En l'absence des hommes de Philippe Besson

En l'absence des hommes de Philippe Besson

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Gavroche, le 18 septembre 2004 (Montpellier, Inscrit le 8 septembre 2003, 38 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 13 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 158ème position).
Visites : 7 415  (depuis Novembre 2007)

Le premier roman de Philippe Besson

Il est plutôt amusant de redécouvrir un livre que la critique a découvert comme "premier roman" alors que l'on sait le succès et la considération dont jouit aujourd'hui Philippe Besson, romancier confirmé plutôt que jeune auteur. C'était son premier roman et déjà il savait séduire comme il a pu le démontrer dans ses "succès successifs", Son frère, L'Arrière-saison...
C'est après avoir lu Paroles de poilus et Douze lettres au soldat inconnu que Philippe Besson se lance en 1999 dans l'écriture avec En l'absence des hommes. Nous sommes en 1916? Les hommes sont à la guerre.
Le narrateur se nomme Vincent de L'Etoile. Il a 16 ans et n'est donc pas mobilisé. Dans les salons parisiens où Vincent évolue, il fait la connaissance d'un grand auteur (qui n'a pas été mobilisé car il est asthmatique)
Le grand homme succombe vite à son charme et leurs rendez-vous se multiplient, instants hors du temps et à mille lieues des horreurs de la guerre. Et tant pis si les gens les observent et jasent. Arthur, un jeune soldat de 20 ans en permission meurtri par les jours terribles qu'il vit dans les tranchées au milieu des cadavres et des explosions, apparait à Vincent et lui demande : "prends-moi dans tes bras, pour que je sois autre chose que ce soldat crotté, cet anonyme des tranchées du nord de la France, cette ombre grise et sale". Et leur amour se fait à la fois sublime et terrible car il est menacé par la guerre et la fin de la permission d'Arthur. Tour à tour journal intime et roman épistolaire, En l'absence des hommes s'impose comme un roman maitrisé et très bien écrit. Philippe Besson sait raconter cette histoire d'amour avec beaucoup de pudeur et restitue le destin de tant de jeunes hommes plongés dans l'enfer des tranchées, qui combattaient la peur au ventre. Lui, Arthur, se sert de l'image de Vincent pour ne pas sombrer dans la folie. Leurs lettres et leur amour sont bouleversants tant il s'agit d'un amour pur, la tendresse seule leur permet de lutter contre l'horreur. Ce magnifique premier roman, qu'Edmonde Charles-Roux qualifia de "divine surprise" augurait de belles heures de lecture, ce que Philippe Besson confirma par la suite. En l'absence des hommes a reçu le prix Emmanuel-Roblès, décerné par l'académie Goncourt.

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Les éditions

  • En l'absence des hommes [Texte imprimé] Philippe Besson
    de Besson, Philippe
    Pocket / Presses pocket (Paris)
    ISBN : 9782266144322 ; 7,30 € ; 15/03/2004 ; 214 p. ; Broché
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Un double intérêt

8 étoiles

Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 12 mars 2019

Nous sommes en 1916. Vincent de l’Etoile, 16 ans, s’est épris de deux hommes : Marcel Proust, écrivain de 45 ans et Arthur Valès, 21 ans, soldat dans les tranchées de Verdun. Avec honnêteté, il mène de front ces deux relations en retrouvant ses amants, l’un de jour, l’autre de nuit quand Arthur est en permission. Et lorsque ces deux amants sont loin de Vincent, ce sont des lettres passionnées qui sont échangées.

Un roman d’une belle écriture à conseiller à :
1. Tous ceux intéressés par la vie dans les tranchées de 14-18.
2. Tous les parents déboussolés devant des ados à tendance homo.
C’est ce qui s’appelle un double intérêt. Chapeau à Philippe Besson !

Extrait :

(C’est la mère d’Arthur qui parle) : Arthur n’avait pas quinze ans quand j’ai compris qu’il était perdu pour l’amour des femmes et, plutôt que d’en être catastrophée, j’ai accepté cette découverte, je l’ai accueillie comme quelque chose contre quoi il ne servait à rien, sans doute, de tenter de lutter. Je n’ai pas réfléchi. Il n’y a pas eu non plus de bienveillance de ma part, pas de complaisance. Cela s’est passé, c’est tout. Nous n’en avons jamais parlé. Et chacun d’entre nous savait que l’autre savait. Cela n’a jamais été une difficulté, jamais un sujet de discussion non plus. Juste une certitude entre nous, paisible et silencieuse.

