La pitié dangereuse de Stefan Zweig

La pitié dangereuse de Stefan Zweig
( Ungeduld des Herzens)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Miriandel, le 10 septembre 2004 (Paris, Inscrit le 4 juillet 2004, 63 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 13 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (686ème position).
Visites : 10 925  (depuis Novembre 2007)

Prenant

L'histoire d'une longue descente aux enfers d'un jeune officier damné par sa pitié pour une jeune infirme.
L'atmosphère du roman n'est jamais lourde, quelle que soit la tension de la narration. Et la tension croît sans cesse, au fil des 350 pages vécues sans interruption aux côtés du Lt Hofmiller, homme simple et honnête qui devient au lecteur aussi proche qu'un frère.
Le style est germanique, factuel, mais ne manque ni de fluidité ni de conviction.
A lire.

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Les éditions

  • La pitié dangereuse [Texte imprimé], roman Stefan Zweig trad. de l'allemand par Alzir Hella
    de Zweig, Stefan Hella, Alzir (Traducteur)
    B. Grasset / Les Cahiers rouges (Paris. 1983)
    ISBN : 9782246087151 ; 10,75 € ; 01/04/2002 ; 383 p. ; Broché
  • La pitié dangereuse ou L'impatience du coeur [Texte imprimé], roman Stefan Zweig traduction originelle de l'allemand par Alzir Hella révisée par Brigitte Vergne-Cain et Gérard Rudent
    de Zweig, Stefan Hella, Alzir (Traducteur)
    B. Grasset
    ISBN : 9782246087168 ; 20,30 € ; 12/05/2010 ; 464 p. ; Broché
  • La pitié dangereuse ou L'impatience du coeur [Texte imprimé], roman Stefan Zweig traduction de l'allemand par Alzir Hella révisée par Brigitte Vergne-Cain et Gérard Rudent
    de Zweig, Stefan Hella, Alzir (Traducteur)
    le Livre de poche / Le Livre de poche
    ISBN : 9782253167471 ; 7,70 € ; 16/05/2012 ; 1 vol. (498 p.) p. ; Broché
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Je t'aime, moi non plus

7 étoiles

Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 41 ans) - 4 septembre 2020

Qu’il est étonnant de voir à quel point les époques et les mœurs peuvent changer. Paru en 1939, La pitié dangereuse nous retrace l’itinéraire d’un drame dont l’issue ne fait aucun doute. Tout démarre avec la rencontre d’un jeune officier de cavalerie autrichienne, Anton Hofmiller, et une jeune fille de famille fortunée, Edith de Kekesfalva. Malheureusement victime d’une maladie, celle-ci est devenue paraplégique.
Dès le départ j’ai senti en tant que lecteur le drame arriver. Cet amour sans retour et si passionné ne peut mener nulle part et ce d’autant plus qu’en cette époque l’honneur et le « qu’en dira-t-on » prennent une ampleur non concevable de nos jours. Un simple regard sur les faits divers en atteste. Se donner « en spectacle » est devenu chose courante. Sans parler des atteintes aux personnes…
Mais je m’égare.
Pour en revenir au roman, le plus conséquent jamais écrit par Stefan Zweig, celui-ci est fidèle aux productions précédentes du célèbre romancier autrichien. Style élégant, trame classique, importance des sentiments, bref un roman très classique mais efficace et agréable à lire.

Une histoire superbe et sans concession, un récit profond et souvent passionnant. Universel.

9 étoiles

Critique de Cédelor (Paris, Inscrit le 5 février 2010, 52 ans) - 22 novembre 2016

Stephan Zweig, auteur de ce livre brillant, agite de façon cristalline en présentant une situation romancée typique à l’extrême, les questions essentielles de tout être humain : comment aborder le handicap, se comporter avec la différence ? Plus largement, faut-il dire toute la vérité à quelqu’un même au prix de le blesser, jusqu’à en être cruel ? Doit-on accepter de mentir pour préserver les sentiments d’un autre au prix de la conscience d’un mensonge, jusqu’à en être soi-même culpabilisé ? Doit-on se sacrifier pour le bien-être d’un autre ou doit-on garder pour soi sa totale indépendance au prix de l’abandon d’un autre ? Est-il acceptable de faire le bonheur d’un autre au prix d’un mensonge ? Est-il tolérable de faire le désespoir d’un autre juste parce qu’on n’a pas voulu lui cacher la vérité ? Tout être humain n’a-t-il pas droit à l’espoir et à l’amour, aussi insensés que ce soit ? Est-ce que toute vérité est bonne à dire ? Quel est le juste milieu entre la préservation de soi sans aller jusqu’à l’égoïsme et le soutien apporté à quelqu’un sans s’aliéner soi-même ? Qu’est-ce qui a le plus de valeur, soi ou l’autre ?

