Sa dernière chance de Armel Job
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Entre Liège et Verviers, son coeur balance
Elise, 39 ans, est célibataire. Elle habite depuis déjà longtemps chez sa sœur Marie-Rose, doctoresse à l’hôpital Saint-Jean à Verviers. Le beau-frère d’Elise est patron d’une agence immobilière. Le couple a quatre enfants ados ou pré-ados. C’est surtout la tantine qui s’occupe d’eux, et du ménage. En échange, elle est nourrie, logée, blanchie et peut, comme elle le veut, plonger la main dans la boite à biscuits Beuckelaer où se trouve de l’argent à disposition. De toute façon, Elise n’est pas sans rien, comme on dit chez nous : l’héritage des parents a été plantureux. Jusqu’au jour où elle disparaît. Oh ! pas bien loin, elle est à Liège, a des rendez-vous avec un homme qu’elle a déniché sur un site de rencontre via Internet. L’homme en question, un certain Fauvol, est antiquaire dont le commerce est à bout de souffle. Il est en relation avec un collègue anversois qui possède un tableau de Della Francesca, (tableau volé) et un chanoine on ne peut plus liégeois. Tout est en place pour une palpitante histoire racontée avec brio (comme d’hab.)
Un des meilleurs romans d’Armel Job (mais comme je le dis quasi à chaque fois …) qui vous tient en haleine du début jusqu’à la fin.
J’ai cru que la fin se terminerait de façon moins « romantique ». Mais, tout compte fait, il n’y a ni mort d’homme, ni de femme …
Tout autre chose : je me demande si notre conteur n’est pas « sponsorisé » par des enseignes qui s’occupent de quelques douceurs de la vie ( j’rigole). Voyez plutôt :
> « Elle lui servit les trois œufs avec un grand verre de Lupulus, sa bière préférée. »
> « Une Jupiler ? »
> « Madame Blanmont, apportez-nous deux Lambertus, je vous prie. »
> « Il lui avait proposé de boire quelque chose, elle avait refusé d’un geste évasif. Malgré tout, il lui avait apporté un fond de Belgian Owl.
- Bois une gorgée, cela te fera du bien. »
Pour le coup (comme on dit aujourd’hui), bien que je ne sois pas du tout whisky, demain j’irai me chercher en ville une bouteille de Belgian Owl . Oh ! juste par conscience « professionnelle ». Gloups !
Extraits :
* - Et bien, Pierre, ai-je besoin de vous le rappeler ? Elise est une femme. Une femme désire être traitée comme un être humain, indépendamment de son genre mais aussi tout simplement et principalement comme une femme. Vous comprenez ?
- Euh …euh …non … !
- Allons, Pierre, je ne vais pas vous faire un dessin ! Qu’est-ce qu’une personne de sexe féminin attend d’une personne de sexe masculin ?
Fauvol fronçait les sourcils, comme s’il ne voyait pas clair.
- Vous devinez, je suppose, ce que suggère cette fille dénudée à califourchon sur le goulot de la bouteille (qui est représentée sur un crayon de bière) ? C’est exactement ce qu’Elise souhaite, Pierre, mais pas avec une bouteille.
-* Ne t’occupe pas de la foi. Le pape aussi se demande tous les matins s’il a encore la foi. Sinon, ce serait un idiot. Il fait comme tout le monde, il reporte la question au lendemain, puis il se met au travail.
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Interview :
L'écrivain et académicien belge Armel Job (72 ans) a répondu aux questions de "Plus Magazine" :
"Où nous emmenez-vous dans "Sa dernière chance" ?
- L'action se passe principalement à Verviers et à Liège.
- Liège où vous avez fait vos études de philologie classique, la ville de Simenon : on ressent chez vous une attirance pour cette ville ?
- J'ai passé toute mon enfance à la campagne, puis j'ai été interne au séminaire de Bastogne. Un internat est plutôt une sorte de no man's land. La première ville que j'ai connue, c'est Liège quand je suis arrivé à l'université. Après six ans d'enfermement à Bastogne, pour ainsi dire, j'étais rendu à la liberté. J'habitais en Outremeuse. J'aimais bien l'odeur de la ville, on sentait le coke des aciéries à l'époque, les bateaux sur le fleuve, la gouaille populaire, les vendeurs de crème glacée en tripoteur, les marchands ambulants qui criaient en wallon. Et j'aimais la vie intellectuelle de l'université, le challenge que représentaient des études ardues, qui rendaient la vie plus piquante. Je me souviens des matins pleins de fraîcheur où, l'estomac noué, je partais pour une journée de sept ou huit examens à la file. Dès que je reviens à Liège, ces impressions de jeunesse et de liberté me reviennent à l'esprit.