Un roman magnifique

10 étoiles

Critique de Flo29 (, Inscrite le 7 octobre 2009, 52 ans) - 14 septembre 2013

J'ai découvert Philippe Besson il y a bien longtemps avec Un Garçon d'Italie et L'Arrière-saison. Je découvre aujourd'hui avec beaucoup d'émotion celui-ci, qui à mes yeux est le plus réussi. Certes, on peut être dérangé par l'évocation de l'amour entre ces deux hommes. Mais à travers cette histoire, on mesure l'incroyable liberté de ce jeune garçon, indifférent à tous les jugements (et comme il a raison!). J'ai adoré sa liberté, j'ai adoré son émotion et son courage. J'ai aimé son amitié avec Proust. Ce roman m'a fait pleurer. C'est un pépite.

La présence dans l'absence

9 étoiles

Critique de Monito (, Inscrit le 22 juin 2004, 52 ans) - 15 juillet 2010

Très beau moment littéraire offert par Philippe Besson qui, en phrases courtes et ciselées, nous met en présence de Marcel Proust, Vincent de l’Etoile et Arthur Valès.

Des phrases courtes qui donnent force à la rencontre de Vincent avec Marcel, l’homme aux phrases tellement longues que l’on s’y perd. Et c’est assez de cela dont il s’agit.

Un jeune homme de seize ans, brun et beau, blasé dans une bourgeoisie étriquée trouve ou croit trouver son salut dans une certaine forme de rébellion, qui ne s’avère en fait que l’érection de la liberté en dogme absolu, (thème qui m’est cher) et qui le même jour, rencontre l’amitié avec Marcel son ainé de 30 ans et l’amour avec Arthur de retour de permission du front de Verdun en pleine grande guerre.

Puissance de la rencontre, puissance de l’interdit de cette histoire d’amour et d’amitié unissant trois hommes plus qu’on ne saurait l’imaginer en commençant ce très court ouvrage.

De très très belles phrases sur l’amour, l’amitié, la passion des corps, le fil du rasoir permanent sur lequel vacillent forcément toutes les relations passionnées.

Loin d’être un livre sur l’homosexualité, c’est une déclaration d’amour de 200 pages et c’est cela qui compte.

Un dénouement certes inattendu mais qui n’apporte guère à la force du tout sauf peut-être de séparer ces trois hommes finalement inséparables.

Petite pépite

8 étoiles

Critique de Aliénor (, Inscrite le 14 avril 2005, 56 ans) - 2 juin 2010

Vincent est né avec le vingtième siècle, et sa mère y a vu un heureux présage. Le fait est qu’en cet été 1916, son jeune âge le préserve des horreurs de la grande guerre. Un été qu’il vit éloigné du front, et qui pourrait presque être insouciant. Parce que Vincent est fort de sa jeunesse et de sa beauté, et que sa rencontre avec le grand Marcel Proust semble propice à lui faire oublier ce qui occupe tous les esprits. Tous deux viennent en effet de faire connaissance, et vont très vite nouer une relation d’amitié amoureuse.

Mais la guerre n’a pas l’intention de se faire oublier, et une autre rencontre va vite faire basculer Vincent de l’insouciance à la maturité. Le troisième homme de cet été 1916 est Arthur, jeune soldat de vingt-et-un ans qui rentre chez sa mère pour quelques jours de permission. Pour quelques jours de repos, avant de retourner au combat. Arthur est cassé, tant physiquement que moralement, et ressent une urgence à vivre pleinement ces instants car il n’y aura peut-être pas d’autre retour à la maison.
Alors dès qu’il retrouve Vincent, qu’il connaît depuis l’enfance, le soldat lui déclare sa flamme sans préambule. Et Vincent s’abandonne à cet amour absolu.

Ce roman est le premier de Philippe Besson, auteur que je viens de découvrir à l’occasion de cette lecture. Et ce premier livre est également mon premier gros coup de cœur de l’année, tant cette histoire dramatique est belle et grande. Dans un style élégant, sobre et d’une grande pudeur, l’auteur nous emporte avec lui au cœur de cet amour fou et libre, superbe et déchirant.