Mentir sans tromper, dire la vérité sans blesser, aider l’autre sans s’oublier, être soi sans oublier l’autre, répondre à un amour sans s’y enfermer, agir par compassion plutôt que par pitié comme c’est difficile parfois, comme le montre ce roman magistral sur le sentiment de la pitié et ses conséquences qui peuvent se révéler dangereuses. Il renvoie chacun à ses propres expériences en la matière.

Stephan Zweig place ces interrogations fondamentales dans un contexte ancien et disparu, qui n’a aucun rapport avec notre monde d’aujourd’hui, celui qu’il appelait « le monde d’hier ». Mais si ce contexte n’est plus le nôtre, les interrogations qu’il y pose demeurent toujours d’actualité, étant intemporellement humaines.

Telles sont les lignes de force philosophiques et morales qui sous-tendent cette histoire d’un officier de cavalerie, Anton Hofmiller, qui se débat avec la pitié qu’il ressent pour une jeune infirme et l’amour que cette dernière ressent pour lui.

Une histoire superbe et sans concession, un récit profond et souvent passionnant, écrit clairement dans un style magnifique, mené de main de maître de bout en bout, sans se disperser, où rien n’est superflu. Malgré cela, un rendu plus concis encore de son récit lui aurait peut-être permis de gagner plus encore en puissance et en force et de le faire atteindre au statut de chef d’œuvre absolu, car à sa lecture, une impression de longueur est ressentie à certains passages.

Vienne, le beau lieutenant et l'infirme

10 étoiles

Critique de Odile93 (Epinay sur Seine, Inscrite le 20 décembre 2004, 70 ans) - 9 août 2016

Un jeune lieutenant d'une belle prestance, une famille aisée dans un demeure bourgeoise, une jeune femme paralysée, un père riche mais au passé trouble, un médecin original, la caserne, Vienne. Voici, en style télégraphique ou presque, dressé le décor de ce roman.

Un face à face tragique entre un Anton faible et si humain - un pas en avant, un pas en arrière - et Edith, paralytique mais passionnée , impulsive et très capricieuse.

Le suspense est maintenu jusqu'au bout mais ce n'est pas le lieutenant qui semble mener la danse...

Un très beau roman, un beau rendez-vous chaque fois pour connaître la suite de l'histoire. L'intérêt pour le livre ne baisse pas et de rebondissement en rebondissement, l'empathie peut gagner le lecteur pour ce beau lieutenant qui se laisse piéger et entraîner dans une histoire qui le dépasse.

De l'usage de la vérité

9 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 1 juillet 2014

Dans une ville de garnison, aux confins de l’Autriche et de la Hongrie, un jeune officier désargenté est invité chez un grand bourgeois local, croyant montrer son savoir vivre, il invite la fille de la maison à danser sans savoir qu’elle est infirme des jambes. Mortifié par sa gaffe et sa fuite précipitée du bal, il envoie des fleurs à la jeune paralysée qui lui pardonne cette invitation malencontreuse. Il devient rapidement un habitué de la maison où il apporte un rayon de soleil, la jeune fille l’apprécie beaucoup et le père manifeste de plus en plus d’intérêt à son égard sans qu’il se rende compte que la pitié qu’il éprouve pour la jeune fille et son vieux père l’aspire progressivement dans un piège qui se referme inexorablement sur lui. Croyant bien faire, il laisse abusivement la jeune fille et son père penser qu’elle guérira bientôt mais la frêle enfant ne se contente pas d’une promesse de guérison, elle exige aussi ce qu’il ne veut pas lui donner même s’il fait mine de lui céder.

Ce texte est évidemment une histoire d’amour d’un romantisme exacerbé,digne des amants de Mayerling, d’une tragédie grecque, un regard sur le handicap et le droit à l’amour pour ceux qui sont différents, mais c’est surtout une réflexion profonde sur la pitié et l’art de la prodiguer et plus généralement sur la vérité et l’usage qu’on peut en faire. Que peut-on dire ? A qui ? Quand ? Comment ? Toutes ces questions restent en suspens.

