… Déjà, quand il était proche, on ne parvenait pas à le saisir, alors maintenant qu’il a disparu… Ce photographe était l’émule de Robert Capa, fondateur de l’agence Magnum, personnage réel donc, si bien que je n’ai jamais réussi à savoir avec certitude si le « je » de ce récit était le vrai P. Modiano et si Jansen avait réellement existé. Mais c’est secondaire ou voulu, peut-être. Cela entretien le doute et l’incertitude qui ne tarde pas à se glisser partout, jusqu’à faire douter de sa propre identité, alors, celle des personnages… Car c’est cela l’idée et la thèse de Modiano, qu’il est très difficile d’avoir une idée exacte de l’identité des gens et peut-être même de la sienne propre. Jusque là, je peux suivre.
Ce qui m’a gênée se situe ailleurs. Une impression de « beau monde » dont je ne peux pas croire que je fais partie. Jansen a rencontré l’auteur (par hasard) et ils se sont liés (parce qu’ils étaient du même monde). Un monde aisé, qui connaît des personnes plus ou moins en vue, un monde qui se fréquente et qui se trouve en fait d’une ampleur assez limitée. D’ailleurs, le narrateur et le photographe ne tardent pas à s’apercevoir qu’ils ont des amis communs. J’ai trouvé tout cela « très 16ème » (non, pas le siècle), et ce monde là n’est pas le mien. Non seulement il n’est pas le mien, mais il ne m’intéresse pas beaucoup. Ses problèmes me touchent peu. C’est vrai que la quête d’identité est un problème qui dépasse toutes les frontières de classe sociale, mais peut-être pas la façon de l’aborder.
C’était mon premier Modiano. Je lis sur ce site les autres critiques des livres de cet auteur, qui se trouvent avoir été faites par des lecteurs pour qui j’ai de l’estime et je me demande, si je ne suis pas mal tombée, si un autre de ses romans ne m’aurait pas davantage plu. C’est le hasard qui m’a mis celui-là entre les mains. Est-ce que je n’aurais pas beaucoup mieux aimé « Rue des boutiques obscures » ? Il me semble que si. Donc, je déconseille « Chien de printemps » pour une découverte de Modiano, sans doute n’est-ce pas son meilleur ouvrage. Mais je vais vérifier, grâce aux critiques déjà faites.

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Les éditions

  • Chien de printemps [Texte imprimé], roman Patrick Modiano
    de Modiano, Patrick
    Seuil / Points (Paris).
    ISBN : 9782020252607 ; 6,00 € ; 01/01/1997 ; 120 p. ; Broché
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D'Apostrophe au Nobel

6 étoiles

Critique de Hiram33 (Bicêtre, Inscrit le 31 juillet 2006, 55 ans) - 9 octobre 2014

Comme souvent avec Modiano, on ne sait ce qui est autobiographique et ce qui est imaginé. Qui aurait imaginé que l'écrivain introverti et inaudible chez Pivot recevrait le prix Nobel ?

Chien de printemps (Modiano)