Dans la seconde partie du récit, après le départ d’Arthur, la liaison entre les deux hommes devient épistolaire et leur passion enfle encore. Les lettres qu’ils s’adressent sont toutes plus bouleversantes les unes que les autres.
Epistolaire également devient la relation entre Vincent et Marcel, et leurs missives sont très touchantes, Marcel devenant le confident de Vincent qui n’en peut plus de taire cet amour.

Poignant enfin est le rapprochement entre Vincent et la mère d’Arthur, unis tous deux par la douleur du manque de l’être aimé et la terreur de le perdre. C’est alors au tour d’Arthur de devenir le confident de cette femme pour qui la vie n’a pas été tendre, et qui afin de se soulager va dérouler pour lui le fil de son existence. Ce qui achève de faire de ce livre un roman auquel on ne peut rester insensible et dont il est impossible de sortir indemne. Malgré l’ultime coup de théâtre proposé par l’auteur, qui m’a quelque peu gênée mais que je ne retiendrai pas tant l’ensemble est une véritable pépite.

Faut arrêter de se pâmer !

3 étoiles

Critique de Dominiq (, Inscrit le 18 mars 2005, 60 ans) - 24 avril 2009

J'ai trouvé ce livre à peu près inintéressant.
Encore un de ces auteurs influencés par la médiocrité littéraire d'aujourd'hui, me disais-je ! On en retrouve la paresse et la molesse.
L'idée en est pourtant originale quoique légèrement bancale et capilo-tractée (Proust ! Une filiation autre que littéraire !). Et s'il y avait eu un réel travail littéraire, pourquoi pas !
Mais "en l'absence de" ce travail, ça confine au ridicule. C'est tout l'enjeu du travail littéraire que de donner vie et vraisemblance à une idée. Mais là, non, c'est raté: scénario léger, mêmes tics d'écriture partout, aucune démarcation dans l'expression (et donc dans l'identité) des "personnages" (Besson incapable de créer des personnages, ni, a fortiori, de les rendre vivants), dans la partie "roman à lettres", les lettres du front sonnent cruellement faux, et Besson est inapte à rendre le style et la subtilité de Proust dans ses lettres (qui sont d'un débile !..), prétention et bavardage creux et convenu, sentences à deux balles au coin de chaque paragraphe, invraisemblable ton du personnage de 16 ans, anachronismes (en 1916, Proust avait très peu de notoriété: il n'aura le Goncourt qu'en 1919). L'évocation de Proust m'évoque tout sauf Proust, et Besson croit, en étalant sa science proustienne (ce que tout le monde peut lire dans une bonne biographie), masquer son absence de talent.
Bref, ça a été un pensum d'aller jusqu'au bout. Heureusement, c'est court !

Un diamant dans la boue des tranchées

8 étoiles

Critique de Spiderman (, Inscrit le 14 juin 2008, 62 ans) - 19 juin 2008

Au moment où le dernier poilu vient de rendre son dernier souffle, il est extrêmement bouleversant de lire ce livre où l'on découvre, entre autres pépites, les tranchées vues par un jeune homme de vingt ans qui vient de passer une semaine de permission dans les bras de son amour, Arthur.
Ce livre est une merveille de sensibilité et de finesse, à conseiller à ceux qui voudraient vraiment comprendre l'inéluctabilité de l'attraction entre deux hommes, malgré l'hostilité morale et sociale ambiante.
Une lecture attentive, ouverte, permettra de voir qu'il n'y a rien ici en relation avec la pédophilie et que Vincent, du haut de ses seize ans, est un homme qui assume ses choix et dont la maturité impressionne et passionne un Marcel (Proust) dont l'attachement n'est que platonique.
La deuxième partie, épistolaire, est particulièrement bouleversante. Comment ne pas rêver avoir pour correspondant Arthur ou Vincent et vivre un tel éblouissement amoureux au milieu de l'horreur ?

C'est merveilleux, beau à en pleurer

9 étoiles

Critique de BONNEAU Brice (Paris, Inscrit le 21 mars 2006, 40 ans) - 15 avril 2008

Bien que contrairement à d’autres je n’ai pas encore parcouru l’ensemble de ses ouvrages (je n’ai lu que Son frère), je crois pouvoir affirmer sans prendre un grand risque que Philippe Besson exerce son art avec un talent certain, auquel je ne suis pas insensible. Prix Emmanuel-Roblès à l’appui.

