Frémissements de Thilde Barboni

Frémissements de Thilde Barboni

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Fee carabine, le 4 septembre 2004 (Inscrite le 5 juin 2004, 50 ans)
La note : 10 étoiles
Discussion(s) : 1 (Voir »)
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Un livre comme la caresse d'une brise printanière

"Frémissements"? Les frémissements délicieux et un peu angoissants qui accompagnent le pressentiment d'un nouvel amour? Un amour qui n'est pas encore mais dont on pressent confusément la possibilité dans la caresse d'un regard ou l'inflexion d'une phrase, d'une tendresse inattendue. Ou bien les frémissements presqu'imperceptibles qui signent l'ébauche d'une libération intérieure, l'esquisse de la libération d'une âme prise par les glaces lorsque paraît un rayon de soleil? Ou encore les frémissements de la fièvre et du vertige, lorsqu'un tourbillon d'émotions se font jour dans un coeur qui s'était replié sur une douleur ancienne?

Pour Stella, l'héroïne des "Frémissements" de Thilde Barboni, jeune maman divorcée qui veille presque jalousement sur sa petite fille, c'est tout cela à la fois. Le père de camarades d'école de sa fille à peine aperçu à la sortie des classes, et voilà que la fièvre monte: "Ce n'est donc que de cela qu'il s'agit? Je souffre d'innamoramento. Cette fièvre m'emporte vers des souvenirs patiemment enfouis sous les sédiments de ma mémoire, bouscule des sensations lovées dans un substrat émotionnel qui, je m'en aperçois aujourd'hui, ne demandait qu'un peu de soleil, un regard pour faire germer dans le désordre toute une série d'émotions m'emportant dans un vertige incontrôlé." Frémissements peut-être d'un nouvel amour, oui. Et frémissements de souvenirs soigneusement enfouis qui refont surface, timidement, comme on voit les premiers crocus sortir de terre au printemps. Tout d'abord, il y a les souvenirs de ces semaines passées en Italie chez la nonna, dans la chaleur de la communauté villageoise et toute la tribu des oncles, tantes, cousins et cousines, les conversations un peu tendues au téléphone avec ses parents, le pressentiment d'une menace. Et puis, d'autres souvenirs, dix ans plus tard, lorsque le cancer revient cette fois pour lui ravir sa maman pour de bon, et que le père est parti, refaire sa vie ailleurs, là où la vie est plus douce. Alors, il y a la souffrance ravalée d'abord parce qu'il le fallait bien pour donner à la mourante quelques instants de répit et un semblant de paix, et puis quand tout fut fini, la souffrance ravalée encore parce qu'il fallait bien vivre...

Thilde Barboni décrit d'une plume sensible les émotions qui affleurent dans l'âme de son héroïne, et puis son lent réveil, la séparation d'avec sa petite fille qu'elle a enfin pu se résoudre à confier à son père pour quelques jours et les retrouvailles avec l'Italie et la chaleur de ses souvenirs d'enfance, et enfin l'espoir d'un apaisement, d'une vie plus pleine et plus chaleureuse, à peine une lueur mais c'est déjà beaucoup.

Un très beau livre, à lire absolument pour cette lueur d'espoir, si fragile et si forte.

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  Sujets Messages Utilisateur Dernier message
  Très belle critique ! 2 Cuné 8 septembre 2004 @ 05:36

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