Volkswagen Blues de Jacques Poulin

Volkswagen Blues de Jacques Poulin

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Fee carabine, le 20 septembre 2004 (Inscrite le 5 juin 2004, 50 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 9 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 142ème position).
Visites : 9 701  (depuis Novembre 2007)

Road movie au charme improbable

Par un matin ensoleillé du mois de mai, sur une route de la pointe de Gaspé, Jack arrête son minibus volskwagen pour embarquer une auto-stoppeuse aux jambes interminables et à la chevelure d'un noir de jais. Jack est écrivain et "pas très content de lui-même en tant qu'écrivain", il signe ses livres du nom de Jack Waterman, un pseudonyme suggéré par son frère Théo parce que "Waterman, c'est idéal pour un nom de plume". En ce beau jour de mai, Jack a pris la route pour tenter de retrouver son frère qu'il n'a plus vu depuis vingt ans. Et Psitémine, la fille aux jambes interminables et aux longs cheveux noirs, que ses amis surnomment la Grande Sauterelle, s'est mise en chemin, chargée de son énorme sac à dos et de son petit chat, pour se réconcilier avec elle-même, pour réconcilier les héritages qui lui viennent de son père, descendant des envahisseurs européens et de sa mère, indienne montagnaise.

La rencontre de Jack et de la Grande Sauterelle marque le début d'un road movie improbable qui nous entraîne tout d'abord de Gaspé à Québec, à la Terrasse Dufferin d'où la vue des promeneurs plonge sur le Saint-Laurent (dire que je m'y prélassais au soleil il y a seulement quelques jours... trop courtes vacances...). Et puis, le périple continue à travers la splendeur des paysages de l'Amérique du Nord, la route des Mille Îles, Toronto, Winsor et Detroit (la frontière avec les Etats-Unis... où les douaniers ne sont pas devenus plus aimables...), Chicago - le Lac Michigan et le Art Institute, vraiment un des plus beaux musées du monde, les eaux terreuses du Mississippi, les grandes prairies, la barrière de granit des Rocheuses et enfin San Francisco et son Golden Gate, "fait moitié en acier et moitié en rêve". Un long périple aussi à travers les petites et les grandes tragédies de l'Histoire: les ornières laissées par les chariots des émigrants le long de la piste de l'Orégon et les tombes qui en émaillent les abords, l'extermination des bisons et puis l'interminable litanie des massacres des populations indiennes par les colons européens - Sand Creek (1864), Washita (1868), Wounded Knee (1890)...

La route, les paysages, l'Histoire... Tout cela fait de "Volkswagen Blues" un véritable road movie, un film plutôt qu'un livre, mais un film où l'on croise aussi les ombres bienveillantes de Jack Kerouac, Ernest Hemingway, Saül Bellow et puis les yeux verts, brillants comme des lumières, de Gabrielle Roy, un film avec en fond sonore une petite musique qui chante les pouvoirs de la poésie et de l'imaginaire. Tout cela fait qu'il émane de ce livre un charme inexplicable. Un pur bonheur de lecture, à savourer comme une assiette de fraises à la crème et ses parfums d'été et d'enfance.

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Solitude mon amie

8 étoiles

Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 6 octobre 2012

Les références historiques ou littéraires sont abondantes dans ce livre, longue balade à travers les espaces et les espoirs, à la recherche de soi, de la compréhension de son rapport aux autres et du sens de la vie. L’ensemble est à la fois poétique et pragmatique. Les sentiments sont montrés à travers le corps qui souffre et a besoin de chaleur humaine mais aussi de paroles et de gestes de compassion. Il en ressort une sorte de complétude à la fin où les personnages ont progressé dans leur compréhension d’eux-même et ont accepté ce qu’il y ont trouvé.

Jack, c’est le protagoniste principal, un écrivain québécois qui vient de terminer un livre et qui, dans cette période de vacance désœuvrée, part sur la route à la recherche de son frère dont il n’a pas de nouvelles depuis de nombreuses années, ... mais aussi de lui-même, d’un sens à sa vie et à sa solitude. En chemin il rencontre une jeune femme, métisse indienne, mécanicienne de formation, qui se sent étrangère dans les deux communautés de ses parents et qui, à pied, trace sa route avec son chat. Elle décide de l’accompagner et se prend au jeu de piste, traversant le Canada, passant aux États-Unis et suivant le Mississippi jusqu’à la piste de l’Ouest, l’Oregon et la Californie. Ils traversent paysages contrastés et villes dans lesquelles ils visitent musées et bibliothèques.

