Quel album !!!

Jacques Berdemol dirige son entreprise de nourriture pour chat mais il sent bien que plus rien ne fonctionnera. Dès lors, il envisage une sortie qui, à défaut d’être élégante, lui offrirait les moyens de continuer à vivre décemment, enfin, luxueusement même… Est-il au bout du rouleau, en plein burn out ou tout simplement a-t-il atteint le stade ultime du cynisme ? A vous de choisir les mots mais pour son personnel, la différence linguistique n’a que peu d’importance !

Nous allons donc vivre les dernières heures de cette entreprise mais comme l’histoire est racontée par Wilfrid Lupano il ne s’agira pas d’un drame social classique. Ici, la fable, on peut dire qu’il s’agit bien d’une fable comme Wilfrid aime les inventer, mettra en scène une multitude de personnages qui auront bien du mal à trouver grâce aux yeux du lecteur… Le testeur d’odeur des selles de chat, le maire, le chef d’entreprise, la délégation coréenne, la nouvelle secrétaire, le groupe vegan, les forces de l’ordre… Bref, fable sociale d’une société en péril, en déconfiture… La grande fin de cycle !

Alors, bien sûr, vous pourriez bien vous demander pourquoi cette bande dessinée est malgré tout à lire ? Elle l’est parce que la critique de notre société est malgré tout d’une justesse étonnante. Certes on est bien dans l’excès mais une fable sans propos outranciers serait trop fade et triste. Là elle est au contraire jubilatoire ! Et pourquoi l’auteur mettrait-il en avant l’un ou l’autre de ses personnages alors que tous manquent cruellement d’humanité emportés par leurs défauts, leurs excès… Ils se sont construit sur du faux dans une société libérale elle-même outrancière qui a perdu ses racines… Pourquoi pourraient-ils s’en sortir ? Enfin, j’exagère un peu le trait car le salut est peut-être dans la vigne, allez savoir…

Certains lecteurs dotés d’un fort sens du second degré et de la dérision arriveront peut-être à s’attacher à un personnage ou un autre… Un chat, peut-être, qui sait ? Les plus cyniques trouveront certainement que l’officier des forces de l’ordre est l’un des plus réalistes : il faut être à l’heure au barbecue de Francis… Je partage son point de vue… du moins pour l’exactitude horaire !

Pour le reste je me suis réellement amusé à lire cette bande dessinée et j’ai apprécié retrouver Relom au dessin, lui qui avait déjà travaillé sur une fable avec Lupano, Le Traquemage. Avec Relom les personnages sont encore plus laids, durs, inhumains en apparence qu’en profondeur psychologique. Le scénariste et le dessinateur se retrouvent bien pour nous descendre en enfer… et l’enfer, c’est bien nous, notre société, ses excès, son fonctionnement (ou son dysfonctionnement)…

Pour moi, cet album, « Maharadchat, c’est tellement d’amour ! », de Lupano et Relom est une belle réussite et sa lecture me semble très saine en ces temps difficiles… Enfin, à vous de voir ! Moi, j’adore !

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  Maharadchat [Texte imprimé], c'est tellement d'amour !

  de Lupano, Wilfrid Relom,
  Delcourt
  ISBN : 9782413015819 ; 15,50 € ; 17/02/2021 ; 64 p. ; Relié

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