Un été anglais: Il avait 15 ans, elle en avait 40... de Marc Desaubliaux

Un été anglais: Il avait 15 ans, elle en avait 40... de Marc Desaubliaux

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Mimi62, le 2 août 2021 (Plaisance-du-Touch (31), Inscrit le 20 décembre 2013, 71 ans)
La note : 8 étoiles
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Premières amours et leur incidence sur une vie

Les tourments, la découverte de la vie, les passions, les espoirs, les déceptions dans la vie d'un adolescent... Une fois de plus, Marc Desaubliaux met sa sensibilité, sa perception de cette période si particulière, sa plume, au service d'un roman touchant, émouvant, délicat sans aucune mièvrerie.
Tout est abordé avec une finesse de perception, une pertinence d'analyse rarement rencontrées et même jamais rencontrées auparavant en ce qui me concerne.
Sur ce sujet qui pourrait devenir scabreux l'auteur sait parfaitement éviter l'écueil grâce à la connaissance qu'il a de cette période si particulière. Il réussit magistralement à faire vivre au lecteur les contradictions tempétueuse de l'esprit et du corps.
Il y eut des précédents célèbres comme Le blé en herbe, mais la situation rencontrée dans "Un été anglais" est tout à la fois différente mais traitée avec encore plus de profondeur. Ce que j'ai pu lire jusqu'ici se présente maintenant comme superficiel. Desaublaiux sait aller au plus profond des choses, mettant superbement en évidence tout ce tumulte intérieur.

A la différence d'autres romans qu'il a déjà écrits portant sur la traversée de l'adolescence, cette fois, on retrouve le héros des années plus tard alors qu'il est aux portes du troisième âge. C'est l'occasion d'un bilan des années passées dans lequel est essentiellement pris en compte l'incidence du vécu de ces années sur la vie adulte.

Peut-être certains trouveront la fin un peu trop romanesque mais, pour ma part, cela ne m'a nullement gêné, au contraire même, elle permet d'ouvrir la réflexion sur l'importance de ce qui se passe à ce passage entre l'enfance et l'âge adulte. Cette partie est d'une nature plus classique dans l'écrit mais elle a sa place dans le récit.

Pour l'écriture en elle-même, on retrouve une écriture fluide, agréable, soignée, ce qui rend d'autant plus incompréhensible l'entêtement ou la méconnaissance de l'auteur quant à la confusion du verbe avoir et être ("j'ai été" au lieu de "je suis allé"). Ce qui est supportable lorsque cela se produit accidentellement devient profondément agaçant lorsqu'il est systématique.
De même, pourquoi rompre un élan par la brusque intervention d'un point afin de placer une "phrase nominale" ?
On trouve aussi quelques coquilles orthographiques mais l'auteur ne peut en être tenu pour responsable.

Malgré cette dernière remarque négative, sur le thème des tourments de l'adolescence, de l'emprise des sens, de la relation ados adultes, ce roman fait partie de ces pépites si rares à trouver.

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"La pluie recommença à rayer la vue sur le parc. Elle me donna rendez-vous avec le cafard, ce vieil ami du pensionnat. Mon compagnon le plus proche. Il s'imposa à moi et créa des reliefs escarpés qui venaient s'installer sans bruit au coeur de mes pensées. Les longues journées de pluie au pensionnat, à Paries, en Bretagne ou dans l'Aisne. A l'abri de tout, loin des ennuis."

Dans cet ensemble de très belles phrases, pourquoi casser la mélancolie par des points. Le personnage principal est entraîné dans cette descente dans la mélancolie et, sans aucune raison l'écriture le brutalise, comme pour le sortir de ce glissement où il se complaît. Pire encore, cela se répète par deux fois.


"Il me semble qu'en France vous voyez les choses autrement : chez vous, c'est le travail, le notes, les diplômes. Nous, c'est l'éducation, les bonnes manières, les relations, le caractère."

La lumière électrique s'épuisait de plus en plus et me faisait penser à une lampe électrique dont la pile n'aurait presque plus d'électricité.J'éprouvais cette curieuse sensation d'une tristesse délicieuse, ce besoin de m'isoler de longues minutes, de m'écouter gémir, d'être attentif aux bruissements de mon âme en émoi. Le silence, le refus des paroles. Je pensais à rien, ne reprochais rien à personne. Je semblais déchiré par la naissance d'un nouveau personnage, si différent de celui que je connaissais depuis toujours."

"Ce qui arriva ensuite s'apparente à un vaste mélange de sentiments contradictoires.Une tempête où tout se défait, où les vents contraires me transportent parmi les tourbillons, les à-coups, les claquements. On y trouve tout de même des éclaircies, de la joie et du plaisir mais aussi de l'effroi et de la désolation. Comment aurais-je pu m'y retrouver dans tout ce bric-à-brac de sentiments confus, de ressentis sans la capacité de mettre un nom ou un autre dessus, de faire un inventaire et de ranger chaque chose à sa place."

"Mon sublime espoir : revenir ici car c'est ici que tout a basculé au cours de ce mois de juillet 1968. Avant, les murs de la forteresse tenaient encore bon mais après, les maçonneries se sont effritées, des brèches sont apparues, des trous. Les fondations ont pourri et tout a basculé dans la maladie. Reprendre ici ce qui aurait dû être autre. Et chaque tour de roue du train, chaque centimètre de paysage mangé par la vitesse, chaque parcelle de terrain avalé me rapprochent de l'aiguillage défectueux. J'ai pris une mauvaise voie. A moi de revenir au quai du départ et à monter dans le train du bonheur et de la sérénité."

"Le miroir du macadam gras où se reflètent les lumières des devantures des magasins, l'odeur des feuilles mortes, des gaz d'échappement, d'huile. De pain chaud, de viandes rôties."
Une jolie phrase imprégnant le lecteur d'une atmosphère mais brutalement déchirée par un point totalement incongru.

Une erreur d'expression :
"ces fameuses publics schools dont on me rabat les oreilles" au lieu de rebat.

Le "et", conjonction de coordination sert à unir deux mots de même nature (ou deux propositions). Ici, la présence en début de phrase est un usage totalement contraire à la grammaire de base et n'apporte rien au sens, au contraire.
"Des mains fines avec des ongles soignés. Et je me sentais mal à l'aise devant une femme aussi élégante."

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