Une rose seule de Muriel Barbery

Une rose seule de Muriel Barbery

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Cyclo, le 17 avril 2021 (Bordeaux, Inscrit le 18 avril 2008, 78 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 511ème position).
Visites : 3 005 

le choc des cultures

Rose, botaniste, célibataire un peu triste, est partie au Japon à la demande du notaire d'un père japonais qu'elle n'a jamais connu. Élevée par sa mère suicidaire et sa tendre grand-mère maternelle, Rose approche de la quarantaine : elle est mélancolique et solitaire, sa mère et sa grand-mère sont mortes. Elle arrive à Kyoto, qu'elle visite sous la houlette de l'assistant et exécuteur testamentaire de son père, Paul, un Belge de son âge, veuf et nanti d'une fillette de dix ans. Les déambulations dans la ville se font selon un ordre et un itinéraire choisi par Haru, son défunt père. Elle est peu à peu séduite par la culture japonaise, la flore, la cuisine, la religiosité, l'importance du végétal et du minéral. Un lent cheminement va amener Rose à découvrir ce père disparu, à se découvrir elle-même et à trouver pour la première fois l'amour.

Chacun des douze chapitres est précédé d'un court conte ou parabole qui relate des légendes anciennes sur la pensée, la sagesse, l'histoire et la poésie du Japon et de la Chine. Une phrase de ce récit est donnée pour titre au chapitre qui suit comme un écho. Cette construction originale du roman crée une atmosphère qui nous imprègne de la découverte de la japonité. Le texte est finement ciselé, amenant peu à peu la métamorphose de l'héroïne qui va passer du deuil ("De quoi le deuil est-il le plus difficile ? De ce qu’on a perdu ou de ce qu’on n’a jamais eu ?") à la paix, comprenant que "si on n’est pas prêt à souffrir, on n’est pas prêt à vivre", entraînant dans son sillage l'assistant de son père.

On notera le rôle important des fleurs omniprésentes dans cette métamorphose. Et c'est un vieux potier, ivrogne qui donnera à Rose une clé pour se comprendre et saisir l'univers qui l'entoure en lui citant un vers de Rainer Maria Rilke : "Une rose seule, c’est toutes les roses". Et c'est tout l'art des jardins japonais qui sollicite ses sens et la sort de son égoïsme (elle se fait traiter d'emmerdeuse professionnelle par Pau). Le lecteur s'attache à Rose, pourtant souvent agressive et exaspérante. L'immersion dans une culture étrangère et totalement différente est bien retracée, avec ses ombres et ses lumières, et c'est c’est cette culture qui amène Rose à trouver enfin du sens à sa vie.

Un très beau roman qui donne envie d'aller au Japon et singulièrement à Kyoto !

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Dans une rose, il y a toutes les roses

9 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 66 ans) - 15 novembre 2024

Rose est seule. Elle a 40 ans
Sa maman dépressive est morte, et sa grand-mère Paule qui s’est occupée d’elle, a suivi sa fille deux ans plus tard. Pas de relations, pas de sentiments, pas d’amis, elle n’attend rien de la vie. Jusqu’à l’arrivée d’une lettre d’un notaire du Japon lui apprenant que son père, qu’elle n’a jamais vu, vient de décéder et qu’elle en est l’héritière.

Elle se rend à Kyoto dans la maison de Haru, son père, où Sayoko, l’intendante va s’occuper d’elle ainsi que Paul, un belge installé au Japon, ami et collègue très proche.
Il l’emmène visiter les plus beaux temples et jardins de la ville, essayant de la sensibiliser à la culture japonaise, à cette autre façon de sentir, de voir la vie.
"Le Japon, ce pays d’arbres et de pierres."
Mais Rose se sent "comme un paquet de linge sale" emportée selon un circuit déterminé par son père.

