L'hiver de Solveig de Reine Andrieu
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Intrigue, dilemmes, aléas, durant la guerre 39-45 et conséquences
Une petite fille de huit ans est retrouvée, totalement amnésique, au centre d'un village.
Un policier, sensibilisé par sa situation, va tout faire pour reconstituer l'histoire de cette petite fille.
Le récit nous plonge dans la période trouble de l'occupation et des dilemmes moraux des protagonistes.
En lisant la quatrième de couverture, je craignais que cela s'oriente un peu trop dans le genre roman sentimental.
En lisant les premiers chapitres j'ai craint d'être dans une histoire simplement narratrice du déroulement de cette période.
Et puis...
Il m'a fallu trois chapitres pour comprendre que le récit se déroulait sur trois périodes. Deux occupant la plus grande partie de des chapitres, se déroulant pendant la guerre et après la guerre puis une moins importante en nombre de pages mais conséquente sur le plan de l'intensité dramatique.
Si le fait que chaque chapitre est consacré à une seule personne n'est pas une originalité, il en est autrement pour le fait que chaque personne parle pour son propre compte, comme un témoignage, une confession.
Cette façon de faire apporte la vision, le comportement de chacun à un moment donné et participe également à faire évoluer l'intrigue, les explications de l'un permettant de comprendre les décisions de l'autre.
Une autre particularité consiste en ce qu'il existe une intrigue, que l'on souhaite comprendre le pourquoi, le comment et que ceux-ci sont révélés naturellement, sans montée exagérée du suspense. On connaît même aux deux tiers du livre l'essentiel de la trame mais voilà, il reste des détails que l'on ne connaît pas et qui soutiennent l'intérêt du lecteur.
Sur le plan de la construction, pour ma part, c'est habile et réussi.
Pour ce qui est du sujet de l'histoire, chaque élément pris séparément n'est pas original mais l'auteur sait les faire cohabiter en sachant exprimer ou plutôt faire exprimer par chacun les débats intérieurs avec lesquels chacun se débat.
Une jolie mise en parallèle des perceptions des choses selon sa position sociale, selon sa culture, selon ses convictions.
Pour l'écriture, je ne sais trop qu'en dire. J'ai été pris par le récit et n 'ai pas été freiné au cours de sa lecture ce qui est une façon de dire qu'elle est efficace. Elle sait se faire oublier pour laisser le lecteur s'immerger dans l'histoire.
Juste quelques agacements en voyant ce que les relecteurs ont laissé passer.
Pourquoi laisser passer des phrases totalement déstructurées et dont cette démolition de la grammaire n'apporte rien au récit, bien au contraire. Pourquoi faire commencer des phrases par une conjonction de subordination, pourquoi des phrases avec seulement un déterminant et un nom etc...
Incompréhensible.
"J'ai dû avoir envie de sortir de ma propre personne. Pas seulement de mon enveloppe charnelle, de mon entité, de ma nature. Pour découvrir ce que je pouvais trouver en moi."
"J'ai surpris Cosima en plein délit de vol. De légumes.
"Quand on n'est pas directement installé chez eux, comme moi chez les Lenoir."
Hormis ces quelques défauts au final relativement mineurs au regard de l'ensemble de l'ouvrage, c'est un livre que j'ai aimé lire et qui m'a plongé avec un certain réalisme sans sensiblerie, dans la tourmente que fut cette époque.
Les éditions
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L'hiver de Solveig
de Andrieu, Reine
Préludes
ISBN : 9782253080855 ; 19,90 € ; 10/02/2021 ; 448 p. ; Broché
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Une belle leçon de résilience
Critique de Psychééé (, Inscrite le 16 avril 2012, 36 ans) - 24 février 2021
Ce roman choral nous plonge en pleine deuxième guerre mondiale, dans le quotidien des Lenoir, une famille de notables bordelais. Celle-ci est contrainte d’héberger un officier allemand alors qu’elle est, comme bon nombre de Français alors, hostile à l’envahisseur. Les époux surnomment d’ailleurs cet invité l’indé – indésirable – bien avant que Noémie, l’épouse, n’en tombe amoureuse. En parallèle de cette histoire, il y a celle, en 1946, d’une fillette retrouvée seule et devenue totalement amnésique, qu’il faut aider.
Il est intéressant de voir combien chacun est tiraillé entre des sentiments contradictoires : les Lenoir, qui cachent des Juifs et abritent un officier allemand sous leur toit, ce même officier qui éprouve des doutes et ne cautionne pas la politique raciale de Hitler « la question qui se pose parfois à moi, et je suppose à nombre de citoyens-soldats de toutes nationalités, c’est la limite de ce que je suis capable de faire pour mon pays tout en restant en accord avec mes convictions et ma conscience », l’amour pour l’ennemi, pas facile à s’avouer alors qu’on s’implique dans la résistance. Les résistants d’ailleurs, sont nombreux et agissent dans le secret et la méfiance comme on peut l’imaginer sous le régime de Vichy ; ils sont à la fois fiers d’aider leur pays et terrorisés ; ils rusent pour ne pas se faire démasquer.
Le roman possède une grande force d’évocation : l’auteur utilise avec justesse les mots pour décrire certaines situations et émotions d’une grande intensité. L’histoire est très prenante, troublante et d’un réalisme absolu. Une belle surprise !
« Nous portons un habit caméléon. Nous changeons de couleur selon qui nous regarde. C’est assez perturbant, car il ne faut pas que l’on se trompe de rôle. On a un type de texte pour chaque facette de notre personnage. Je suis parfois la femme du docteur, pour d’autres, la patronne, ou encore la résistante et, par ailleurs, une maman qui doit répondre aux questions de ses enfants sur cette période compliquée. Pour couronner le tout, je suis aussi la maîtresse d’un Allemand. »
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