Blizzard de Marie Vingtras
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Un huis clos en Alaska
Imaginez un huis clos en pleine tempête, dans le blizzard de l’Alaska. L’espace d’une fraction de seconde, Bess lâche la main du petit Thomas pour refaire ses lacets. Cela suffit à le perdre de vue. Tous partent à sa recherche, alors même qu’ils savent que c’est totalement inconscient.
Quatre personnages principaux décrivent la scène et l’avancée des recherches tout en racontant leur passé : Bess, Benedict, Cole et Freeman. Petit à petit, le puzzle s’assemble et on comprend qui sont les différentes protagonistes et leur histoire. Aucune n’est simple, toutes ont une part sombre et une part de culpabilité, justifiée ou non. Il est plus facile alors de comprendre pourquoi toutes ces personnes ont atterri dans un lieu aussi isolé du reste du monde. Marie Vingtras nous confie des informations par bribes et nous permet de remonter les années et le cours de la journée à rebours. A la fin, tout s’imbrique parfaitement.
J’ai beaucoup aimé le style et la construction de ce roman polyphonique impossible à lâcher. Les personnages et leurs caractères sont très fouillés et nous permettent de sonder leur âme dans ce qu’il y a de plus profond et de plus noir. L’ambiance, avec le blizzard tel un personnage à part entière, nous enveloppe et nous plonge en Alaska. Quant au scénario, fortement inspiré de romans américains, il m’a fait en partie penser, par sa violence et son dénouement, à un film de Tarantino tout en finesse. Bravo pour ce premier roman d’une grande maîtrise !
Les éditions
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Blizzard
de Vingtras, Marie
Editions de l'Olivier
ISBN : 9782823617054 ; 17,00 € ; 26/08/2021 ; 192 p. ; Broché -
Blizzard [Texte imprimé]
de Vingtras, Marie
Points
ISBN : 9782757894972 ; 7,50 € ; 06/01/2023 ; 192 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (3)
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Quatre et le vent !
Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 29 juin 2023
Le roman s'articule alternativement de l'un à l'autre comme narrateur. Tout y passe ... les rancœurs, la haine, la jalousie, la peine et le désir,
Ils sont quatre dans ce coin perdu de l'Alaska où un blizzard terrible a choisi de souffler soudainement, fort et longtemps.
Bess était avec le petit garçon de Benedict et s'est laissée surprendre par la tempête. Le temps de resserrer un lacet et hop, le petit avait disparu dans l'immensité blanche et le bruit furieux du vent.
L'absence de Bess et du petit est vite découverte. C'est elle la moins expérimentée car elle vient de la ville.
La poursuite commence
Au travers des monologues les acteurs décrivent souvent un énigmatique Clifford qui est le compagnon de beuverie de Cole.
Qu'arrivera-t-il aux deux égarés ?
Parfois un peu déstabilisant. J'ai dû relire certains paragraphes car je n'y comprenais plus rien. J'aurais peut-être dû jeter un œil sur le plat verso mais les liseuses n'en sont pas pourvue.
Excellent roman, bien ficelé malgré la difficulté technique de l'écriture pour créer un texte à voix multiples crédible.
L'auteure maîtrise bien son sujet.
Belle lecture
Paternité !
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 20 mai 2023
Elle se fait connaître par son premier roman Blizzard publié en 2021 aux Éditions de l'Olivier.
Ce roman a obtenu plusieurs prix, dont le prix des Libraires 2022.
Quelle idée que de s'aventurer à l'extérieur en Alaska sous un effroyable blizzard ?
Il n'a fallu que quelques secondes à Bess pour lâcher la main du jeune Thomas, refaire ses lacets et ne plus le retrouver.
Il devient alors indispensable de mobiliser les 4 hommes alentour pour retrouver Thomas. L'espérance de vie sous ces températures étant réduite.
Un court roman (190 pages), 5 personnages, de brefs chapitres (1 à 2 pages). Un roman polyphonique au cours duquel la vie de chacun des personnages est retracée.
Peut-on excuser, comprendre un père qui abandonne sa femme à quelques jours de la naissance de son fils ?
Peut-on comprendre un père qui abat froidement son fils dans Central Park un soir ?
La forme du roman et le suspense latent contraignent le lecteur à avancer avidement pour dénouer l'intrigue .
Rapidement, le devenir de l'enfant passe - un peu - au second plan. C'est l'histoire de vie des 5 personnages qui prend le pas.
