La bête qui meurt de Philip Roth
( The dying animal)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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Les seins de Consuela
David Kepesh est un professeur de littérature, esthète, critique culturel dans une émission marginale diffusée sur une chaîne câblée. Un statut professionnel qui lui vaut une certaine réputation auprès de ses étudiants mais aussi et surtout de ses étudiantes ! " Au début, je ne me doutais pas qu'un passage hebdomadaire de dix minutes à la télévision pouvait les impressionner à ce point. Mais de fait, elles ne résistent pas à la célébrité, pour dérisoire que soit la mienne."
A 70 ans, ce séducteur vieillissant regarde dans le rétroviseur et se souvient de son ultime passion amoureuse. Celle vécue huit ans plus tôt avec Consuela, beauté cubaine de vingt-quatre ans, l'une de ses étudiantes. Tombé sous le charme des seins de la jeune fille, le professeur, qui avait toujours organisé sa vie de manière solitaire et indépendante, va être confronté à la montée progressive du désir, à la dépendance et à la jalousie; sentiments auxquels ce célibataire endurci n'avait jamais auparavant été confronté. En effet, sa vie durant, ce professeur énigmatique, n'a jamais cessé de prôner des valeurs libertaires et individualistes, prenant maîtresse sur maîtresse, quitte à lui valoir la détestation des siens et surtout celle de son fils Kenny.
Mais dans ce roman, Roth s'interroge aussi sur la déchéance des corps. Le professeur est dépendant certes, mais évidemment conscient de cette barrière de la différence d'âge. "A cause de cette différence d'âge, jusque dans le plaisir le manque demeure. Cà ne m'était jamais arrivé? Non, c'était la première fois que j'avais soixante-deux ans. Je n'étais plus dans la phase de la vie où on croit que tout vous est possible."
Mais la mort, irréversible et cruelle, va progressivement s'inviter dans cette liaison hors norme et transgressive, hésitant longuement avant de choisir son camp. Ce court roman est aussi l'occasion de réflexions sur la solitude, la liberté, la libération sexuelle des années 60,.... C'est toujours intelligent mais parfois un peu indigeste, notamment le long passage sur la libération sexuelle des années 60.
" La bête qui meurt " est vraisemblablement l'un des textes les plus lucides et radicaux qu'ait publié Philip Roth.
Les éditions
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La bête qui meurt [Texte imprimé], roman Philip Roth trad. de l'anglais (États-Unis) par Josée Kamoun
de Roth, Philip Kamoun, Josée (Traducteur)
Gallimard / Du monde entier (Paris)
ISBN : 9782070763597 ; 14,68 € ; 02/09/2004 ; 136 p. ; Broché -
La bête qui meurt [Texte imprimé] Philip Roth traduit de l'américain par Josée Kamoun
de Roth, Philip Kamoun, Josée (Traducteur)
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070329854 ; 8,10 € ; 02/02/2006 ; 215 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (18)
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Un peu déçu
Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 41 ans) - 14 décembre 2015
A cela s’ajoute le narrateur, professeur d’université aimant donner des extras à ses étudiantes, mauvais père, piètre mari, être égocentrique et égoïste qui n’aide pas à avoir une certaine empathie pour le personnage.
Quant à l’histoire, rien d’extraordinaire là non plus et pourtant Roth arrive tout de même à nous maintenir à flot, là où d’autres auteurs nous auraient irrémédiablement laissé couler à pic dans les abysses obscurs de l’ennui. Et c’est là où réside à mon avis tout le talent de l’auteur, ce qui me laisse à penser qu’il vaut sûrement le coup de tenter sa chance avec d’autres œuvres du romancier : quid de la Pastorale américaine ?
Une lecture décevante mais qui incite tout de même à retenter sa chance avec P. Roth.
Souffrance
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 26 juin 2013
J'ai vraiment souffert pendant ce livre donc je préfère ne pas faire de commentaires négatifs car il faut reconnaître la grande qualité de l'auteur.
C'est mon troisième Roth en quelques semaines (après Indignation et La tache) et je pense que je sature donc je pense changer de registre.
Le temps qui passe...
Critique de Kabuto (Craponne, Inscrit le 10 août 2010, 64 ans) - 1 mai 2012
Vite lu et pas désagréable
Critique de Virgile (Spy, Inscrit le 12 février 2001, 45 ans) - 8 mars 2012
C'était mon premier contact avec Roth, et ce livre ne justifie pas vraiment pour moi un statut d'auteur génial, malgré tout c'était une lecture plaisante, quelques réflexions intéressantes, quelques belles images, un bon moment sans plus.
