Le cusinier se poile de Etienne Pichault

Le cusinier se poile de Etienne Pichault

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Débézed, le 12 août 2021 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans)
La note : 7 étoiles
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Des aphorismes au menu

Dans sa biographie l’éditeur précise qu’Etienne Pichault est avant tout restaurateur, il tient avec sa femme et ses enfants « Amour, maracas et salami », une enseigne qui est déjà tout un programme et qui pourrait inspirer nombre d’auteurs. Cependant, la cuisine ne le comble pas totalement, il a un faible pour la littérature, son biographe, pour la circonstance, cite Proust, Jarry, Beckett et même Corneille et Racine… Il ose l’écriture et, en 2019, publie, dans un tirage très limité, « Le cuisinier se poile » que « Cactus inébranlable éditions » réédite cette année. Ce nouvel opus dans la fameuse collection des « P’tits cactus » se présente comme une originalité, les artistes de la bonne chair ont inventé moult formules pour vendre le produit de leur art culinaire aux gourmands et gourmets de la planète. Etienne a inventé l’ « aphoristonomie » comme d’autres avant lui on inventé la bistronomie. Sous sa toque, il concocte les meilleurs jeux de mots, traits d’esprits et aphorismes qu’un cuistot peut pêcher dans le chaudron où il mitonne sa potion magique.

C’est ainsi que peu à peu « il a lié ses sauces avec une émotion certaine » pour mitonner « des jeux de mots, qui se suffisent à eux-mêmes et d’autres encore qui ouvrent l’horizon d’une réalité augmentée, auxquels s’ajoute l’une ou l’autre contrepèterie », confie le préfacier auteur de la « Mise en bouche » servie en entrée.

Gourmand je le suis, gourmet j’essaie de l’être, aussi me suis-je précipité sur le menu proposé par Etienne. En entrée j’ai commandé quelque des jeux de mots bien assaisonnés :

« Il était tard pour manger des grenouilles. »
« Je ne sais plus où j’ai mangé du lieu. »

Pour le plat de résistance, j’ai opté pour des traits d’esprit jouant sur le double sens des mots ou sur la confusion qu’ils pouvaient générer :

« Il ôta son veston pour manger des pommes de terre en chemise. »
« Ce soir je reçois ma femme de ménage : au menu, foie gras au torchon et raclette. »

Pour le dessert, je me suis contenté de quelques mignardises au goût particulièrement subtil :

« Allah soupe ! »
« Le chocolatier va au bal hautain. »

J’aurais pu être plus gourmand, le tenancier avait beaucoup de gourmandises en réserve mais je me suis contenté d’un cordial pour la route :

« J’ai bu le café avec l’athée hier. »

Et pour les plus voraces le patron a tout spécialement cuisiné des petites nouvelles en revisitant l’art de l’assonance et de l’altération, n’hésitez pas, abusez même, la cuisine du chef est tout ce qu’il y a de plus digeste ! Un abus ne pourrait que vous faire mourir de rire ! Et Pierre Kroll a jouté son grain de sel avec des dessins aussi drôles par le trait que par la légende.

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