La Porte du voyage sans retour ou les cahiers secrets de Michel Adanson de David Diop

La Porte du voyage sans retour ou les cahiers secrets de Michel Adanson de David Diop

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Pascale Ew., le 7 novembre 2021 (Inscrite le 8 septembre 2006, 56 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (26 953ème position).
Visites : 1 564 

Entre véritable attrait pour la culture de l'autre et culture prédominante

La fille du botaniste passionné Michel Adanson retrouve après sa mort des carnets relatant son séjour au Sénégal au milieu du XVIIIème siècle. Jeune homme, il partait découvrir la faune et la flore et entreprit par la suite de rédiger une encyclopédie exhaustive – l’œuvre d’une vie qui le prit tout entier sans qu’il ait le temps de s’occuper de sa fille et qui engendra son divorce - qu’il ne parvint jamais à faire publier.
Le chef du village de Sor où il résidait lui apprit l’histoire d’une femme disparue, sans doute prise en otage pour devenir esclave, mais dont on disait qu’elle était revenue. Subitement intrigué, Adanson entreprit une expédition pour tirer cette histoire au clair (sous prétexte de recenser de nouvelles espèces)...
Ce roman est distrayant, nous fait voyager dans le temps et l’espace, et mesurer la distance entre les cultures au temps de l’esclavagisme.

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Les éditions

  • La Porte du voyage sans retour ou les cahiers secrets de Michel Adanson
    de Diop, David
    Seuil
    ISBN : 9782021487855 ; 16,00 € ; 19/08/2021 ; 256 p. ; Broché
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Regard sur le Sénégal au XVIIIème siècle

6 étoiles

Critique de Mimi62 (Plaisance-du-Touch (31), Inscrit le 20 décembre 2013, 71 ans) - 7 juin 2022

Michel Andanson, dont j'ignorais totalement l'existence jusqu'à cette lecture, n'est que le personnage inspirateur pour ce roman d'après la quatrième de couverture. On ne peut donc aborder ce livre comme une biographie mais bien comme un roman présenté sous forme de carnet de voyage.

Faut-il y voir d'abord un moyen de décrire la situation du Sénégal, et surtout des Sénégalais, au XVIII ème siècle ou considérer ce contexte comme le décor à une histoire d'amour impossible justement en raison du lieu et de l'époque où elle se déroule ?

Pour ma part, j'ai apprécié la présentation du fonctionnement de ce pays, de son organisation, des valeurs culturelles, de la mise en place de la traite esclavagiste. L'histoire amoureuse m'apparaît comme le fil rouge permettant de faire avancer le personnage principal dans le temps et dans l'espace. Cette histoire amoureuse n'est pas l'essentiel mais elle est indispensable pour le déroulement du récit.

Sans être un ouvrage historique, il est évident que l'auteur connaît son sujet.

Sans aucune arrière pensée péjorative, j'ai lu un joli roman de vulgarisation sur la situation économique et politique de ce pays à cette époque.

L'écriture qui se fait oublier est, comme à mon habitude, un excellent vecteur pour entraîner le lecteur au fil du déroulement.
La présentation sous forme de carnet de souvenirs lu par la fille du narrateur permet de donner un instantané selon un seul regard ayant pris du recul sur tout ce vécu.
Je m'interroge cependant sur l'intérêt d'avoir choisi de faire parler le personnage de Michel Andanson alors qu'il est bien précisé qu'il n'est que l'inspirateur. Les propos de ce dernier ont donc, à un moment ou un autre, été modifiés, voire inventés. Ou il s'agit d'une biographie qui impose un propos le plus proche de la réalité, ou l'on est dans un roman (comme cela est bien précisé dans l'ouvrage) et dans ce cas le personnage doit également être imaginaire.

J'ai trouvé ce roman intéressant, en suis sorti avec quelques connaissances en plus au fil d'une aventure que l'on suit tranquillement avec intérêt.

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Il ne craignait pas la mort, il déplorait qu'elle soit inutile à la science.

Elle était comme ces athées qui craignent de succomber à la croyance en dieu le jour de leur mort.

Elle voulait être une pionnière, conquérir une beauté nouvelle pour ces lieux plutôt que reconquérir leur magnificence perdue.

Quand les châteaux s'écroulent au bout de quatre siècles parce que les hommes qui les ont construits et les descendants ont disparu, seuls les arbres qu'ils ont plantés tout autour résistent au temps.

Pour lui les encyclopédies et les dictionnaires étaient les ouvrages les plus profitables car leurs auteurs, contraints par la brièveté de leurs articles; n'avaient pas le temps d'y jouer les courtisans.

Les paroles des griots, qui peuvent être ciselées que les plus belles pierres de nos palais, sont leurs monuments d'éternité monarchique.
(Griot : Afrique de l'ouest, poète des louanges et déclamations sur les héros fondateurs et le merveilleux)

Que les Nègres n'aient pas construit de bateaux pour venir nous réduire en esclavage et s'approprier nos terres d'Europe ne me paraît pas non plus comme une preuve de le leur infériorité, mais de leur sagesse.

belle histoire d'amour

9 étoiles

Critique de CHALOT (Vaux le Pénil, Inscrit le 5 novembre 2009, 76 ans) - 5 avril 2022

« La porte du voyage sans retour »
roman de David Diop
253 pages
août 2021
Editions Flammarion

Un beau roman qui revient sur la colonisation

L'auteur qui, né à Paris a passé toute son enfance au Sénégal s'est inspiré de la vie d'un naturaliste français du 18ème siècle et un petit peu au-delà, pour revenir sur le temps de la colonisation.
A la mort de son père, naturaliste, en 1806, Aglaé, sa fille, découvre des carnets écrits pour elle par son père.

Elle y rencontre un homme, trop souvent absent qu'elle connaissait peu.

C'était au temps où les « bons » blancs allaient « éduquer » les populations autochtones.

L'esclavage n'est pas seulement toléré, il est institutionnalisé, œuvre des royaumes africains, partagé très largement par les blancs et notamment par les représentants du roi qui y trouvaient des ressources personnelles.

Michel Adanson a une haute idée de la civilisation et de l'inculture de ces indigènes, mais jeune, il est prêt à casser ses représentations pour s'en construire d'autres, ce qu'il va faire.

A la suite de concours de circonstance, notre héros va faire la connaissance d'une jeune fille, promise à l'esclavage.

Il va la rencontrer et tout de suite tomber amoureuse de Maram, cette très jolie « négresse » qui va lui conter son histoire dramatique et merveilleuse.
Avant de continuer, je rappelle que le « terme » négresse, qui peut choquer toute personnes vivant au 21ème siècle, était un nom usité pendant des dizaines d'années, au 18ème et au dix neuvième siècle entre autres.... L'auteur reproduit les cahiers de voyage du botaniste écrit en ces temps-là.
Ceci étant dit et précisé, revenons à l'histoire.

Maram échappe au désir monstrueux de son oncle, prêt à violer cette fille d'un peu plus de 15 ans, pour tomber dans le filet d'un autre prédateur. C'est ainsi qu'elle raconte «  Le Blanc avait cessé de rire. Il me regardait me rhabiller de tout son être, avide, à l'arrêt. »
Il n'y a pas des « sauvages » et des « civilisés «  mais des hommes qui pensent et agissent comme humains et des monstres.
Est-il possible, à cette époque résulte d'une rencontre fortuite entre deux êtres différents ?
Un Blanc et une femme noire, peuvent-ils s'aimer ?

Cette histoire émouvante et riche en rebondissements conte cette quête de l'amour interdit mais tellement puissant....

Jean-François Chalot

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