Quand le peintre Francis Bacon se confie à son amant ...

« L’Orangeraie » est un roman de Larry Tremblay qui m’avait marqué tant par son sujet que par son écriture, « Tableau final de l’amour » dans un autre registre possède les mêmes qualités et suscite la curiosité du lecteur. En effet, le roman a pour personnage principal le peintre Francis Bacon. C’est surtout son histoire d’amour tumultueuse et passionnelle avec un amant très masculin et plutôt violent qui concentre l’intérêt du lecteur. Le narrateur du roman est le peintre qui s’adresse à cet homme, à la fois amant brusque et à la fois « muse » de l’artiste. Parallèlement à leur histoire d’amour, le lecteur découvre la carrière de ce peintre, ce qui l’a influencé dans sa façon de malmener les motifs qu’il a peints, les personnes qu’il a côtoyées …

Francis Bacon est un peintre fascinant dont on a souvent à l’esprit ses papes impressionnants en train de hurler, ces viandes d’une impudeur totale, mais l’homme n’est pas forcément familier du plus grand nombre. Ce roman ne se veut pas biographie fidèle, il met en scène cette figure marquante tout en soulevant un pan de sa vie amoureuse sans pudeur. Les romans sur les artistes ne sont pas toujours réussis, celui-là l’est ! On oublie même rapidement que cet homme a existé, et l’on en vient à lire la vie amoureuse peu banale d’un homme et sa relation virile avec cet autre homme. Les mots de Larry Tremblay sont toujours d’une grande efficacité et l’on se laisse porter par les courts chapitres et les confidences de l’artiste. Cette histoire d’amour n’est pas forcément romantique, la violence est même au centre de leurs rapports. On pense souvent à Jean Genet et ce roman pourrait presque être un hommage à cet écrivain français peu académique.

L’homosexualité occupe une grande place dans le roman et la vision qui est donnée à voir n’est pas édulcorée. Le premier rapport sexuel du peintre est évoqué, ainsi que ceux avec cet homme ou avec ce jeune artiste Alex. Le corps allie douleur et plaisir et ces hommes sont très masculins. Le peintre se confie avec simplicité et de façon directe, sans éveiller de jugements de la part du lecteur qui pénètre dans un univers fascinant et glaçant parfois. Derrière cette relation amoureuse passionnelle, l’amour point et le lecteur prend conscience qu’il y a vraiment plein de manières différentes d’aimer.

Le roman commence ainsi : « Tu es venu pour me voler. Je dormais dans mon atelier. Sale et taché. J’ai entendu une vitre voler en éclats. L’intrus qui s’approchait de moi n’était pas subtil. »

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  Tableau final de l'amour

  de Tremblay, Larry
  La Peuplade
  ISBN : 9782924898987 ; 18,00 € ; 19/08/2021 ; 216 p. ; Broché

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