Dernier amour de Christian Gailly
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Exquise épure
Paul Cédrat est compositeur de musique contemporaine. Ce soir, il se trouve à Zurich pour assister à une représentation lors de laquelle une de ses oeuvres va être jouée par un célèbre quatuor de musiciens. Son quatuor à cordes, opus 12 passera entre un opus de Haydn et un autre de Beethoven mais sera chahuté par un public non réceptif à cette musique par trop lugubre et répétitive. Lecture cruelle que celle de ce compositeur et son oeuvre rejeté par un public.
Mais un autre hic perturbe Paul Cédrat. Depuis trois mois, il sait qu'il va mourir. Et, dès la représentation terminée, Paul rejoint sa villa de la côte bretonne afin de vivre ses derniers moments. Non sans avoir enjoint à sa femme Lucie, son amour de toujours, de partir, pour ne pas avoir à vivre elle aussi la rapide agonie. Paul a décidé de se retirer du monde. Dans cette villa au bord de la mer, repère de ses souvenirs et de se amours avec Lucie, il va découvrir tout une dernière fois avant de refermer le "grand livre" de la vie : les teintes de la villa, les parfums, les bruits de la mer,.... Dans cette villa, Paul Cédrat va peut-être même connaître son dernier amour.... Inutile d'en dire plus....
Christian Gailly nous montre avec son dernier roman qu'il n'est point besoin d'en faire trop pour émouvoir le lecteur. Un minimum d'effets savamment "orchestrés" peut souvent engendrer des plus beaux romans. Et toujours, chez Christian Gailly, ce sens musical de la narration, la sonorité de certaines descriptions (notamment celle de la mer bretonne). Un roman simple et serein. Une exquise épure
Les éditions
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Dernier amour [Texte imprimé] Christian Gailly
de Gailly, Christian
les Éditions de Minuit
ISBN : 9782707318855 ; 12,15 € ; 15/09/2004 ; 121 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (9)
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La vie musicale
Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 29 juillet 2005
« Christian Gailly nous met en garde sur la disparition de ces petits plaisirs de la vie auxquels on ne fait pas assez attention : le touché d'un maillot, le son d'une mélodie, le goût amer du café, et de celui d'un croissant, et celui d'un croissant... le contact avec le cuir dans les taxis, le gris d'un peignoir et l'importance subitement vitale de la nuance de ce gris,... Nous avons pitié, nous avons mal, nous sommes essoufflés, nous voulons vivre. Mais nous vivons, notre souffle s'éclaircit, notre mal s'estompe et au diable notre pitié. » (Maloulou )
Que dire après ceci ou le beau résumé de Nothingman ?
L’exergue d’A. Schoenberg ? « La gamme de do majeur a encore de belles mélodies devant elle. »
Une phrase parfaite, avec cette place du « loin » ? « Elle fait partie de ces femmes qui s’en vont loin nager longtemps ». On peut se la répéter plusieurs fois comme un vers, sans se lasser. « ...Qui s’en vont loin nager longtemps»
Un conseil avisé ? « Les glaçons d’abord. Dans le fond. Le whisky par-dessus. Pas le contraire. Compris ? C’est très important. »
Cette peinture en acte ? « Parvenus au point le plus à droite. Là où commence la côte sauvage. Ses yeux se posèrent sur une tache gris clair. Bien visible sur le sable humide jaune foncé Près d’un rocher noir. Magnifique rapport de couleurs. »
Cette remarque ? Christian Gailly rend hommage à Christian Oster (c’est dans Une femme de ménage) : » Je ne sais plus quel écrivain disait que les gens vautrés, ou pas vautrés, assis ou allongés, sur une plage ont l’air d’attendre la mort. » J’avais remarqué depuis quelques années cette complicité des deux Christian de chez Minuit, notamment dans cette tendance du style volontiers austère d’Oster à s’éGaillyer.
Petite Musique d'avant la Nuit
Critique de Fee carabine (, Inscrite le 5 juin 2004, 50 ans) - 23 juin 2005
Des phrases courtes qui font procédé? Peut-être. Au début. Et puis, on oublie ce côté systématique pour ne plus voir que chacune de ces petites étincelles qui viennent encore illuminer le regard de Paul Cédrat. Et chacune des notes qui vient encore s'ajouter à la partition de sa vie, chacun de ses pas sur la plage, est une petite victoire. Un instant de grâce à savourer, ce que l'écriture de Christian Gailly nous permet de faire, tout en délicatesse et en sensibilité.
Et je confirme: il faut le lire...