Il est question de Paternité, de choix de vie, de culpabilité.
Pas un très grand roman mais un excellent moment de lecture .
«I can see clearly now the rain is gone»*
Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 28 avril 2023
Il y a d’abord Bess, une jeune californienne un peu paumée, qui vit avec Benedict et s’occupe de Thomas comme si c’était son propre fils… Elle s’en veut d’avoir commis l’erreur de lâcher quelques secondes la main de Thomas… Le temps de refaire le lacet de sa bottine, et celui-ci a disparu… Elle se met alors tout de suite à sa recherche...
Il y a ensuite Benedict qui élève le petit Thomas. C’est un homme un peu rustre natif du lieu qui déteste la foule et aime la solitude. Il a du mal à exprimer ses sentiments, mais n’en reste pas moins un homme bon et aimant…
Il y a ensuite Cole, le voisin et mentor de Benedict. C’est un personnage un peu bizarre, ami depuis toujours de la famille de Benedict, il est embarqué un peu malgré lui dans toute cette histoire qui franchement ne le concerne pas, et pense qu’il n’y a aucune chance de retrouver l’enfant vivant… Et enfin, Freeman, un noir américain, vétéran de la guerre du Vietnam, ancien policier, dont tout le monde se demande pourquoi il est venu passer sa retraite dans ce coin perdu du monde…
La question que tous se posent en cherchant l’enfant: Mais pourquoi Bess est-elle sortie par ce froid polaire, en pleine tempête, avec une visibilité quasi-nulle, mettant ainsi sa vie et celle du petit Thomas en danger?
Mme. Marie VINGTRAS (*1972) nous offre ici un roman choral a quatre voix. C’est avant tout un roman psychologique, chaque personnage va tour à tour nous raconter à travers ses pensées, sa vie et son passé. Chaque personnage est un écorché vif, en introspection, chacun porte son fardeau, chacun a son passé, chacun a ses blessures, chacun a sa raison de vivre dans ce coin perdu du monde, chacun est en quête de rédemption…
Attention toutefois à ne pas confondre. Ce n’est pas un thriller! C’est un roman très psychologique. Il y a un petit peu d’action à la fin du livre, mais c’est juste un saupoudrage! Cela ressemble au roman «Mort d’une tueuse» de Rupert THOMSON (*1955) (1). Il ne se passe rien pendant presque tout le livre, tout est dans l’histoire, tout est dans la tête des personnages. Par contre, corollaire, tous les personnages ont une grande profondeur psychologique, et sont tous très bien fouillés à ce niveau.
Que dire de plus? Disons déjà qu’il faut bien s’accrocher, surtout au début du roman. Il est en effet composé de très courts chapitres, et chaque chapitre est composé des réflexions d’un personnage différent. Et comme on ne connaît pas leur histoire, et que celle-ci se met en place tout doucement, il faut accepter de ne pas tout comprendre, surtout pas au début du roman. Il faut donc faire preuve d’un peu de patience…
Par contre, amateur de grands paysages, et si vous vous attendiez à voir les étendues sans fin de l’Alaska, passez votre chemin… Ici, l’Alaska sert seulement de «prétexte» à l’histoire, et au «Blizzard», à décrire un lieu à l’isolement extrême… Donc le livre aurait tout aussi bien se passer dans l’extrême Nord de la Norvège… Ou au Kamtchatka!
En conclusion: C’est un bon livre, c’est bien écrit, avec une écriture fluide et facile à lire. J’ai été très agréablement surpris pas la maîtrise de l’écrit d’une si jeune auteure, dont c’est en plus le premier roman. Je suivrai certainement la suite de sa carrière avec intérêt… A lire bien au chaud sous sa couette! Et, comme me l’a si gentiment dit la CLienne qui m’a offert ce livre (que je remercie et qui se reconnaîtra ici!..), il faut livre ce livre d’une seule traite, ce qui est d’autant plus facile puisque il y a moins de deux cent pages…
Rappelons que: «Blizzard» a été le livre lauréat du «Prix des Libraires 2022».
(1). : Cf. Ici sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/37516
* : «Je peux voir clairement maintenant que la pluie est partie.» Chanson sortie en 1972 créée par M. Johnny NASH (1940 – 2020), reprise notamment par M. Jimmy CLIFF (*1944) en 1992.
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