Ce roman est le seul achevé par Stefan Zweig, j’avoue que je préfère ses textes courts malgré la grande qualité de celui-ci, il domine brillamment son sujet même s’il a tendance à chahuter le lecteur en le bousculant trop souvent entre espoir et désespoir absolu. La situation est éclaircie mais non elle s’assombrit, le processus est trop récurrent et tend à alourdir le récit. Mais quand on lit du Zweig on ne se lasse pas, on regrette seulement, si comme moi on n’est pas germaniste, de ne pas pouvoir le lire en version originale surtout quand le traducteur utilise des formules qui semblent un peu hasardeuses. Tout dans cette histoire concourt à l’objet du livre qui est une vaste démonstration à facettes multiples, aucun événement ne figure par hasard dans le texte, chacun étaie, explicite, la vison, la théorie, les impressions,… de l’auteur.

Ce texte a une autre dimension, plus large, il a été écrit juste avant la guerre de 1939/1945 - publié en 1939 - et son intrigue se situe juste avant l’autre guerre, celle de 1914/1918, et, bien évidemment, ce n’est nullement un hasard. Stefan Zweig adresse à travers cette histoire d’amour un message prémonitoire annonçant les événements apocalyptiques qui pourraient, selon lui, survenir. La jeune paralytique est à l’image de l’empire autrichien de 1914 englué dans son passé et ses traditions, dirigé par un vieil empereur cacochyme et l’auteur nous laisse penser que l’Autriche de 1939 n’est pas plus apte à faire face à la montée des dangers qui pointent à l’horizon de l’histoire. Le contexte historique de l’écriture du roman, comme le contexte de l’intrigue, l’époque où la psychologie progressait à pas de géants à Vienne, pèse lourdement sur le roman. Les personnages qui gravitent autour de la jeune fille sont presque tous des faibles qui ont cédé à des compromissions de diverses natures pour préserver leur confort, leur avenir, leur image, leur situation… On pourrait voir dans cette histoire d’amour non seulement un message prémonitoire mais aussi une dénonciation de la faiblesse des dirigeants, et de la société en général, qui ont laissé les barbares s’emparer du pouvoir. Les relents antisémites qui empestent le récit, étaient déjà fort nauséabonds en 1914 et l’étaient peut-être encore plus en 1939, Stefan Zweig ne pouvait plus respirer cette odeur, il avait déjà fui ailleurs et songeait peut-être à quitter définitivement ce monde de barbares.

Le revers de la pitié

9 étoiles

Critique de Antinea (anefera@laposte.net, Inscrite le 27 août 2005, 45 ans) - 17 novembre 2011

Anton Hofmiller est lieutenant au régiment de uhlans basé dans une bourgade de campagne pas très loin de Vienne, en Autriche, à la veille de la première guerre mondiale. Si sa vie n’est pas particulièrement ennuyeuse, il aspirerait toutefois à un peu plus de luxe et de gloriole que ce que sa modeste condition lui offre et lui promet. Mais voilà que, par un hasard qu’il conviendra à chacun de juger heureux ou non à la fin du livre, il se trouve introduit dans la maison d’un aristocrate local, Kekesfalva. Sans le vouloir il fait un affront à sa fille, la fragile Edith, paraplégique depuis quelques années. Honteux de cette faute qu’il n’avait pas voulue, ému par la condition de la jeune femme, il se pétrit d’excuses et de visites, s’attachant peu à peu l’amour possessif de toute la famille. Mais Hofmiller se prend au piège tendu par son égo et sa méconnaissance de ce sentiment terrible : la pitié. Un sentiment étrange fait de compassion et de dégoût, de culpabilité et de mépris qu’il n’avait jamais encore ressenti de façon si prégnante. Il est à la fois dépendant du pouvoir de bonheur qu’il a sur ces gens et incapable de supporter ces jambes inertes et ce malheur oppressant qui le révulsent. Mais plus cette lutte intérieure le dévore, plus il se répand en visites et gentillesses, avançant droit dans le centre de la toile que son égo et cette famille blessée ont tissé pour mieux l’attraper, jeune homme providentiel dont on n’attend pas moins que les miracles que sa faiblesse lui fait promettre…