On accompagne Rose dans l’évolution de ses sentiments, de la colère, de l’agressivité, elle découvre, comprend et accepte cette autre façon de penser, de vivre avec ses drames.
"Si on n’est pas prêt à souffrir, on n’est pas prêts à vivre. ...passé le point de gel, tout est figé ensemble, la souffrance, le plaisir, l’espoir et le désespoir."

Très surprise en entamant cette lecture, de découvrir comme un long poème avec même au début l’envie de lire en diagonale. Puis, l’écriture nous emporte, et l’on s’attache à Rose, son parcours. Avec beaucoup d’intérêt, Paul lui permet de découvrir avec délicatesse (et patience), une ville, un pays et ses habitants, une histoire, une culture, une cuisine, des paysages, et surtout la valeur des relations humaines, de l’amitié, une autre philosophe de la vie.
Un magnifique roman, un bouleversant moment de lecture.

Un roman délicat, sensible et contemplatif

9 étoiles

Critique de Ichampas (Saint-Gille, Inscrite le 4 mars 2005, 60 ans) - 27 janvier 2024

Muriel Barbery nous propose un roman délicat, sensible et contemplatif. J’ai l’impression que ce récit est à l’image de cet auteure, que je ne connais pas bien sûr mais ses romans sont si beaux.
L’héroïne est insupportable, au fil du roman, elle s’assouplit, s’attendrit au cours de cette découverte de ce Japon traditionnel et de cette végétation magnifique, et aussi grâce à l’indulgence de son guide.
La romancière nous donne très envie de découvrir ce pays.

rose c'est la vie

10 étoiles

Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 5 mars 2023

Rose se rend au Japon, à Kyoto, sur les traces de Haru, ce père biologique, récemment décédé, qu’elle n’a jamais connu. Son testament doit lui être lu devant notaire mais auparavant les dernières volontés du défunt lui imposent un parcours initiatique, qu’elle devra suivre sous la conduite de l’associé et ami de Haru, Paul, un citoyen belge installé de longue date au Japon. Ce parcours va l’amener de temple en temple, à la découverte de ce Japon traditionnel, d’un immense raffinement, dont elle ignore tout et ne voulait même pas entendre parler. Sa haine est féroce à l’égard de ce père qu’elle accuse de tous les maux survenus dans sa vie, cette souffrance intérieure, ce mal d’être qui ne l’a jamais quittée. Muriel Barbery dépeint avec une profonde sensibilité ce choc des cultures, et la lente ascension d’un être meurtri vers ce qui pourrait s’appeler le bonheur ou du moins la sérénité. L’écriture est poétique, n’hésitant pas à intégrer le merveilleux et cette croyance dans le pouvoir des choses, qu’il s’agisse de plantes ou de simples pierres, qui est le fondement de la culture japonaise en dehors même de tout aspect religieux. Une belle histoire, même si le personnage principal ne paraît guère sympathique au début (mais s’arrange très nettement pas la suite) et un hommage à une culture millénaire encore trop largement méconnue.

Récit d'un apaisement

8 étoiles

Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 57 ans) - 5 mai 2021

Rose, botaniste de quarante ans, se rend au Japon après le décès de son père qu’elle n’a jamais connu. Paul, l’assistant de son père, suit des instructions qu’il a laissées et promène Rose pendant plusieurs jours d’un temple à l’autre, avant la lecture du testament. Rose était une petite fille gaie, mais sa mère, perpétuelle mélancolique, lui a transmis sa tristesse et son caractère a changé. Elle vit comme en dehors d’elle-même, donnant son corps sans émotion et avec un complet détachement aux inconnus de passage. Le périple qu’elle suit la transforme à nouveau et l’apaise petit-à-petit.
J’ai eu l’impression d’être une aveugle à qui l’auteure décrit des lieux les uns derrière les autres (maison du père, jardins des temples, restaurants…). J’ai trouvé les descriptions souvent répétitives, mais le style est très doux et poétique.

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