Amour toujours
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 14 décembre 2004
Le sujet est bien traité. Les petits riens peuvent devenir des moments importants. Tout le monde sait ça, encore faut-il qu'on en fasse prendre conscience à la lecture, tout bon.
Un bémol quand même, et d'autres critiques éclairs de dernier Amour s'en sont fait écho, je ne sais pas si c'est définitivement le style de C. GAILLY (c'est mon premier), mais il a comme une manie. Les phrases courtes. En fait pas phrases puisqu'il y a souvent absence de verbe. Hyper ponctuées, et surtout par des points. Quand ça tourne au systématisme, ça fait procédé. Un exemple :
"Et ça passa. Et ça étant passé. Il acheva le mouvement de son installation dans la voiture. Et celui ci étant achevé. Put enfin savourer l'extraordinaire confort de la Mercedes..."
Ca confine à la faute de style. Dommage car c'est très fin, encore une fois très sensible ... Bref, il faut le lire
Mitigée
Critique de Mitzuko (, Inscrite le 19 juin 2004, 45 ans) - 7 décembre 2004
J'ai aimé l'histoire, la trame, qui allie beaucoup de contrastes: atmosphère fraiche mais lourde...
En revanche, le style de l'auteur m'échappe et manque (pour moi) d'un peu de fluidité (j'ai compris le sens de la ponctuation, mais je l'ai trouvée un peu trop présente). Tout comme Clarabel, je ne suis pas parvenue à m'attacher aux personnages.
Pour conclure, beaucoup d'originalité mais une originalité qui ne m'a pas touchée...
Dernier amour dans un dernier bonheur
Critique de Maloulou (, Inscrite le 8 novembre 2004, 36 ans) - 8 novembre 2004
Paul compose des musiques tristes, trop tristes, des musiques lentes, trop lentes. Le public ne veut pas de ces musiques qui remettent en cause notre existence. Le public hue. Mais si Paul compose ainsi c'est parce qu'il sent sa fin approcher. Court livre sur la fin de la trop courte vie de cet homme malade et profitant des derniers plaisirs du vent, du temps, de la vie. "En attendant, avance." trois mots résumant la fin de cette homme qui pense : tant que je vis, tant que je respire, tant que je me tiens, j'avance pour mieux me tenir, mieux respirer, mieux vivre.
Christian Gailly nous met en garde sur la disparition de ces petits plaisirs de la vie auxquels on ne fait pas assez attention : le touché d'un maillot, le son d'une mélodie, le goût amer du café, et de celui d'un croissant, et celui d'un croissant... le contact avec le cuir dans les taxis, le gris d'un peignoir et l'importance subitement vitale de la nuance de ce gris,... Nous avons pitié, nous avons mal, nous sommes essoufflés, nous voulons vivre. Mais nous vivons, notre souffle s'éclaircit, notre mal s'estompe et au diable notre pitié. Nous, nous vivons. Lui, il est déjà mort. Pas totalement mais assez pour nous se qui va lui manquer. Et que va-t-il plus lui manquer que l'amour : son dernier amour, sa baigneuse ?
Nous suffoquons par cette écriture saccadée, nous perdant dans les mots, les objets de peu de valeur. Nous cherchons les mots avec Paul. Nous allons à l'essentiel avec lui. Les phrases se succèdent, souvent comblant par un seul mot un oubli, comme dans souffle. C'est l'importance de ce temps là qu'elles mettent en scène : un oubli. Un mot suffira mais il le faut maintenant. Un autre oubli et encore un autre. Le charme opère à son rythme, l'émotion nous gagne.
Dernière mélodie, course poursuite contre le temps, fatalité de. Un Dernier amour qui, des jours après sa lecture, s'intensifie en émotion. En deux mots : A LIRE. Car en attendant, il faut avancer.
Pas du tout séduite
Critique de DoDo1606 (Chelles, Inscrite le 24 octobre 2004, 36 ans) - 24 octobre 2004
Certes ce n'est pas un roman à l'eau de rose mais ce n'est pas pour autant que j'ai apprécié ce livre...
Il faudrait peut-être que l'auteur, Christian Gailly, apprenne à faire des phrases correctes ?
En lisant, j'ai l'impression qu'il ne connait que les points comme signe de ponctuation.
Pour moi, c'est un texte plat, malgré un style particulièrement simple, l'écriture est ennuyeuse, je ne m'imagine pas du tout lire ce livre devant un public, je pense que cette lecture serait d'un ennui mortel, et pour moi, et pour mon public...
Les phrases sont très courtes !!! Je ne peux pas lire plus de 5 pages d'affilées à cause de ces points remplaçant les virgules !