IF-1012-3956

La piste de l'Oregon

6 étoiles

Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 56 ans) - 1 juillet 2012

On se glisse tout doucement dans cette très belle histoire faite de rencontres plus intéressantes les unes que les autres, à commencer par celle de Jack Waterman et Psitémine. Jack est en quête de son frère dont il n'a plus de nouvelles depuis de nombreuses années, quant à Psitémine, une métisse indienne, elle va où le vent l'emporte. Cette fois ci c'est avec Jack qu'elle décide de mettre les voiles. Tous les deux traversent, à bord du vieux Volkswagen, une partie du Canada pour ensuite plonger vers San Francisco en empruntant la piste de l'Oregon. Cette piste qui conserve encore les traces physiques du passage des pionniers est l'occasion pour nos deux personnages de (re)découvrir l'histoire de la conquête de l'Ouest, une aventure épique trop souvent marquée par la violence et le désespoir. Beaucoup de pionniers y laissèrent la vie, mais également les Indiens qui furent sans cesse chassés de leurs terres et exterminés avec rage.

Sur la route ils vont apprendre à se connaître, chacun livrant une partie de son histoire par petite touche pudique au gré des étapes. Durant ce périple on découvre les passions de nos deux personnages pour l'histoire de ce pays et la littérature.

Un très bon roman où tout est dit avec beaucoup de sensibilité, les mots sont des petites pierres fragiles qui forment un chemin sur lequel les personnages avancent prudemment mais cependant confiants dans les sentiments qu'ils éprouvent l'un pour l'autre. La relation de Jack et Psitémine est simple, amicale et parfois ils s'accordent quelques moment intimes. Tout cela est très bien décrit par l'auteur qui suggère plus qu'il ne dit.

Délicieux road novel en combi

8 étoiles

Critique de Zazy (, Inscrite le 29 juillet 2011, 75 ans) - 23 novembre 2011

Un miaulement de chat peut changer votre vie !!! Endormi dans son minibus Volkswagen, Jack Waterman romancier, est réveillé par les miaulements de ce chat et rencontre ainsi sa maîtresse « La Grande Sauterelle » qui fait du stop, pardon, elle fait du pouce. Nous en sommes en Gaspésie, province Canadienne.

Ils partent tous les 3 à la recherche du frère de Jack et vont parcourir l’Amérique en suivant un itinéraire très précis pour arriver à San Francisco Il faudrait dire tous les 4 car le combi Volkswagen est partie prenante de ce voyage et objet de tous leurs soins.

Chemin faisant, nous découvrons l’histoire des contrées traversées à travers les différents livres que Pitsémine « empruntent » aux bibliothèques (Elles les renvoient toujours par courrier à leurs propriétaires !) et des musées qu’ils visitent.

La grande sauterelle avait un rapport étrange avec les livres, un soir elle lui dit « il ne faut pas juger les livres un par un. Je veux dire : il ne faut pas les voir comme des choses indépendantes. Un livre n’est jamais complet en lui-même ; si on veut le comprendre, il faut le mettre en rapport avec d’autres livres, non seulement avec des livres du même auteur, mais aussi avec des livres écrits par d’autres personnes. »

Ils ne suivent pas l’itinéraire direct, mais choisissent celui emprunté jadis par les explorateurs, les « voyageurs » comme Jacques Cartier, Cavelier de la Salle pour les plus connus. Avec eux, nous suivrons le Mississippi, le combi peinera sur la piste de l’Oregon, nous grimperons au sommet de Windlass Hill nous recueillir sur les tombes des émigrants…..

J’ai beaucoup aimé cette traversée de l’Amérique…. Pleine de douceur, respect, un livre à laisser entre toutes les mains. J’ai apprécié que la relation entre l’homme et la grande sauterelle soit en pointillé. Je me sentais bien dans ce combi-Volkswagen. Entre le livre de Reif Larsen « L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet » et celui-ci, j’aurais traversé l’Amérique, visité 2 fois le Divide…..
Vraiment, un bon livre, il va entrer dans ma catégorie « Un livre à faire du bien »

Lu au collège

6 étoiles

Critique de Nance (, Inscrite le 4 octobre 2007, - ans) - 9 avril 2010

Récit initiatique d’un écrivain qui veut retrouver son frère à San Francisco et d’une jeune autostoppeuse métisse qui l’accompagnera avec son chat. Ils suivront en même temps le chemin des pionniers américains.

C’est un roman que j’ai « aimé », j’ai beaucoup accroché avec le personnage féminin, très vivant, mais moins avec le personnage principal, cependant c’est un livre que j’ai lu l’avant-dernière journée que je devais le lire pour l’école. J’ai encore un peu de rancoeur potacho-estudiantine par rapport à ce livre...

Mitigé...

5 étoiles

Critique de Math_h (Cahors, Inscrit le 11 août 2008, 37 ans) - 28 octobre 2009

Bon, je vais un peu noircir le tableau, je me suis personnellement un peu ennuyé en lisant ce livre. Je suis tombé dessus après avoir lu des livres de Guillaume Vigneault, en cherchant d'autres auteurs canadiens parlant de voyages.

