La Guerre des anges de José Eduardo Agualusa
(O ano em que Zumbi tomou o Rio)
Catégorie(s) : Littérature => Africaine
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ORDEM E PROGRESO.
L’histoire de «La guerre des anges», nous est racontée de Francisco Palmares, ex-combattant angolais du MPLA, qui a émigré au Brésil en 1992, fuyant une malheureuse histoire d’amour. Il vit aujourd’hui du trafic d’armes entre son pays et les favelas cariocas. Il retrouve par hasard Euclides Matoso da Câmara, nain, noir et homosexuel, qui après avoir simulé sa propre mort, a lui aussi fui l’Angola. En effet, ses prises de positions politiques et ses articles prônant la liberté d’expression et contre l’abus du pouvoir, l’avaient placé sur la liste noire des personnes à faire disparaître, du gouvernement de son propre pays.
Début des années 2000, les morros (collines) et les favelas autour de Rio de Janeiro sont en flammes. En effet, la police, - sous couvert de répression du trafic de drogue -, a mitraillé une procession religieuse et tué de nombreux enfants. La réalité est (comme toujours), différente. En fait les deux principaux trafiquants de drogues de la favela du «Morro da Barriga», (qui est une fiction de l’auteur), Jararaca et Jacaré le rappeur rendu fou par l’abus de drogue, ont refusé de payer leur part aux policiers corrompus qui laissent entrer la drogue dans la favela. C’est ce qui a provoqué en représailles la fusillade mortelle.
Le leader du trafic de drogues Jararaca, inspiré par le combat de Zumbi Dos PALMARES (1655 – 1695 héros afro-brésilien de la révolte contre l’esclavage des Noirs. D’où le titre du livre en portugais...), prend conscience de la marginalité de la population des favelas et se sert des armes livrées par Francisco Palmares pour organiser une révolution armée, un véritable coup d’État. Son plan vise la mobilisation d’une armée noire composée des habitants des favelas. Leur mission: Prendre d’assaut la ville de Rio et soumettre l’élite blanche brésilienne aux règles de la population afro-descendante…
On pourrait croire (je dis bien croire…), que M. AGUALUSA cède ici à la facilité, avec un thème récurrent et régulièrement d'actualité au Brésil. Ce serait sans compter sur son extraordinaire talent de conteur! En effet, si les actualités nous rendent compte régulièrement de véritables «descentes» des habitants des favelas de Rio de Janeiro sur les plages huppées de Copacabana, Ipanema ou de la Barra da Tijuca, - une des plus grandes peurs des cariocas -, avec tout ce que cela entraîne comme pillages et dégradations, l’écrivain pousse dans ce livre cette idée au paroxysme, avec une véritable révolution armée et bien organisée des favelas.
C’est bien écrit, - comme toujours avec M. AGUALUSA -, dans un style simple à lire, très réaliste, et avec des panoramas et des vues de la ville comme si vous y étiez! (Croyez-moi, pour avoir vécu de nombreuses années dans cette ville je sais de quoi je parle!). Je remercie d’ailleurs l’écrivain de m’avoir ramené de nombreuses années en arrière et sur des lieux où j’avais été, j'ai eu la «sodade», tout au long de la lecture de ce livre!
Ce roman est aussi, - et peut-être avant tout d’ailleurs -, une réflexion sur le Brésil et la place des différentes populations qui y vivent. La place de la minorité noire au Brésil (descendant d’esclaves), y est notamment abordée par le biais du racisme endémique présent dans le pays (combien de fois n’ai je entendu la phrase: «Onde está o negro, está a confusão»)… Mais aussi sur le point de vue de la décolonisation, non pas des personnes, mais des mentalités! Tout y passe ici, des politiciens racistes aux trafics de drogue, des policiers corrompus aux journalistes complices, de la violence des gangs au trafic d’armes... C’est une véritable «radiographie» de la société brésilienne que nous livre l’auteur. Et évidemment, c’est comme la ville de Rio de Janeiro elle-même, beau, cru, critique, direct, sans complaisance, sans fioritures acerbe et avec beaucoup de violence...
P. S. : Comme pour les précédents livres de José Eduardo AGUALUSA, je renouvelle ici mon «avertissement sans frais», ne commencez surtout pas à lire «La guerre des anges», même pas quelques pages, même pas en vous disant que c’est par simple curiosité, car vous vous retrouverez très vite littéralement «happé», aspiré dans l’histoire et complètement accro à celle-ci, avec le risque de ne plus pouvoir vous arrêter avant la fin du livre… Je le sais, c’est exactement ce qui m’est arrivé!
Les éditions
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La guerre des anges [Texte imprimé] José Eduardo Agualusa traduit du portugais (Angola) par Geneviève Leibrich
de Agualusa, José Eduardo Leibrich, Geneviève (Traducteur)
Métailié
ISBN : 9782864246015 ; 20,50 € ; 08/02/2007 ; 288 p. ; Broché
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Rio en ébulition
Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 24 novembre 2021
L’histoire est celle d’une révolution dans les quartiers de Rio peuplés des descendants des esclaves africains et des autochtones qui se sentent toujours colonisés.
L’intrigue est bien ficelée avec toute une galerie de personnages haut en couleur qui défilent et qui font l’histoire : trafiquant de drogue, journaliste intrigant, policiers véreux, tortionnaire, marchand d’armes, femmes superbes et pute de haut vol… Ces personnages sont bien « croqués » et j’ai supposé qu’ils étaient censés représenter la société du Brésil, ou du moins, celle de Rio.
J’ai aimé la façon dont se présente le roman avec sa succession de scènes un peu à la manière d’une pièce de théâtre avec définition de l’endroit et des acteurs en présence ; c’est original et ça contribue à la dynamique du roman mais ça n’empêche pas le côté un peu décousu de l'histoire. Pour s’y retrouver, je conseillerai au lecteur de noter les personnages au fur et à mesure qu’ils entrent en scène, parce qu’ils sont une multitude et certains reviennent alors que d’autres ne font qu’une brève apparition.
Outre l’histoire, qui est très vraisemblable avec ses personnages bien typés, on s’amuse à lire les ambiances des quartiers de Rio et les descriptions de la ville avec ses plages, ses collines, son soleil et ses orages… Finalement j’ai aimé ce roman mais je dois dire que je n’ai pas partagé le même enthousiasme que notre ami Septularisen … Chacun ses goûts, n’est-il pas !
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