Le narrateur avait connu Francis Jansen quand il avait 19 ans. C’était au printemps 1964 dans un café à Denfert-Rochereau. Le narrateur était avec une amie et Jansen avait sorti un Rolleiflex d’un sac. Il les photographia dans le café et dans la rue. Une revue états-unienne l’avait chargé d’illustrer un reportage sur la jeunesse à Paris. A la sortie du café, il dit : chien de printemps. Le narrateur et son amie raccompagnèrent Jansen dans son atelier près de la rue Froideveaux. Jansen avait de l’appréhension à se retrouver seul. L’atelier n’était meublé que d’un canapé gris et de deux fauteuils. Sur les murs il y avait la photo d’une certaine Colette Laurent et la photo de Jansen avec un autre homme assis dans une baignoire éventrée parmi des ruines. Jansen expliqua que c’était lui avec son ami Robert Capa, à Berlin, en août 1945. Il y avait trois valises dans la pièce, ce qui suggérait un départ imminent. Il faut croire que parfois notre mémoire connaît un processus analogue à celui des photos Polaroïd. Pendant près de trente ans, le narrateur n’avait guère pensé à Jansen. Puis il avait retrouvé la photo que Jansen avait prise de lui avec son amie. Il ne savait pas ce qu’il était devenu. Jansen ne figurait dans aucune collection sur les photographes célèbres. Jansen était né en 1920 à Anvers. Il avait à peine connu son père. Sa mère et lui avaient la nationalité italienne. Après quelques années d’études à Bruxelles, il quitta la Belgique pour Paris en 1938. Il travailla comme assistant de plusieurs photographes. Il suivit l’exode des réfugiés espagnols vers la frontière française avec Capa en 1939. Il suivit le Tour de France 1939 avec Capa. Il passa les deux premières années de l’Occupation à Paris. Il travailla pour le service photographique du magazine italien Tempo. Il fut interné comme Juif au camp de Drancy. Mais il fut libéré par le consulat italien. Puis il se réfugia en Haute-Savoie et il y attendit la fin de la guerre. De retour à Paris, il y retrouva Capa et l’accompagna à Berlin. Il travailla pour l’agence Magnum. Après la mort de Capa et de Colette Laurent, il se replia sur lui-même. Il partit pour le Mexique en juin 1964 et ne donna plus signe de vie. Il savait garder le silence dans on art et dans sas vie. Jansen avait demandé au narrateur ce qu’il voulait faire dans la vie, celui-ci répondit : écrire. Jansen comptait sur le narrateur pour créer le silence avec des mots. De tous les caractères d’imprimerie, Jansen préférait les points de suspension. Les trois valises contenaient les 25 ans de photographie de Jansen. Jansen avait publié un livre de photos, « Neige et soleil » en 1946 pour les Editions de la Colombière. Le narrateur voulut classer les photos. Jansen ne comprit pas pourquoi mais accepta. Jansen ne supportait plus de voir ses photos. Chacune d’elles était un remords. Derrière chacune des photos, il avait écrit une légende très détaillée qui indiquait la date à laquelle cette photo avait été prise, le lieu, le nom de celui ou celle qui y figurait et certains commentaires. Une certaine Nicole appela plusieurs fois. Le narrateur devait répondre que Jansen n’était pas là. Quelquefois, on sonnait à la porte. Jansen avait prié au narrateur de ne jamais ouvrir, car les « gens » risquaient d’entrer et de l’attendre dans l’atelier. Le « dernier carré » - comme il le disait lui-même – venait le relancer. Il y avait Nicole et aussi les Meyendorff, Jacques Besse et Eugène Deckers. La mort de Robert Capa et celle de Colette Laurent à quelque temps d’intervalle avaient produit une cassure dans la vie de Jansen. Le narrateur avait rencontré Colette Laurent dans son enfance. Elle lui avait demandé s’il travaillait bien en classe. Colette était morte dans des circonstances troubles au cours d’un voyage à l’étranger. Les parents du narrateur louaient, l’été, un minuscule bungallow à Deauville. Colette y était venue. Elle avait emmené le narrateur à la plage. Puis elle l’avait emmené à l’hôtel Royal pour qu’il demande s’il y avait une lettre pour elle. Il y en avait bien une. Le narrateur avait acheté deux cahiers rouges pour lui et pour Jansen afin de répertorier les photos. Le narrateur se demandait si les trois valises n’avaient pas disparu avec Jansen. Jansen lui suggéra de faire une répertoire général où seraient mentionnés par ordre alphabétique les noms et les lieux qui figuraient sur les photos. Le narrateur s’exécuta. Un grand nombre des photos étaient des photos de Paris ou des portraits. Il n’y avait aucun goût pour le pittoresque mais tout simplement le regard de Jansen avec l’expression triste et attentive. Jansen avait servi de conseiller technique bénévole à certains jeunes metteurs en scène du début des années 60. Il avait laissé quelques notes sur la lumière naturelle. Quand Jansen n’avait plus un sou, Capa lui avait trouvé un travail très facile et très bien rémunéré. Il s’agissait d’aller chez une Etats-unienne, quai de Passy, avec tout le matériel nécessaire aux photos de studio. L’Etats-unienne voulait plusieurs portraits d’un certain « Michel L. », dans le style des photographes de Hollywood. Le narrateur avait cru revoir cet homme jouer aux boules 40 ans plus tard. Le narrateur regrettait aujourd’hui de n’avoir pas pris quelques photos dans les valises. Il regrettait aussi de ne pas lui avoir parlé de Colette Laurent. Le narrateur n’avait gardé qu’une photo de Jansen, celle de Colette Laurent. Jansen appelait le narrateur, le scribe. Il lui téléphonait pour être sûr que personne ne l’attendait chez lui pour pouvoir rentrer tranquille. Au début, à cause de ce que que lui en disant Jansen, le narrateur considérait Nicole comme un danger. Un jour, le narrateur ouvrit à Nicole et lui dit qu’il était un ami de Francis Jansen. Il lui expliqua ce qu’il faisait avec les photos. Elle lui demanda d’intervenir pour elle et demander à Jansen de lui accorder une dernière entrevue. Elle le connaissait depuis six mois. Elle devait avoir 25 ans. Elle voulut savoir comment il avait connu Jansen. Il l’encouragea à l’attendre. Jansen avait photographié Nicole. La veille Jansen avait invité le narrateur dans un restaurant et lui avait offert son Rolleiflex car il arrêtait la photo. Nicole lui avoua qu’elle vivait avec un homme jaloux. Elle ne voulait pas qu’il la découvre chez Jansen. Il l’avait vue avec Jansen dans un restaurant et l’avait giflée. C’était un mime. Le narrateur l’avait croisé une fois et il cherchait sa femme. Il ressemblait vaguement à Gérard Philippe. Son nom de scène était le mime Gil et il exécutait un numéro sur des poèmes de Jules Laforgue lue par Nicole sur une bande. Nicole n’avait plus d’estime pour lui. Le narrateur la raccompagna chez elle. Elle lui donna son numéro pour qu’il l’appelle en cachette quand Jansen serait revenu. Ils se baladèrent dans Paris pour retarder ce que Nicole appelait « la rentrée en prison ». Quand elle rentra chez elle, elle savait que son mari la tabasserait. Puis après s’être fait frapper et violer par son mari, Nicole sortit avec lui et passa devant le narrateur comme si elle ne le connaissait pas. Mais au bout de la rue elle se retourna et lui adressa un léger signe de la main. Un après-midi de mai, le narrateur parla de Nicole avec Jansen. Jansen la trouvait très gentille mais il avait l’âge d’être son père. Quand ils sortirent, le mime Gil les attendait. Il gifla le narrateur. Alors Jansen entraîna le narrateur. Mais Gil les suivit ce qui rappela à Jansen le policier qui l’avait filé avant la rafle. Il les rattrapa puis haussa les épaules et s’éloigna. Jansen prit la décision de quitter Paris.