Des longueurs, une certaine poésie que j'ai trouvé plus désuète que touchante, voire une certaine naïveté qui va selon moi avec l'inconsistance des personnages dont le côté fantasque m'a plutôt énervé qu'amusé.

Ce qui m'a déplu dans ce roman est apparemment ce qui a plu à certains, peut être n'était-ce juste pas un roman pour moi.

Il n'est pas non plus déplaisant...

Douillet et confortable

8 étoiles

Critique de Cuné (, Inscrite le 16 février 2004, 56 ans) - 10 juillet 2007

« Il avait une théorie concernant les doux. D’après lui, il fallait distinguer entre les faux doux et les vrais doux. Les faux doux étaient des gens faibles ou peureux ; ils avaient du mal à vivre et étaient incapables de se montrer agressifs. Les vrais doux étaient ceux qui avaient confiance en eux-mêmes ; ils ne se sentaient pas menacés et n’éprouvaient pas le besoin d’être agressifs. Il se rangeait dans la première catégorie ».
Et c’est vraiment le terme qui me vient en tête pour qualifier ce roman, il est doux. C’est l’histoire d’un écrivain, la quarantaine, qui décide de partir à la recherche de son frère, duquel il s’est pas mal désintéressé depuis de longues années. A partir d’une vieille carte postale intrigante, et accompagné d’une métisse libre et fantasque, « La grande sauterelle » (et de son chaton), croisée par hasard, il part de Gaspé (Québec), suit le Saint-Laurent et les Grands Lacs, le vieux Mississippi jusqu’au Saint Louis, la Piste de l’Oregon, jusqu’à San Francisco. Ni tout à fait jeu de piste, ni complètement road novel, ce roman nous convie juste à nous asseoir dans le Volks, et à partager. On écoute les histoires des premiers émigrants, on regarde le paysage, on apprend à changer des plaquettes de frein et on célèbre la vie, le temps qui passe et les petits Riens qui, on le sait bien, sont le grand Tout.

Voyage sur les pas des pionniers.

8 étoiles

Critique de Eireann 32 (Lorient, Inscrit le 7 novembre 2004, 76 ans) - 29 avril 2005

Long mais agréable voyage, ce livre est très bien défendu (mais pouvait-il en être autrement ?) par Fée carabine et Libris québécis (Je les salue au passage). J’ai aimé les rencontres avec Brassens et ses chansons, Saul Bellow pour la littérature, Kérouac et son Tokay. Caillebotte m’a ramené à Paris au siècle dernier. Certaines lignes m’ont ramené à des images personnelles que je vais essayer d’expliquer. L’auteur écrit «un panneau indique «le Comté de Merlin » et un texte dit -Sire Galahad, sa force valait celle de dix hommes, parce que son cœur était pur ». Pas d’accord, dans «Sacré Graal » des Monty Python» s’il reste pur ce n’est pas grâce à lui, loin s’en faut.
Quand la Grande Sauterelle parle de l’extermination des bisons, j’ai revu en pensée les chasseurs aux têtes de tarés de «Dead Man » le film de Jim Jarmush, qui tirent par les fenêtres ouvertes d’un train. J’ai aimé le clin d’œil de l’auteur, enfin je pense, de situer la découverte de la photo de son frère dans la librairie de Ferlinghetti, là où Kérouac commence son livre «Big Sur». Je me rends compte que cela n’engage que moi et que je me suis peut-être trompé sur toutes les lignes. Mais j’ai adoré. Une dernière remarque plus sérieuse, Poulin nous parle des massacres des indiens, un écrivain américain l’aurait-il fait ?

L'Ombre d'autrui

10 étoiles

Critique de Libris québécis (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans) - 7 octobre 2004

Volkswagon Blues est le chef-d'oeuvre de Jacques Poulin. Ce roman ressemble à On The Road de Jack Kerouac, un Québéco-américain, du fait qu'il s'agit dans les deux cas de la traversée de l'Amérique. La comparaison s'arrête là. Les voyages imaginés par Poulin ne remplissent pas un vide de l'existence. C'est une course vers autrui, c'est la compassion qui conduit le héros vers ceux qu'il aime ou voudrait aimer. Il est très attentif aux besoins de son entourage à qui il voudrait venir en aide. Ce ne sont pas les plaisirs hédonistes qui l'animent. Le héros est plutôt un homme austère et très sensible aux maux de l'âme de ceux ou de celles qu'il rencontre. Il se dégage de ses oeuvres un humanisme chaleureux qu'il exprime en sourdine. C'est emballé avec une écriture dépouillée afin de ne pas déranger la réflexion du lecteur. Pour la conclusion, lisez celle de Fee Carabine. Je suis heureux d'apprendre que dans l'Ontario anglophone, on s'intéresse à la littérature québécoise.

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