Écotopia de Ernest Callenbach

Écotopia de Ernest Callenbach
(Ecotopia)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique

Critiqué par Septularisen, le 26 février 2022 (Luxembourg, Inscrit le 7 août 2004, 56 ans)
La note : 4 étoiles
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ÉCOTOPIA OU UTOPIA?

Dans un futur proche, trois États de la côte Ouest des États-Unis - la Californie, l’Oregon et l’État de Washington - ont fait sécession. Leur but étant de créer, dans un isolement total, un État respectueux de la nature, à l’écologie radicale et poussée à l’extrême, sans aucune pollution, baptisé Écotopia.

Vingt ans plus tard, un journaliste de New-York travaillant pour le Time-Post, William Wenston, est le premier citoyen américain autorisé à se rendre en Écotopia, pour y écrire une série de reportages et son témoignage, sur l’évolution du pays et le mode de vie original de ses citoyens.

Si au début William se montre sceptique, voire cynique, envers cette société nouvelle, il prend très vite fait et cause pour les Écotopiens…

Tout d’abord, un grand bravo à M. Ernest CALLENBACH (1929 – 2012), pour sa clairvoyance. Parler de recyclage, de mesures d’économie de l’énergie et d’eau, d’engrais naturels, de compostage, de pistes cyclables, de véhicules électriques, transport en commun gratuits, vêtements recyclés et uniquement en fibres naturelles, maisons en bois, méthanisation, etc etc… Le tout en… 1975!
Excusez du peu! Il faut le faire! L’écologie n’en étant encore qu’à ses balbutiements à l’époque, et la plupart des politiciens qui en font aujourd’hui leur « fonds de commerce» étaient à peine nés (certains feraient d’ailleurs bien de lire ce livre!..). L’auteur aborde même les thèmes surpopulation, la décroissance, le revenu universel et le partage du travail, - et oui, les Écotopiens ne travaillent que 20 heures par semaine -, thèmes très à la mode aujourd’hui!

Bien entendu, le livre n’est plus aujourd’hui aussi révolutionnaire qu’à l’époque de sa parution. Je dirais même qu’il a très mal vieilli, surtout au regard de certaines pratiques dont il nous parle. Le tri sélectif p. ex. est aujourd’hui passé dans nos mœurs et plus personne ne s’étonne de le faire, quant aux visioconférences… Le fait aussi que le livre, bien que censé se passer dans le futur est, disons, très «ancré» dans son époque, avec les thèmes qui faisaient l’actualité à... l’époque! Ainsi p. ex. les habitants d’Écotopia nous sont plus décrits comme des «hippies illuminés» que des citoyens responsables. Écotopia prône un retour à la nature et une vie en harmonie avec elle, mais toutes les drogues et autres substances capables de créer des «paradis artificiels» sont en libre circulation…
Il y a aussi des contradictions internes dans le livre, qui m’ont paru très étranges, P. ex. On prône la vie en communauté, mais les populations afro-américaines vivent dans des véritables ghettos? L’égalité des sexes est de mise, mais l’amour libre est de règle dans une société hypersexualisée? L’infirmière vous propose même ses services sexuels pour soi-disant vous aider à guérir? La prostitution, le jeu et l'usage de la drogue ne sont plus punis, mais les tribunaux infligent très rarement des amendes leur préférant les peines de prison, dans des prisons qui ressemblent à des camps de travaux forcés? Il n’y a plus aucun sport collectif de balle, mais les Écotopiens (les hommes uniquement d’ailleurs…) se livrent à de véritables «batailles rangées», - abondamment arrosées de boisson psychotropes ,- pour libérer leur trop plein d’agressivité, à grands coups de lances, où il y a même parfois des morts? Etc, etc… Pas très crédible tout cela!

Que dire de plus? Le livre se présente comme une alternance de chapitres entre les articles de fond écrits par le héros du livre pour son journal (il aborde le thème de l’enseignement, de l’éducation, de la politique, des arts et de la culture, de la famille, des transports…), et ce que l’on peut nommer son «carnet de bord intime» où il relate les évènements privés journaliers de son séjour, dont une tumultueuse histoire d’amour avec une Écotopienne, très libérée sexuellement!...

Malheureusement, ce procédé montre très vite ses limites. C’est très linéaire, et très répétitif. Le livre tourne donc très vite en rond (un article, un fait de vie, etc etc…), et malheureusement, si le fond est très intéressant, la forme, sans aucun style provoque très vite l’ennui du fait de la lourdeur de l’écriture. Et ne cherchez pas, il n’y a pas d’action, pas de rebondissements et on voit même la fin arriver de très loin! En effet, même si cela se lit vite, inutile ici de chercher un style d´écriture quelconque… C’est simple il n’y en a pas! Ou alors quand il y en a, c’est d’un plat, mais d’un plat…

Je finis donc avec un avis très mitigé! Déjà, je ne comprends d’ailleurs pas le classement de ce livre dans la catégorie «SF», c’est certes une dystopie, mais c’est plus un essai de vulgarisation pour faire passer ses idées qu’autre chose… D’ailleurs la partie qui m’a le plus intéressé sont les réflexions et autres solutions écologiques abordés, pour le reste…

Uniquement pour les passionnés d’écologie donc…

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Les éditions

  • Écotopia [Texte imprimé], notes personnelles et articles de William Weston Ernest Callenbach traduit de l'anglais (États-Unis) et préfacé par Brice Matthieussent
    de Callenbach, Ernest Matthieussent, Brice (Traducteur)
    Gallimard / Folio SF
    ISBN : 9782072872549 ; 9,40 € ; 07/01/2021 ; 336 p. ; Poche
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