C'est le roman d'un envoûtement dans une Amérique bien loin des joyeuses bacchanales des années 60, chères au "Professeur de désir"...
Critique de Monde Vrai (Long Beach, Inscrit le 6 décembre 2011, - ans) - 11 janvier 2012
[extraits]
"La quête du mâle aventureux, les avances du mâle, ça n’était pas pour elles un délit à dénoncer et sanctionner, mais un signal sexuel auquel il était loisible de répondre. (…) Porter plainte ? Elles n’avaient pas grandi dans ce système idéologique. (…) elles savaient s’abandonner au plaisir sans peur (…) c’était une génération qui ne se fiait qu’à son *** pour juger de la nature de l’expérience et des délices du monde ».
"Son astuce est d'avoir compris dés son arrivée le bon usage de la banlieue. Petite fille, elle ne s'était jamais sentie libre, en ville, elle n'avait jamais eue la bride sur le cou comme les garçons. Mais, à Manhasset, elle trouvait son horizon de pionnière. Il y avait bien des voisins, mais moins proches qu'en ville. Quand elle rentrait du lycée, les rues étaient désertes. On aurait dit une ville fantôme dans un western. Pas un chat. Tout le monde au boulot."
Agréable mais mineur
Critique de Bartleby (Piré sur seiche, Inscrit le 14 octobre 2010, 48 ans) - 14 octobre 2010
Une atmosphère prenante et poétique
Critique de Baader bonnot (Montpellier, Inscrit le 11 janvier 2008, 41 ans) - 5 mars 2009
Les premiers instants que David passe avec Consuela donnent lieu à une magnifique description du désir. Cette attente où l'on cherche à s'occuper, à partager des moments précédant le premier contact physique, sachant que celui-ci est imminent et inéluctable.
Puis vient cette relation qui s'installe pour David mais qui reste de l'ordre de l'éphémère pour Consuela. Le vieux débonnaire, avec son regard expérimenté, a conscience qu'il ne peut rien faire face à un jeune homme, ce qui devient sa plus grande hantise. Il entre peu à peu dans une situation instable et irréversible, ressentant à tout instant le besoin d'avoir la jeune femme à ses côtés.
Enfin, vient ce passage un peu ennuyeux sur la libération sexuelle des femmes qui coupe un peu le roman...
"La Bête qui meurt" reste dans son ensemble plus que bon. Hanté par la Mort, rongé par le désir, préoccupé par un corps déliquescent, David est en quelque sorte le cobaye de l'auteur qui se psychanalyse lui-même tout en évitant de sombrer dans le Pathos. Un régal!!
Tellement humain
Critique de Fa (La Louvière, Inscrit le 9 décembre 2004, 49 ans) - 4 février 2008
Le sexe aussi, le désir, qui est le pendant du néant.
Un excellent roman, sur le thème de l'amour des femmes et de la vie, et sur la hantise de la vieillesse et de la mort. aucune ambiguïté sur ce qui remportera la partie.
Pathétique
Critique de Jlc (, Inscrit le 6 décembre 2004, 81 ans) - 2 octobre 2006
Par ailleurs, je me suis demandé tout au long du roman si en fait il n’était pas constitué de textes écrits par Roth ici ou là et qu’il aurait réuni dans une sorte de patchwork. La longue digression sur la libération sexuelle des années soixante en est un très ennuyeux exemple.
C’est au fond un livre sur la vieillesse et tous les moyens pour en reculer les ravages et Roth a raison quand il écrit : « Pour ceux qui n’ont pas encore atteint la vieillesse, elle signifie qu’on a été. Seulement la vieillesse ça veut dire aussi que malgré son avoir-été, on est en plus de lui, en prime de lui, on est encore. »
Un petit Roth en quelque sorte mais un petit Roth est quand même un livre d’une certaine envergure. Il est ici, mais ce n’est que mon avis, meilleur essayiste sur la vieillesse que bon romancier
Les pages sur la mort de l’ami de David, George, sont pour moi tout à la fois poignantes, ironiques, sans illusions et magnifiquement écrites.
un univers à découvrir
Critique de Tchico2 (Labenne, Inscrit le 12 janvier 2006, 49 ans) - 5 avril 2006
En ce qui concerne le livre, l'histoire est simple, et c'est un beau retour sur le passé d'un vieux de 70 balais qui parle de son dernier amour. Il nous rappelle que même si nous sommes âgés , nous avons pour les questions d'amour des réactions d'adolescents. C'est un livre facile à lire, assez court mais dense. on est pris dans l'histoire dès les premières pages.