Jansen avait réuni quelques amis chez lui avant son départ. Ils étaient quatre, assis à une distance très grande les uns des autres. Jansen avait dressé un buffet qui contribuait au caractère insolite de cette soirée. Il y avait les Meyendorff. L’homme avait demandé au narrateur ce qu’il comptait faire dans la vie. Il avait été médecin mais n’exerçait plus. La femme avait un léger accent états-unien. Il y avait Jacques Besse et Eugène Deckers. Jacques Besse avait été un musicien talentueux dans sa jeunesse. Eugène Deckers consacrait ses loisirs à la peinture et avait aménagé un immense grenier dans l’île Saint-Louis. Il jouait pour gagner sa vie les seconds rôles dans des films anglais de série B car il était bilingue. Les convives burent un verre dehors, devant l’atelier. Le malaise du début de la soirée se dissipait. Jansen demanda au narrateur s’il était content. Il lui dit que la vie commençait pour lui. Jansen raconta au narrateur que Mme de Meyendorff était une adepte des sciences occultes et du spiritisme. Le docteur de Meyendorff occupait ses loisirs à l’étude de la Grèce ancienne et avait écrit un petit ouvrage consacré au mythe d’Orphée. Jansen avait participé à des séances de spiritisme avec Mme de Meyendorff. Jansen avait connu les Meyendorff avant la guerre. Mais ils avaient dû partir en 1940 car Mme de Meyendorff était états-unienne. Ils avaient laissé leur appartement à Jansen ainsi que leur maison de campagne où il avait passé les deux premières années de l’Occupation. Le narrateur aurait pu interroger les Meyendorff s’il avait voulu écrire un livre sur Jansen.