- Vous vivez dans un village ardennais, proche des forêts et d'une rivière : est-ce source d'inspiration ?
- J'y trouve la tranquillité nécessaire à mon travail. Quand je suis en panne dans l'écriture, je vais me promener en forêt. Je ne pense à rien, je marche et curieusement, les idées accourent toutes seules. Mais je ne cherche pas à fourrer la nature dans mes romans. Je suis plus intéressé par les humains que par le décor.
- Comment vous préparez-vous à l'écriture d'un roman ?
- Pour commencer un roman, j'ai seulement besoin d'une idée d'histoire. Je ne m'informe en route que sur des points techniques très particuliers. Si je tue quelqu'un dans l'histoire, je demande à un médecin légiste l'état du cadavre quand on va le découvrir. Je ne vais pas sur les lieux. Au besoin, je consulte Google Street. J'ai étudié la documentation seulement pour "Dans la gueule de la bête" qui traite du sort des juifs à Liège pendant la guerre car je devais respecter les événements historiques et pour "Loin des mosquées" à propos des mariages arrangés dans la communauté turque.
- Ecrire : pour vous, est-ce loisir, plaisir, contrainte ?
- Travail essentiellement, parfois douleur, heureusement aussi joie de la découverte. Tout ce qui vaut la peine demande de la peine.
- Vous publiez un roman par an. Vous imposez-vous un horaire quotidien ?
- J'écris tous les jours de 8h à midi, et de 16h30 à 18h45, heure à laquelle je bois une bière avec ma femme.
- Depuis peu, vous êtes membre de l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique. Est-ce une consécration, une place officiellement reconnue dans le monde des écrivains ?
- Le sentiment le plus important pour moi dans cette désignation a été la surprise la plus totale qu'elle m'a causée. Jamais il ne me serait venu à l'esprit de briguer un siège à l'Académie. Je me suis toujours tenu à l'écart de l'intelligentsia littéraire. Quand on m'en a informé, j'ai d'abord pensé que c'était une blague. Il y a à l'Académie des gens très brillants. Je ne sais ce que certains m'ont trouvé, mais ils étaient en nombre suffisant pour m'adouber. J'en reste étonné".
La suite de cette interview se trouve dans "Plus Magazine"...
Les éditions
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Sa dernière chance
de Job, Armel
R. Laffont
ISBN : 9782221251539 ; 20,00 € ; 04/02/2021 ; 342 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (3)
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Un thriller sans mort
Critique de Darius (Bruxelles, Inscrite le 16 mars 2001, - ans) - 13 octobre 2022
L’auteur nous raconte une rencontre amoureuse sur le net entre une femme Élise, gouvernante chez sa sœur Marie -Rose et un antiquaire, Pierre, qui en aurait après son argent car elle aurait hérité d’une petite fortune à la mort de son père .
Le seul reproche à faire c’est la naïveté d’Elise, qui se révèle tout à coup une femme avisée alors qu’elle serait incapable d’entrer dans une banque et qu’elle aurait laissé toute la gestion de sa fortune à Édouard, son beau frère, un agent immobilier.
Pendant 15 ans Élise reste gouvernante de la famille de sa sœur et élève ses 4 enfants sans jamais sortir du carcan familial . Et le seul jour, après 15 ans où elle décide d’aller en ville,c’est le scandale dans la famille .
Un peu bizarre quand même ..Comme si son destin était d’être cloîtrée sans ami, sans sortie, sans vie sentimentale. Et tout à coup elle se réveille et décide de changer de vie sans aucun événement déclencheur.. Là j’avoue que je n’ai pas compris .
Une fin à la façon des films des Frères Dardenne. Tout finit bien et tout le monde est content .
Sinon bravo pour le suspense et bravo pour les bons moments que j’ai passé à le lire malgré ces incohérences
Plusieurs dernières chances de ne pas se tromper en lisant cet excellent roman
Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 21 octobre 2021
Le charme désuet d’une ambiance familiale trop ordonnée pour être sincère, trop feutrée pour ne pas cacher certains secrets ou ressentiments, montre encore une fois que le romancier adore décrire avec talent le genre humain et en particulier ici, l’hypocrisie de ces familles bourgeoises et bien pensantes.