Quelle magnifique et émouvante histoire que celle de ce jeune Vincent de l’Etoile, parisien de 16 ans, « né avec le siècle », les cheveux noirs, les yeux verts en amande, une peau de fille. Fils d’une famille aristocrate, il échappe à l’horreur de la guerre, et jouit des plaisirs parisiens pendant que le reste du pays s’enlise dans une guerre qui semble ne plus en finir.

Vincent rencontre Marcel, vieil écrivain « pas joli », journaliste, qui préfère la compagnie des hommes à celles des femmes. Des jeunes hommes, même, comme Vincent, auprès de qui il trouve un ami plein de surprises et objet d’une grande affection.

Vincent découvre Arthur, le fils de leur femme de maison, le jour où, rentré du front pour une permission d’une semaine, ce dernier avoue son sentiment amoureux à l’égard du jeune adolescent gracieux. Ensemble, ils partagent une idylle amoureuse, le premier découvrant ses sentiments pour un jeune homme, le second oubliant l’horreur de la guerre au profit d’un amour accompli.

Vincent navigue habillement dans sa vie parisienne, profitant de son amitié pour Marcel, et entretenant la flamme de son amour pour Arthur, retourné à son devoir pour la patrie.

Et nous, lecteur. Nous au milieu de tout ça, amené à tout savoir, tout connaître, parce que l’auteur en a voulu ainsi. Vivre cet amour, vivre la douleur des épreuves, la douceur des caresses, la jalousie des amis. Vivre le silence des secrets, les larmes de la consolation. Nous, lecteur, nous sommes ébahis et touchés par cette histoire singulière, celle du premier amour d’un adolescent de 16 ans, cheveux noirs, yeux verts, peau de fille.

La vie à pleines dents

7 étoiles

Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 4 avril 2006

Beaucoup de choses déjà formulées autour de cet ouvrage.
A mes yeux, il s'agit plus que d'une amitié, il s'agit d'une échappatoire, d'une véritable délivrance. Vincent ne veut pas mourir, les tranchées de Verdun très peu pour lui et comme on le comprend ! Il est plein de vie et de fougue, il veut vivre avec passion et c'est ce qu'il fera. En plongeant à corps perdu dans l'oeuvre de Proust qui lui permet d'oublier la guerre et ses horreurs. Une liberté d'esprit qui lui offrira, le temps d'une trop courte permission, les plaisirs d'une relation amoureuse interdite avec un autre militaire prénommé Arthur.
Il se dégage une telle hargne et une telle envie de vivre de ce roman, un tel appétit d'amour et aussi beaucoup de désillusions.

L'histoire de Vincent

8 étoiles

Critique de Tyty2410 (paris, Inscrite le 1 août 2005, 38 ans) - 12 mars 2006

Je ne sais pas comment décrire ce que je ressens , plusieurs amis m'avaient parlé de Phillipe Besson mais aucun ne m'avait parlé de ce roman . Au début j'ai détesté , le terme est peut-être un peu fort mais disons que je ne suis pas arrivée à rentrer dans cet univers , l'écriture (des dialogues rapportés, des paragraphes ) , le style assez banal (pour ne pas dire quelconque ) , bref je me demandais pourquoi cet auteur etait à connaître

Mais le charme a opéré , je ne sais pas quand , à partir de quelle phrase , peut-être est-ce la rencontre avec Arthur qui a été une source d'émerveillement mais pour moi également . Cet amour , bien qu'interdit est décrit avec une telle finesse , pudeur , pureté qu'on en vient presque à oublier que ce sont deux hommes . A travers cet amour on découvre la guerre des deux côtés , le front et l'attente pour les personnes qui ne sont pas mobilisées . Personne ne peut comprendre ce que l'autre vit .

Je ne sais pas comment expliquer mais pour moi le plus important dans ce livre est bien cet amour qui lie Arthur à Vincent et non cette amitié que Vincent noue avec Marcel , dans la deuxième partie du livre (la séparation des corps -je dois avouer que l'idée de séparer le livre en trois parties oserais-je dire en trois actes? est elle aussi très intéressante , et ajoute encore un peu plus de poids au livre ) , je disais donc que lorsque Marcel "mettait en garde " Vincent , je pensais mais de quoi se mêle-t-il ? Même si les amis veulent nous empêcher de commettre leurs erreurs et souhaitent que leurs expériences nous profitent également.
On ne peut pas empêcher une expérience et Vincent le voit bien lorsque Arthur lui demande de l'oublier c'est impossible , inconcevable il prendra tout le bonheur qu'il a vécu aussi bien que le malheur qui le guette . On comprend que Marcel aide Vincent à traverser cette épreuve mais on se rend compte que malgré tout il est seul face à lui-même , face à l'attente , face au silence .
Hormis cela on ne comprend pas en quoi cette amitié apporte quelque chose à Vincent .
La fin , on s'y attend , on la comprend avant même de la lire , mais quand on lit le dernier "acte " on finit ce livre avec une certaine amertume en se disant que Vincent est seul , définitivement .