Il y avait une quinzaine d’années, le narrateur feuilleta le cahier rouge et découvrit la carte de visite du docteur de Meyendorff. Il composa le numéro mais celui-ci n’était plus attribué. Il alla à son adresse mais la concierge ne connaissait personne de ce nom-là. Il y avait une autre adresse à Fossombrone. Il y alla mais la maison avait l’air abandonnée. Alors il se renseigna auprès de la voisine qui lui dit que la maison n’était plus habitée depuis longtemps. Les propriétaires étaient en Amérique. La femme lui indiqua un trou dans la grille pour entrer dans la maison des Meyendorff. C’était bien là que la photo de Colette Laurent et des Meyendorff avait été prise par Jansen. Le narrateur ne revint jamais à Fossombrone. En 1974, il avait croisé Jacques Besse à Paris. Mais celui-ci ne l’avait pas reconnu et l’avait évité. Il avait vu Eugène Deckers dans la série « Le Saint ». Perdu dans ses souvenirs, un soir où le narrateur se promenait, il se prit pour Jansen. La veille du jour où Jansen avait quitté Paris, le narrateur était venu à l’atelier pour ranger les photos dans les valises. Jansen le félicita pour son travail. Ils déjeunèrent au restaurant et Jansen photographia l’hôtel de la rue Boissonade. c’était là qu’il avait vécu à son arrivée à Paris. Puis ils allèrent au café de la Paix, boulevard des Italiens. Le narrateur y allait avec son père quand il était enfant et se pesait sur la balance alors il recommença ce rituel. Il eut un malaise alors Jansen lui offrit un verre de lait. Ils allèrent dans les jardin des Champs-Elysées. Jansen prit des photos. Ils allèrent avenue Matignon, Faubourg Saint Antoine et burent un verre dans le café voisin de l’agence Magnum. Jansen y allait autrefois avec Capa. C’était dans ce café qu’il avait connu Colette. Jansen prit une photo du narrateur. Le narrateur raccompagna Jansen qui lui posa des questions sur son avenir. Ils s’assirent sur un banc avenue du Maine et un chien vint les renifler. Il les suivit jusqu’à la rue Froidevaux. Le chien entra dans l’atelier. Jansen serra la main du narrateur et lui dit : merci pour tout. Le lendemain, Jansen avait disparu. Il avait laissé une pellicule. Le narrateur fit développer les photos. C’étaient les photos que Jansen avait faites lors de leur dernière promenade. Jansen n’avait rien laissé chez lui. Le chien était peut-être le sien. Le narrateur ne lui en voulait pas et le comprenait. Il ne pouvait présager de l’avenir, mais d’ici une trentaine d’années, quand il aurait atteint l’âge de Jansen, il ne répondrait plus au téléphone et disparaîtrait, comme lui, un soir de juin, en compagnie d’un chien fantôme.



Trois ans plus tard, le narrateur pensa beaucoup à Jansen. Un éditeur venait d’accepter de publier son premier livre. Il était sorti d’une période d’incertitude et aurait voulu que Jansen soit à côté de lui pour partager son soulagement. Il n’avait pas réussi à créer le silence avec des mots et Jansen aurait sans doute trouvé son premier livre trop bavard. Il feuilleta « Neige et soleil ». Jansen y communiquait le silence. Jansen avait photographié Paris. Il était à la recherche d’une innocence perdue et de décors faits pour le bonheur et l’insouciance, mais où, désormais, on ne pouvait plus être heureux. Il pensait qu’un photographe n’est rien, qu’il doit se fondre dans le décor et devenir invisible pour mieux travailler et capter -comme il disait – la lumière naturelle. Le narrateur se promenait rue Royer-Collard. Il y avait une librairie où Jansen avait rencontré le peintre Wols. C’était Wols qui lui avait appris à photographier ses chaussures. Le narrateur s’assit au jardin du Luxembourg et écouta deux femmes discuter. Sa tension se relâchait. Il n’était plus rien. A la fermeture des grilles, il ne resterait de lui que l’imperméable qu’il portait, roulé en boule, sur un banc. Les derniers jours avant sa disparition Jansen semblait à la fois plus absent et plus préoccupé que d’habitude. L’hôtel où il dormait était à une centaine de mètres de celui où il habitait à son arrivée à Paris et que, pour franchir cette courte distance, il lui avait fallu près de trente ans. Jansen avait dit au narrateur qu’il s’était rendu aux consulats de Belgique et d’Italie pour obtenir un extrait d’acte de naissance pour son départ. On lui avait transmis l’état civil d’un autre Francis Jansen qui était mort en déportation en juin 1944. Il pensait qu’un frère, un double était mort à sa place à une date et dans un lieu inconnus et son ombre finissait par se confondre avec lui.


