Le prix de la mort de Patrick Caujolle

Le prix de la mort de Patrick Caujolle

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Mimi62, le 14 décembre 2021 (Plaisance-du-Touch (31), Inscrit le 20 décembre 2013, 71 ans)
La note : 7 étoiles
Visites : 1 514 

Un honnête roman policier

Un début peut-être un peu lent mais l'ensemble du livre soutient l'intérêt du lecteur. Les crimes à répétition constituent des rebondissements qui soutiennent l'intérêt du lecteur. La résolution réserve également son lot de surprises.

3 morts se succèdent sans lien entre elles,
En dehors de cela, le cursus de l'enquête réserve son lot de surprises qui contribue à rendre ce roman intéressant à lire.
L'écriture est agréable et l'on se sent bien plongé dans le coeur de l'enquête.
Le récit est vraiment concentré sur l'enquête, sur le travail policier. On ne se trouve quasiment jamais ailleurs que dans le cercle de l'enquête. A mes yeux, cela ne représente qu'une constatation et nullement un reproche.
A noter que l'on rencontre de jolis passages d'écriture.

Au final, un agréable moment de lecture

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C'est l'avenir qu'il faut choisir, devant qu'il faut regarder, et éviter de prendre l'ascenseur de la nostalgie, celui qui s'arrête toujours moins haut que celui de l'espoir.

Les médiocres prennent des cours de management et absorbent, les grands ont du charisme et reflètent.

Un coup, une remarque, ça peut laisser un bleu, au corps, à l'âme. Mais une idée, parfois, ça s'insinue et ça reste.

Il y a trente ans, arrivé en Europe pour travailler, il avait côtoyé une détresse, pas uniquement matérielle d'ailleurs, qu'aucun Européen vivant dans son pays ne pouvait imaginer. Il avait connu la barrière linguistique, la pyramide hargneuse et médiocre des chefs, des demi-chefs et des quarts de chef, de ces contremaîtres hurleurs à la bestialité endémique et à la fourberie suprême. Il avait senti le mépris ambiant, la menace du retour à la frontière, la différence des moeurs et de la religion, mais il s'était intégré, à coups de "monsieur", de "merci" et d'abnégation, comprenant que, si la différence serait toujours patente, elle le serait d'autant moins en évitant de la cultiver et en traversant dans les clous de la bienséance.

Le Père-Noël, personne n'y croit, mais tout le monde sait quel jour il passe. Le malheur c'est l'inverse.

Fini de sculpter la fumée, fini de débroussailler le désert ou de tenter de pêcher quelques nuages, enfin on avance, enfin on est porté.

Cette appréhension qui corrode, qui mine, qui n'a pas de visage, pas d'arme et pas de voix, cette appréhension qui ne court pas vers nous mais vers laquelle on se projette. Elle est maligne, sournoise, elle s'insinue partout, en soi bien sûr, mais aussi dans les rapports familiaux, dans les relations avec les collègues. On sort de chez soi le matin, elle est déjà là. On prend la voiture, regarde à gauche, à droite, feu rouge, elle nous accompagne. On fait des courses, on déjeune au resto du coin, toujours là.

L'avenir ? Il avait beau regarder au loin, beau se projeter, rien, il ne voyait rien (...). Il aurait tant voulu avoir un foyer. Au contraire c'étaient les foyers qu'il avait connu. Des foyers (...) où le groupe existait, pas la personne.

Pas partir pour fuir, partir pour se fuir.

Cette mégalopole où les casiers de rangement avaient remplacé l'habitat, cette cité où le matériel humain était stocké le soir pour être prêt à servir le lendemain.

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