Le peuple de la brume de José Eduardo Agualusa

Le peuple de la brume de José Eduardo Agualusa
(A vida no céu)

Catégorie(s) : Littérature => Africaine , Enfants => 12-15 ans

Critiqué par Septularisen, le 27 novembre 2021 (Inscrit le 7 août 2004, - ans)
La note : 7 étoiles
Visites : 2 333 

AGUALUSA COMME VOUS NE L’AVEZ JAMAIS LU!

Dans un futur proche le déluge a bien eu lieu, et la Terre est totalement recouverte d’eau. La majeure partie de l’humanité a péri, la plupart des végétaux et des animaux ont définitivement disparu. En effet, les eaux sont devenues brûlantes, une brume les recouvre en permanence et toutes les mers sont infestées de requins…

Les derniers humains survivants (environ deux millions de personnes), ont eux trouvé refuge dans… les airs! Les grandes villes riches comme Paris sont réapparues dans les airs sous forme de gigantesques dirigeables très luxueux, alors que les villages les plus pauvres sont eux composés d’agrégats de centaines de radeaux et de ballons, reliés entre eux par des kilomètres de câbles et de passerelles.

Un monde nouveau est apparu. Toutes les villes se sont spécialisées dans un domaine, afin de commercer et d’échanger avec les autres. Carlos Benjamin Tucano, le héros qui nous raconte l’histoire est né dans les airs, dans le village de Luanda, composé de plus trois cents radeaux, et devenu la dernière bibliothèque existante et le dernier lieu où l’on fabrique encore du véritable papier.

Au début du roman, Carlos, seize ans, décide de partir à la recherche de son père, qui est tombé de Luanda un soir lors d'une tempête, en se portant au secours d’un radeau incendié par la foudre. Carlos est persuadé que son père est toujours en vie, bien qu’une chute de nuit dans les eaux bouillantes et infestées de requins ne laisse guère d’espoir…

Destiné à un public jeune et adolescent, ce livre de l’écrivain angolais ne ressemble à aucun autre! Si bien sûr on y retrouve ce qui a fait sa célébrité, - à savoir le «réalisme magique», dans la droite ligne de son «Mentor», à savoir le colombien Gabriel GARCÍA MÁRQUEZ (1927 – 2014) –, José Eduardo AGUALUSA (*1960), nous propose ici un sorte de conte post-apocalyptique, une dystopie, un livre initiatique, une parabole écologique, une histoire fantastique, doublée d’un récit de SF.

Bon, on ne va pas se mentir, cela ne vaut pas ses récits «pour adultes», c’est une écriture simple, facile à lire (le livre se lit d’ailleurs en quelques heures…), avec des chapitres très courts, clairement destinés au public visé par le livre.
L’histoire est bien ficelée, bien que l’on ne croi guère à certains retournements de situations -, avec une morale un peu bon enfant, - poésie et douceur -, il n’y a ici que de la gentillesse et bonté, une philosophie «de cendrier», saupoudrée un peu partout de ci de là dans le livre.

Il y a bien sûr quelques non-sens, ainsi p. ex. sil il n’y a plus de satellites et plus d’antennes, et pour cause -, comment les aéronefs peuvent-ils être connectés par internet? Mais bon dans l’ensemble, rien de bien grave, l’auteur évitant d’ailleurs les explications techniques, pour ne pas embrouiller le public jeune et probablement pour ne pas s’embrouiller lui-même!
Je reste quand même impressionné par l’imagination sans limites de l’auteur, qui en partant de zéro, construit ici toute une civilisation et toute une histoire.

Par contre je n’ai pas trop aimé le fait que l’auteur développe certaines histoires, pour ensuite les abandonner complètement, sans nous donner de réponse à toutes les questions que l’on se pose. Cent, deux cent pages de plus auraient bien aidé à développer l'histoire du livre, mais bon, je suppose qu’on ne peut en demander plus en termes de pages à lire à nos chers adolescents...

Je termine ce livre toutefois déçu, ce n’est pas mauvais, mais pas non plus le chef d’œuvre de l’auteur! Pendant toute ma lecture de ce livre je n’ai pu m’empêcher de penser aux ressemblances entre ce livre et le film «Waterworld» (1995) de Kevin REYNOLDS (*1952), avec l’acteur américain Kevin KOSTNER (*1955), puisque c’est exactement la même histoire, à l’exception qu’ici les survivants au déluge vivent dans les airs et non pas sur l’eau. Alors, ce livre étant paru en 2013, M. AGUALUSA s’en est-il librement inspiré? Ou pas?..

P.S. : «Le Peuple de la Brune» a reçu au Brésil le prix de la Fondation nationale pour le livre jeunesse.

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