A conseiller à toutes les personnes aimant le travail de Bukowsky. Pour ma part, je viens de découvrir un magnifique écrivain et je vais me plonger dans la découverte de ses autres romans. Merci à tous les auteurs des critiques de ce bouquin pour m'avoir fait découvrir l'univers particulier de Roth.
Philippe Roth : professeur de vie ?
Critique de Maria-rosa (Liège, Inscrite le 18 mai 2004, 69 ans) - 14 février 2006
Mais, si l'on est allergique à son langage cru, à ses digressions, si l'on bute sur ses considérations sur le sexe,(que pour ma part je trouve désopilantes) sans lire entre les lignes, sans rien mettre en perspective, sans rien comprendre en fait, eh bien oui il ne faut surtout pas lire Philip Roth.
Si l'on considère Philip Roth d'un point de vue moral, il ne faut surtout pas le lire. Mais là n'est pas le propos.
"La bête qui meurt" est bien autre chose que les amours séniles d'un vieillard pour une jeune femme.
Dans "La bête qui meurt", le désir, l'amour que David Kepesh éprouve pour Consuela n'est qu'un prétexte pour parler de la maladie, de la mort, de la vieillesse qui est un naufrage, du temps qui nous fait devenir autre, un autre qui n'a plus grand chose à voir avec celui que nous avons été 20 ou 30 ans plus tôt. C'est un livre sur la bête qui est en nous qui se sent mourir et qui sursaute, qui veut encore et encore vivre et sentir. C'est un livre sur l'incommunicabilité entre les êtres, un livre sur le "désir" qui nous rend vivants.
Philip Roth nous rappelle tout le temps que nous sommes sexués, et humains parce que nous pouvons "penser" notre corps, nos désirs, notre peur de vivre et de mourir.
Glauque
Critique de Jemangeleslivres (, Inscrite le 25 mai 2004, 51 ans) - 6 novembre 2005
Stanley Spencer à découvrir
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 12 juin 2005
Bref, un livre admirable grâce auquel j'ai fait connaissance avec cet écrivain génial que je ne lâche plus. Et que dire du peintre Stanley Spencer et de ses toiles étonnantes. Une autre belle découverte d'un peintre que je ne connaissais pas. Je suis reconnaissante à Philip Roth de me l'avoir fait découvrir grâce à la description d'une de ses toiles dans le récit. À lire absolument !
Sexe, drame, Amérique.
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 8 juin 2005
"Non, le sexe n'a pas un pouvoir illimité, je connais très bien ses limites. Mais dis-moi, tu en connais, un pouvoir plus grand ?"
Traduction qui se fait bien oublier de Josée Kamoun.
Le genre de livre qui n'abêtit pas, qui fait écho et qui rend bien ce qu'on peut ressentir à l'orée de la vieillesse.
étrange...
Critique de Bibou379 (, Inscrite le 26 mai 2005, 40 ans) - 31 mai 2005
Je passe mon tour!
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 23 avril 2005
Car de l'ennui, j'en ai eu ma dose avec ce livre de Philip Roth. J'étais pourtant partie sur une bonne base: "Tiens, un sujet bateau traité par un auteur de talent comme Roth, ça va être grandiose". Que nenni! A mes yeux en tout cas.
Certes, les réflexions de David Kepesh sur le temps qui passe emportant avec lui ses talents de séducteur et imposant ses changements à l'âme peuvent être intéressantes mais tellement longues, tellement savantes que ça en devient une leçon professorale d'ouverture d'une année académique universitaire. Université qui lui sert d'ailleurs de prétexte à de longs discours sur la libération des moeurs et des tabous sexuels. Un peu long à mon goût, voire carrément inutile pour certains passages.
Je ne vais pas intellectualiser ou gloser pour justifier ma non-adhésion à ce livre. Juste que ça parle d'amour, de corps, de chaleur, de vie, de maladie, de mort... bref, d'éléments vivants d'une manière ou d'une autre, de composants énergétiques de nos êtres qui m'ont pourtant semblés ici si plats, si froids. Distance prise par l'auteur pour indiquer que son David Kepesh est un être profondément désillusionné? Dans ce cas, je plains ce professeur auquel il ne semble rester aucune issue favorable si son désarroi est aussi grand.