Pour conclure, je pense que vous aurez compris que je ne conseille à personne de lire ce livre sauf si vous appréciez vraiment cet auteur et la musique !
A bout de souffle
Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 5 octobre 2004
Les médecins lui ont donné trois mois. Il lui reste deux jours. Il reste deux jours à ce grand corps maigre et usé. Deux jours pour quoi ? Deux jours pourquoi ?
Ça ne commence pas vraiment bien pour Paul, cette chronique d’une mort annoncée : son grand quatuor est copieusement hué en sa présence par un public qui scande le nom de Beethoven. Et Gailly nous lance sur cette piste qui revient comme un fil rouge dans ses romans : la musique. Une musique omniprésente, qui nous stimule et nous berce, nous remue et nous fait frissonner, comme ces standards du jazz pianotés comme sans y songer : «The shadow of your smile», «Fly me to the moon», «Bye Bye Blackbird». Nostalgie, encore et toujours. L’ombre d’un sourire, la lune toujours espérée, l’oiseau noir qui guette… Une musique qui se glisse jusque dans le rythme des phrases. Brèves. Hachées. Interrompues. Des phrases qui s’arrêtent avant d’aller au bout. De leur destinée de phrases. Des phrases qui perdent avant la limite. Et qui nous choquent un peu. Au début. Qui nous font croire au procédé. Jusqu’à ce que nous comprenions. Qu’il est à bout de souffle, Paul. Qu’il passe son temps à chercher sa respiration. Qu’il lui faudra les deux petites heures que nous passerons à lire ce roman pour expirer. Peut-être. Car la dernière phrase lui laissera un espoir. Nous laissera un «peut-être». Comme à sa femme. Un sursis. Comme à nous.
Et puis, bien sûr, il y a la vieille hypothèse, la vieille tentation : «S’il ne vous restait que deux jours à vivre?»
Oui, qu’est-ce qu’il va décider, Paul, pour ces deux derniers jours? A supposer que l’on décide un jour, que l’on décide enfin. Hâter la fin, peut-être, aider la mort. Il y songe. Comme nous. Ou l’oublier, la tenir à l’écart. Tenter d’effacer les gribouillis de la mort avec la belle gomme douce de l’amour. Vivre un dernier amour avant la mise à mort. Avec cette femme, pourquoi pas, cette belle nageuse échouée sur son rivage comme une sirène, comme une Vénus : «Ses jambes sont longues, ses bras sont fins. Elle est belle. Rien à voir avec une jolie fille. C’est une belle femme.»
Et, bien sûr, elle lui ressemble, la naïade. Comme une sœur. Comme la moitié qui, paraît-il est faite pour nous de toute éternité et qui nous attend quelque part sur la terre : «C’est tout de même bête d’avoir passé toute sa vie avec une femme et de s’apercevoir seulement maintenant qu’on est fait pour marcher au bras d’une autre. L’a-t-il pensé? Senti? Bien sûr que oui. Mais ça n’était que cette vieille envie de vivre. Non pas de recommencer. Juste continuer.»
Envie d’être en vie, Paul. Comme nous.
Comme nous qui refermons ce petit livre en ayant remué un peu nos propres rêves, nos propres doutes, comme après toute bonne lecture. En ayant réfléchi, aussi, aux raisons qui ont fait huer, au début, le quatuor de Paul. A la difficulté d’imposer une voix neuve quand le public est plein de Beethoven. A la gageure de composer après Beethoven. Comme d’écrire après Balzac. Ou Proust. Ou Gailly…
simple et beau
Critique de Ulrich (avignon, Inscrit le 29 septembre 2004, 49 ans) - 29 septembre 2004
Paul lui veut être seul, loin de celle qui avec qui il a partagé sa vie, seul face à ses échecs et les manques de son existence.
Alors, il s’isole. Seul, en face de la mer, il tombe amoureux. Amoureux d’une inconnue sur la plage que le hasard le pousse à rencontrer. Tombe-t-il amoureux ou sa sensibilité exacerbée à la fin de sa vie ouvre un peu plus grand son cœur ?
L’écriture de Christian GAILLY est douce, douce comme les dernières 48 heures que Paul vit. Ce petit livre se lit tout seul. Très beau. Et puis, il nous interroge, forcément. Il nous amène à nous poser ces terribles questions ; avons nous réalisé nos rêves, réussi nos ambitions ? l’amour est le seul moteur de nos vies ?
A découvrir
Pas vraiment séduite
Critique de Clarabel (, Inscrite le 25 février 2004, 48 ans) - 16 septembre 2004
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Austère Oster, égaillé Gailly | 1 | Lucien | 29 juillet 2005 @ 18:07 |