Pas tout à fait convaincue…

7 étoiles

Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 30 octobre 2005

Difficile pour moi de critiquer ce livre, difficile de trancher entre ma déception face à certaines formulations convenues maintes fois rencontrées ailleurs (par exemple la comparaison entre la création littéraire et le fait de faire un enfant) et la qualité de l’histoire.

Ce qui est certain, c’est que Philippe Besson réussit à raconter les amours entre hommes sans choquer ni se cacher derrière des formules elliptiques, même lorsque les ébats physiques sont abordés. L’évocation de l’amour homosexuel est tout à la fois franche et subtile. Vincent, 16 ans, entame deux relations en même temps : l’une, charnelle et puissante, avec un jeune soldat de 21 ans en permission et l’autre, qui tient plus de l’amitié ambiguë, avec un écrivain célèbre de 45 ans, Marcel P. (les allusions à Proust sont nombreuses).

L’auteur utilise une technique un peu lourde dans la première partie du récit qui consiste en un journal intime : pas de dialogue au sens strict, mais des phrases précédées de « il dit », « je dis », ou même « je pense ». J’avoue que cela m’a dérangée.

Une large place est consacrée aux silences, les silences plus éloquents que n’importe quelle parole, les silences qui marquent l’approche de deux êtres, les silences qui précèdent l’explosion des sens, les silences des faces à faces où deux inconnus se reconnaissent.

Beaucoup de positif, donc, malheureusement ceinturé par un style qui ne m’a pas convaincue…

Envoûtant

9 étoiles

Critique de Mary'M (PARIS, Inscrite le 26 août 2005, 57 ans) - 26 août 2005

"Eté 1916, un jeune aristocrate Vincent de l'Etoile né avec le siècle trouvera l'amour dans les bras d'un jeune militaire Arthur Valès né de père inconnu qui sera malheureusement tué au combat. Son confident se révèlera être un écrivain du nom de Marcel Proust. Celui ci lui offrira une écoute attentive mais lorsque Vincent découvre après la mort de son amant la véritable identité de cette oreille amie, il ne pourra que trouver la paix dans la fuite." Le premier roman de Besson que j'ai pu lire et qui m'a donné envie de mieux connaître l'auteur et son univers...A conseiller aux romantiques ...

Très prometteur, déjà ...

8 étoiles

Critique de Clarabel (, Inscrite le 25 février 2004, 48 ans) - 28 septembre 2004

Premier roman de Philippe Besson, dont en fait je viens de lire le dernier opus ("Les jours fragiles"), "En l'absence des hommes" révélait un auteur très prometteur. Dans ce roman, déjà à la plume et l'atmosphère délicates, on traite d'amour et d'amitié entre hommes, teinté de misère et de misérabilisme ambiants par la faute de la Guerre. C'est l'été 1916, Vincent a seize ans, c'est un jeune homme de bonne famille, espiègle et insouciant, qui traite le monde avec indifférence. Durant cet été 1916, il va rencontrer deux hommes qui vont bouleverser son monde et sa vision des choses : le jour avec Marcel Proust, la nuit avec Arthur, le fils de la gouvernante, vingt ans, soldat sur les fronts à Verdun. Durant une courte permission d'une semaine, ces deux-là vont se trouver et s'aimer. Ce livre en livre progressivement les portées : les rencontres, les séductions par les mots et le badinage, la joliesse du style de Proust, les corps qui vont se basculer, les têtes se perdre, puis les séparations, les déchirures et les pertes. En trois parties, l'auteur livre façon "confidences d'un jeune homme sur un cahier d'écolier" les amours de trois hommes. On se prend au charme, à la passion et on partage l'effroi et le traumatisme des " Poilus ", à jamais marqués par ce terrible carnage, cet incompréhensible chaos. Donc, fabuleusement raconté, écrit d'une élégance déjà aisée, "En l'absence des hommes" est le premier roman d'un auteur que j'ai définitivement adopté parmi mes préférences !

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