Non, trop fade et trop complexe à la fois, très peu pour moi. Et cette fin téléphonée... Non, plus j'y pense et moins j'adhère.
Toutes ces bêtes qui meurent
Critique de Bolcho (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 76 ans) - 16 janvier 2005
Cela fait, et les couronnes bien mises en place, je ne peux qu’encourager les lecteurs à les relire avant de se lancer dans mon humble apport.
Dans ce livre, Roth m’émeut, m’amuse et m’agace à la fois. Son personnage ( ?) balance effectivement, comme le dit Jules, entre une misogynie un peu balourde (lorsqu’il tartine pesamment, et sans trop d’originalité, sur les dangers de la vie de couple, ou bien sur les difficultés des femmes de trente-cinq ans ne trouvant pas de mecs) d’un côté, et une belle admiration pour les femmes de l’autre. Lorsqu’il décrit une jeune femme des années soixante, active militante de la libération sexuelle, il décrit en même temps une force en marche : « Dans l’Amérique des années 60, les Janie Wyatt savaient comment s’y prendre avec les hommes tumescents. (…) La quête du mâle aventureux, les avances du mâle, ça n’était pas pour elles un délit à dénoncer et sanctionner, mais un signal sexuel auquel il était loisible de répondre. (…) porter plainte ? Elles n’avaient pas grandi dans ce système idéologique. (…) elles savaient s’abandonner au plaisir sans peur (…) c’était une génération qui ne se fiait qu’à son con pour juger de la nature de l’expérience et des délices du monde ».
D’accord, c’est assez cru.
Et c’est une époque révolue. Comment ne pas songer aux nouvelles prohibitions qui sont à l’œuvre aujourd’hui et qui, sous couvert de mesures anti-harcèlement, transforment de nouveau les femmes en victimes, en potiches à préserver, en pauvres petites choses fragiles.
E. Badinter, sur ce coup-là, pourrait bien se tenir aux côtés de Roth pour rappeler les conquêtes féministes d’antan.
Sous des dehors un peu licencieux, Roth nous parle aussi – surtout sans doute – de ce pourquoi le sexe nous fascine tant : « Le sexe ne se borne pas à une friction, à un plaisir épidermique. C’est aussi une revanche sur la mort. Ne l’oublie pas la mort. Ne l’oublie jamais. »
Et pour finir, cette question centrale :
« Ce besoin. Cette maladie mentale. Est-ce que ça s’arrête un jour ? »
Les femmes, l'âge, le sexe et le mariage
Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 20 septembre 2004
David misogyne ?… Je pourrais dire non tant il aime les femmes, leur corps et leur beauté, et tant il sait bien en parler. Mais je pourrais aussi dire oui dans le sens où il ne voit la plupart du temps dans ces femmes qu’un moyen d’assouvir ses pulsions. En tout cas, ce qui est certain c’est qu’il est un adversaire acharné du mariage qui, à ses yeux, tue l’amour. Il cite John Milton qui aurait écrit : « Notre Sauveur nous a-t-il donc ouvert cette porte si hasardeuse, si aléatoire du mariage pour la refermer sur nous comme les grilles de la mort ? » Il ajoute même ceci : « Dans le meilleur des cas, le mariage assure le frisson des subterfuges licencieux. » En plus, il se dit que ce n’est vraiment pas sa faute qu’aussi âgé soit-il l’homme pense au sexe jusqu’au bout ! La vie et le sexe sont inséparables.
L’intelligence de Roth se retrouve dans ce livre et David va même jusqu’à avouer son didactisme. Il est professeur : « Thèse-antithèse, l’histoire en est faite. Soit on impose ses idées à autrui, soit il vous impose les siennes. »
Je regrette peut-être la longue explication de la révolution sexuelle aux Etats-Unis. Comment les nouvelles générations sont devenues des « fellatrices stupéfiantes ». Bien sûr l’âge, le temps qui passe et la hantise de la vieillesse hantent ce livre.
Philip Roth a choisi de présenter son histoire en se servant du schéma choisi par Camus dans « La chute » Le narrateur raconte toute son histoire à une personne qui n’interviendra jamais, sauf à la toute dernière page. Il fera aussi très souvent appel à Dostoïevski, surtout « Les Karamazov », tout comme Jim Harrison l’a fait dans « De Marquette à Veracruz », ma lecture précédente.
Pour moi, un bon livre qui vaut la peine, mais nous ne sommes pas au niveau de ses derniers grands romans.
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La bête qui meurt | 10 | La synapse | 6 avril 2006 @ 14:42 |