Un art pour conserver la mémoire

8 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 30 novembre 2013

La photographie permet de conserver son passé par bribes, chaque cliché permet de recoller les morceaux, de se rappeler des détails de la vie, qui viennent redonner de l'âme aux grandes étapes de son existence. C'est ce que Patrick Modiano a compris grâce à celui qui l'a initié à cet art, qu'il tient à remercier.
Et c'est ici, quelque peu, en miroir de sa fameuse méthode traditionnelle, basée sur l'amnésie qu'il intervient. Il nous livre ainsi à la fois des instants de vie, un parcours initiatique, une manière tant de créer sur le coup que de se souvenir bien au-delà, comme une conception de la création et la manière de concevoir, ou non, la photographie comme un art.
Rien d'éblouissant ne s'échapperait de cette quasi-nouvelle autobiographique, selon les vénérables collègues qui m'ont précédé ici ; pourtant, ce petit ouvrage est sensible, non dénué d'intérêts, à plusieurs titres. Il est donc, à mon sens, à conseiller.

Enquête

6 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 17 juin 2006

Petite variation dans le Modus Operandi Modianesque. Il ne s’agit pas d’une amnésie et d’une recherche de son identité propre mais de la recherche de l’identité, du monde passé, d’un autre afin, peut être, de mieux retrouver son identité. Un peu tordu dit ainsi, peut être ?
Grand classique par contre Modianesque : Paris. Ses rues. L’ambiance de quartiers bien définis. Et une volonté obsessionnelle, clinique, de préciser des adresses, des noms. Là où un Djian parvient à ne même pas citer le pays où se déroule son roman ( Assassins, par exemple), Modiano a ce qui tourne à une manie, de collectionneur ?, de préciser ; la rue, le numéro, l’étage.
Grand classique également ces ambiances floues dans lesquelles il fait évoluer ses personnages. A la marge de la vérité, que jamais on ne peut saisir dans sa globalité (une constante Modianesque), dans l’ambivalence. S’il s’agissait d’une lumière, ce serait du « surexposé ».
Tiens, autre grand classique Modianesque : les photos. Qu’on imagine bien en noir et blanc, aux bords crénelées. Et qui nourrissent abondamment imagination et fièvre de la recherche des personnages Modianesque.
Donc plutôt classique finalement ? Normal, c’est un Modiano.
Et c’est toujours aussi bien écrit.

La quête de soi

6 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 18 janvier 2005

C'est vrai que beaucoup de personnages de Modiano cherchent leur identité et c'est aussi bien souvent au travers de l'identité de quelqu'un d'autre. De là à dire qu'il écrit toujours le même livre il y a de la marge... Il écrit très bien, c'est un fait établi. Mais, en effet, je conseillerais davantage "Un cirque est passé", "Accident nocturne", "Une jeunesse" ou "Dora Bruder" pour un premier contact avec cet auteur.

"Chien de printemps" n'est certainement pas celui qui m'a marqué le plus, à part la qualité de l'écriture comme le souligne très bien Sibylline

La magie opère toujours

8 étoiles

Critique de Palorel (, Inscrit le 25 décembre 2004, 44 ans) - 17 janvier 2005

Modiano a beau toujours écrire le même livre, creuser inlassablement le même sillon, on ne s'en lasse pas. Sa fameuse "musique", dont la critique a tant parlé, ne cesse de nous charmer. En ce qui concerne le côté 16e, je ne suis pas tout à fait d'accord avec Sibylline (ça se passe surtout dans le 14e!). C'est même plutôt le côté lugubre de l'endroit qui ressort: Rue Froidevaux, près du cimetière du Montparnasse et de la Place Denfert Rochereau (les noms sont très explicites!).

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  Modiano 9 Tophiv 30 novembre 2013 @ 18:12

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