Ce livre est une analyse chirurgicale de la pitié assez dérangeant. Au travers d’une situation pénible, c’est toutes les formes de la pitié qui sont décortiquées, chacun pouvant, à mon sens, y retrouver et confronter à ces portraits, ses propres ressentis. C’est ce qui me plaît dans Zweig, dont c’est le second roman que je lis : par-delà le récit, il y a une vraie réflexion, une exposition sans concession des pensées humaines qui n’est pas toujours des plus avantageuses.

une révélation

10 étoiles

Critique de Lucine (, Inscrite le 11 novembre 2011, 66 ans) - 12 novembre 2011

Analyse fine d'une époque, d'une relation compliquée entre une jeune fille handicapée et un jeune militaire. Rien n'est laissé au hasard dans ce roman : le contexte historique campe l'histoire et les personnages sont fouillés, aboutis.
L'auteur, nous le savons, est un être tourmenté pour ne pas dire torturé. Sa sensibilité à fleur de peau nous emmène jusqu'aux tréfonds de l'âme humaine. Il traite avec justesse des sentiments, de la jeunesse, du moment, juste avant, qui fait basculer dans le monde des adultes et qui laisse des traces toute la vie.
Ce livre est incontestablement bon.

très beau livre

9 étoiles

Critique de Gg de coat canton (, Inscrit le 30 septembre 2009, 84 ans) - 26 mai 2011

Zweig décortique les sentiments du lieutenant comme nous pourrions le faire pour nos propres émotions; ce jeune homme nous est très proche, si honnête, si fragile. Le piège de la pitié se referme lentement sur lui, inexorablement. Très beau livre.

A la fois démodé et intemporel

7 étoiles

Critique de Eoliah (, Inscrite le 27 septembre 2010, 73 ans) - 22 février 2011

Cette histoire nous donne un bel éclairage sur la société Autrichienne du début du XXiéme siècle. Cependant si les moeurs, us et coutumes datent sérieusement, le piège de la pitié face à une jeune handicapée est lui, bel et bien intemporel.
Ce livre n'est pas très agréable à lire mais très enrichissant.

Une poignante descente aux enfers

8 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 2 août 2006

Et non, la pitié n'est pas la charité, et n'est pas aussi bénéfique ; on devrait même plutôt s'en tenir à la seconde : voilà en somme la morale de ce roman, d'une longueur assez rare pour l'auteur.
La chute est croissante, mais on ressent tout de même de la tension, mêlée à un certain suspense. L'ensemble est assez troublant, autant que sombre, voire austère par moment. Mais l'ensemble est intéressant.

Epoustouflant de vérité

10 étoiles

Critique de Strange (Lyon, Inscrite le 2 août 2006, 35 ans) - 2 août 2006

Je l'ai lu il y a plusieurs mois et pourtant il sonne encore dans ma mémoire. Chaque fois que je croise un mendiant, un infirme etc., je pense à ce livre... c'est beau et terrifiant à la fois. C'est un livre qui relate exactement, au sens propre et avec toute l'objectivité possible le sentiment de la pitié. Nous avons tous eu pitié un jour de quelqu'un ou de quelque chose et lorsqu'on lit se livre, on ne veut plus avoir pitié, on se rend compte que c'est un sentiment détestable !
Et pourtant, pas plus tard qu'il y a quelques jours, la pitié que j'éprouvais envers quelqu'un m'a coûté plutôt cher.. A croire que l'on est condamné, on pourrait se haïr soi-même..
Voilà un livre qui vous fera frissonner de tous les sentiments possibles !

bof

5 étoiles

Critique de Djémsy (Bruxelles, Inscrite le 7 août 2005, 37 ans) - 24 avril 2006

Ouais c'est une bonne leçon de vie mais le livre m'a trop stressée ... On a envie de prendre les décisions à la place du personnage... certains moments sont devinés et pourraient arriver plus vite

Pas mal

7 étoiles

Critique de Norway (Entre le Rhin, la Méditerranée et les Alpes !, Inscrite le 7 septembre 2004, 49 ans) - 21 septembre 2004

C'est un roman que j'ai lu il y a plusieurs années, j'avais bien aimé, mais pas autant que le Joueur d'échecs ou la Confusion des sentiments.

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