Ce même auteur mène par la main au fil du récit le lecteur qui le connaît déjà et le reconnaîtra sans se fourvoyer vers un dénouement inattendu, mais toujours crédible et teinté d’une conclusion positive.
Ne parlons pas des bons mots, d’un style prenant et tellement belge qui raviront ses compatriotes qui espèrent que l’écrivain nous livrera encore d’excellents romans comme celui-ci et qui a été résumé sur le plan de son contenu par mes prédécesseurs présents sur CL.
Longue vie à cet auteur magnifique et jamais décevant qu’est Armel Job et que cette dernière chance ne soit pas son dernier roman, car plus son œuvre s’étoffe, plus elle se bonifie.
Sa dernière chance
Critique de Nathavh (, Inscrite le 22 novembre 2016, 60 ans) - 22 avril 2021
Elise a 39 ans au moment des faits, elle vit à Verviers chez sa soeur Marie-Christine, une gynécologue réputée et son beau-frère Edouard Gayet, agent immobilier. Ce couple bourgeois a recueilli Elise il y a une quinzaine d'années suite au décès de sa maman et à des déboires professionnels. On la présente comme une fille fragile, peu sûre d'elle. Elle est dévouée au couple qui l'a prise sous son aile, oh la bonne aubaine car elle s'occupe des quatre enfants à temps plein, ne disposant d'aucune vie privée jusqu'à ce rendez-vous.
Mais quelle mouche a piqué Elise ? Elle n'est plus vraiment la même, il faut se méfier des eaux dormantes car quand elles se réveillent... c'est plus déterminée que jamais qu'elle souhaite revoir Pierre Fauvol et lui donner ce qu'il lui demande.
Cela dérange tout le monde !
Marie-Rose en premier qui ne la reconnaît plus risquant de perdre son emprise et sa boniche on peut le dire. Edouard son beau-frère est contrarié mais pour quelles raisons ? Il y a même un chanoine qui s'en mêle, étrange tout cela...
Armel Job dans un style irréprochable nous emmène comme spectateur d'une pièce de théâtre, de rebondissements en rebondissements. Il tisse petit à petit des liens entre les personnages, nous décrit à merveille comme toujours la psychologie des personnages.
C'est une véritable partie de cache-cache, qui fait rebondir d'un fait à l'autre sentiments, manipulation, pouvoir et déboires d'un personnage à l'autre dans une langue soignée, parfaite. Il nous donne aussi un regard sur l'hypocrisie de la religion avec un chanoine pas très catholique.
L'action se déroule principalement à Liège que l'on visite avec plaisir. Suspense, rebondissements pour un excellent moment de lecture.
Ma note : 9.5/10
Les jolies phrases
Le médecin repousse le mal ailleurs, chez les autres. Il s'en protège de cette façon. Le médecin, c'est celui qui n'est pas malade.
On peut passer sa vie avec une image reniée de soi sans réfléchir que ce n'est pas celle que l'on donne à voir aux autres.
Vivre pour toi ! Mais quel égoïsme ! On ne vit pas pour soi, Elise, on vit pour les autres.
Il aimait trop les femmes pour se mettre un fil à la patte. On dit que, lorsque la chandelle est soufflée, toutes les femmes sont les mêmes.
Ne t'occupe pas de la foi. Le pape aussi se demande tous les matins s'il a encore la foi. Sinon, ce serait idiot. Il fait comme tout le monde, il reporte la question au lendemain, puis il se met au travail. Quand mon mari est décédé, je ne me suis pas demandée si tu avais la foi. Tu m'as aidée, tu m'as sorti du chagrin. tu as été tellement bon. Les gens n'ont pas besoin d'un discours sur la foi, Félix, seulement qu'on les tire un peu vers le haut. Ensuite, c'est à eux de voir.
Il semblait découvrir tout à coup les commodités de la morale catholique. On peut pécher autant qu'on veut, il suffit ensuite de s'agenouiller dans un confessionnal et l'affaire est dans le sac. Aurait-il tué père et mère, le pécheur peut avoir la conscience tranquille
De toute façon, entre un homme et une femme, le mensonge n’est-il pas inévitable ? Les couples les mieux assortis se disloqueraient si l’un apprenait la part que l’autre, à bon droit, ne veut pas lui révéler. Pour vivre à deux, chacun se construit un personnage acceptable, et c’est ce personnage que l’on aime dans son partenaire. Pourquoi tout fiche en l’air au nom d’un stupide accès de sincérité ?
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