Le Premier Exil de Santiago H. Amigorena

Le Premier Exil de Santiago H. Amigorena

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par TRIEB, le 14 août 2021 (BOULOGNE-BILLANCOURT, Inscrit le 18 avril 2012, 73 ans)
La note : 8 étoiles
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POURQUOI ECRIRE?

SANTIAGO H. AMIGORENA

Voilà un roman qui pose des questions essentielles : la signification de l’acte d’écriture, les composants de la situation de l’exil, le poids de l’histoire sur les conduites et les consciences individuelles. Santiago Amigorena s’attache à décrire les origines et les conditions premières de son enfance, en Argentine, puis de son exil vers l’Uruguay dans un premier temps, la France dans un second. Il nous entretient de ses parents, de ses premières années dans l’existence, marquées, déjà, par la crainte de la mort : « Oui, la mort a ceci d’irrémédiablement beau et terrifiant à la fois ; en ouvrant une nouvelle ère de notre existence, celle de l’absence de l’être cher et disparu, elle débute un cauchemar, ou une série de cauchemars plutôt, et les débute de telle sorte qu’on croit constamment que d’un moment à l’autre on va se réveiller-et que la mort n’aura pas eu lieu. »
L’auteur aborde avec bonheur comment les souvenirs se sédimentent dans la mémoire d’un individu, comment les premières blessures sont administrées par l’existence, avec un acharnement variable, il est vrai : « Puis, pendant la jeunesse, nous commençons de vivre avec le monde-et le monde commence de vivre avec, ou contre nous. Parmi les nombreuses blessures qu’il peut infliger à chacun, il m’avait réservé l’exil. »
Le lecteur trouvera dans cette belle évocation des réflexions sur le sens de la démarche d’écrire, sur le passage de la pratique d’une langue, l’espagnol, à une autre , le français , lorsque Santiago Amigorena s’établit en France ; il ne manquera pas d’y remarquer à quel point l’Amérique Latine a été marquée , dans les années soixante-dix, par l’établissement de dictatures cruelles et génératrices d’immenses souffrances pour les populations de ces contrées : « Durant six ans en Uruguay, escortant la joie de cet âge béni d’avant l’adolescence et l’enthousiasme révolutionnaire de la fin des années 70 du XXe siècle, je n’allais cesser de voir des adultes fermer des fenêtres et éteindre des ciels (….) Toute cette classe moyenne qui, en Uruguay comme en Argentine, allait fermer les yeux à chaque fois que les militaires feraient un pas supplémentaire pour s’approprier le pouvoir et, une fois au pouvoir, un pas supplémentaire vers la barbarie. »
Peut-on être plus clair dans ce diagnostic d’une lucidité exemplaire ?

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