Et ces êtres sans pénis ! de Chahdortt Djavann

Et ces êtres sans pénis ! de Chahdortt Djavann

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par CHALOT, le 22 juillet 2021 (Vaux le Pénil, Inscrit le 5 novembre 2009, 76 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 293ème position).
Visites : 2 391 

inoubliable

« Et ces êtres sans pénis ! »
Roman de Chahdortt Djavann
Chez Grasset
225 pages
Mars 2021

L’auteure qui maîtrise parfaitement le français va encore nous étonner voire nous fasciner :
C’est un roman fort, comme les autres, sans langue de bois, qu’elle ne veut pas connaître, avec une idée originale.
Féministe à fleur de peau, elle nous parle de ces femmes qui dans de nombreux pays et surtout en Iran, son pays natal qu’elle n’oubliera jamais, ne sont pas des citoyennes de deuxième zone.
Si la citoyenneté n’existe même pas pour les hommes là-bas, les femmes, elles, sont surveillées, maltraitées, enfermées sous leur voile obligatoire. Elles n’ont pas de droits.
Il n’y a pas de deuxième zone !?
L’originalité réside dans la construction même de ce livre avec une première partie autobiographique
Où elle évoque son père et son enfance, avant et au moment de la « révolution » islamique redoutée et si redoutable.
C’était et c’est minuit dans le siècle.
Dans une deuxième partie elle nous raconte plusieurs drames, des fictions tirées de réalités comme cette jeune femme qui refusant un mariage forcé par son frère est défigurée par de l’acide … Non contente d’être partie de sa famille, elle avait osé vivre son homosexualité.
Les autres histoires sont aussi « affreuses », très bien écrites et décrivant un univers carcéral pour ces femmes qui se dévoilent même quelques instants.
Mais que font et que sont ces « pseudos féministes » occidentales qui défendent le « droit » de porter un voile, prison pour femme alors que ce droit n’est qu’une obligation imposée aux femmes en Iran et même dans certains quartiers en France !
Avec une ironie implacable l’auteure n’hésite pas à écrire :
« C’est une carence naturelle, intrinsèque, irrémédiable que de ne pas avoir un pénis. Il est temps qu’au nom de la Nature, au nom de la Justice, une loi reconnaisse l’infériorité des êtres sans pénis et la symbolise par un signe extérieur : un bout de tissu sur la tête. »
La dernière partie du livre constitue un feu d’artifice, une fiction -malheureusement- qui ravira tous ceux et toutes celles qui combattent l’intégrisme et les intégrismes.
Ah si ce « rêve » pouvait devenir réalité.
Parfois le titre plein d’un roman n’a rien à voir avec le contenu.
Ici, ce titre étonnant reflète la nature et le contenu de cet ouvrage inoubliable qui se lit d’une traite.
Jean-François Chalot

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La condition de la femme iranienne sous le régime des ayatollahs

8 étoiles

Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 22 juillet 2022

Chadortt Djavani, écrivaine iranienne qui a fait de la France sa terre d'adoption depuis plus de 20 ans évoque ici le sort de ses sœurs iraniennes réduites, comme le suggère le titre, à l'état de créatures incomplètes, donc inférieures .

Ses œuvres écrites et publiées en France témoignent de son engagement pour dénoncer les discriminations dont sont victimes les femmes de son pays, depuis l'accession au pouvoir des ayatollahs . En voici quelques titres : IRAN, J'ACCUSE (2018), COMMENT LUTTER EFFICACEMENT CONTRE L'IDEOLOGIE ISLAMISTE (2016), NE NEGOCIEZ PAS AVEC LE REGIME IRANIEN(2009), BAS LES VOILES(2003).

Si la forme exclamative du titre ( que l'on peut qualifier de titre « pétard ») nous incite déjà à l'indignation, le contenu qu'il annonce réserve au lecteur à la fois découvertes, émotions et empathie.

Un ouvrage difficilement classable . Il commence par une cinquantaine de pages à caractère autobiographique où l'auteure évoque son enfance et sa famille à l'époque plus libérale du Shah d'Iran, se poursuit par 3 récits glaçants dont les héroïnes sont des femmes ou des jeunes filles et se clôt par une fiction, une sorte de conte à vous tordre le cœur dans lequel Chardott Djavani revenant en Iran tient le rôle d'une bonne fée .
Puisse un changement de régime lui permettre un jour de rentrer dans son pays …....

Un ouvrage généreux qui éveille nos consciences à la condition des femmes iraniennes et un vibrant réquisitoire contre le régime politique actuel des mollahs, servi par une écriture percutante.

A sa lecture, me sont revenues en mémoire quelques lignes des paroles de DEBOUT LES FEMMES, l'hymne du MLF, (que certaines d'entre nous ont peut-être chanté en 1971.....) et qui correspondent au sort actuel des Iraniennes .
« Asservies, humiliées, les femmes
Achetées, vendues, violées
Dans toutes les maisons, les femmes
Hors du monde reléguées »

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