Tombent les avions de Caroline Sers
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Secrets de famille
"En famille, on ne dit pas ce qu'on pense." C'est le credo de cette famille qui vient chaque année passer un mois de vacances dans la maison de l'aïeule, Mounette. Des vacances qui n'en ont que le nom, car on distingue parfaitement que chacun s'y plie, telle une immuable habitude et exigence auxquelles personne ne semble y déroger. Donc les frères et soeurs, flanqués de leur conjoint et progéniture, s'y rendent et font comme si. Heureux d'être à nouveau réunis, de retrouver les mêmes choses inchangées, les bonnes vieilles habitudes cultivées avec obsession par Mounette. Cette grand-mère dont les commissures des lèvres se pincent à la moindre contrariété, au moindre déraillement et à la moindre entorse aux habitudes. Car sur cette famille plane le fantôme de Corinne, la disparue. Progressivement on en apprend sur cette cousine, cette fille ou soeur que chacun n'ose plus nommer ou évoquer. A peine sur les photographies. Silence, maître mot de cette colonie !
Bien entendu, tous sont au bord du précipice. La menace gronde. La colère couve sous la soupape de sécurité. Prête à exploser comme une cocote-minute. Et comme les avions, à trop les fixer, ils peuvent tomber ! ...
Bref, un premier roman écrit avec soin, d'une plume acérée, qui blesse sans heurter et qui se pare d'un air de vertu outragée et vengée. Un petit délice !
Les éditions
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Tombent les avions [Texte imprimé], roman Caroline Sers
de Sers, Caroline
Buchet-Chastel / Buchet/chastel
ISBN : 9782283020678 ; 12,15 € ; 27/08/2004 ; 160 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (2)
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Huis-clos familial
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 3 août 2005
"Des heures que les kilomètres défilent." Les premiers tombent, ils augurent du reste. Une réunion de famille de plus en plus pesante, un secret qui finit par étouffer.
Beaucoup d'émotions et de sensations décrites avec justesse par Caroline Sers. Par exemple ce rôle que Monette pense devoir remplir, celui de rassembleuse. "Avec l'âge elle a peur de lâcher prise. De les laisser prendre le large. Qui d'autre qu'elle pour maintenir l'équilibre ? (...) Toute sa vie, elle leur a imposé sa volonté. D'ailleurs ils n'ont pas fait un geste pour se dégager. C'est peut-être ça le plus inquiétant."
Tout paraît si bien rôdé, un mécanisme huilé sans faille ou chacun conserve sa place de peur d'ébranler l'édifice. Et pourtant, tout cela est si fragile! J'aime cette image des avions qu'il suffit de fixer pour les voir tomber.
L'atmosphère qui se dégage de ce roman de Caroline Sers est oppressante, on ressent bien le malaise familial et on se laisse emporter par cette galerie de portraits. Une belle découverte.
On ne s'emballe pas
Critique de Cuné (, Inscrite le 16 février 2004, 57 ans) - 30 juillet 2005
Les vacances, pour cette famille, se passent dans la grande maison de Mounette. Tout le monde se retrouve autour de cette grand-mère, enfants nantis de leurs époux et épouses, petits-enfants, cousin, et passent un mois censé être reposant. La condition étant effectivement de ne pas dire ce que l'on pense, de tenter d'établir un statut quo estival pendant lequel les liens sont supposés se renforcer.
Mais la réalité n'est jamais aussi douillette, et comme dans toutes les familles, les secrets, rivalités, non-dits et pensées mesquines parasitent le tableau.
On assiste à différentes passes d’armes, dont certaines résonnent désagréablement dans nos propres manquements familiaux.
Avec révélation finale heureuse, qui permet de ricaner légèrement au lieu de s'attrister véritablement.
Un premier roman orchestré parfaitement, une plume sensible et jolie qui donne absolument envie que l'auteure soit prolifique à l'avenir !
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