Maudit manège de Philippe Djian

Maudit manège de Philippe Djian

Catégorie(s) : Littérature => Voyages et aventures

Critiqué par Sibylline, le 23 août 2004 (Normandie, Inscrite le 31 mai 2004, 73 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 069ème position).
Visites : 6 125  (depuis Novembre 2007)

C'est l'histoire d'un écrivain...

Il y avait des sketchs de Coluche bien connus pour commencer par « C’est l’histoire d’un type… » et il n’avait pas enchaîné qu’on riait déjà.
Djian, quand on a compris que ça va encore être l’histoire d’un écrivain, on ne rigole plus.
Et donc, cette fois, c’est l’histoire d’un écrivain sans nom qui a perdu la femme qu’il aimait et qui raconte le livre à la première personne. (Non ! N’allez pas voir la critique de Sainte Bob !)
Je n’ai pas aimé ce livre pendant au moins ses deux premiers tiers.
Pour commencer, je n’arrivais pas du tout à trouver sympathique le personnage principal, auquel j’ai bien peur que Djian s’identifie beaucoup. Plus je le pratiquais, plus il me déplaisait. Je trouvais vraiment à l’écouter qu’il se « la jouait » à un point pas possible et que sa façon de déclarer les hommes sans aucune défense face aux femmes, juste pour expliquer pourquoi il faisait n’importe quoi, commençait à renifler fort la facilité. Je trouvais une énorme complaisance dans tout cela (au point qu’à ce moment là, j’envisageais de titrer cette critique « nombrilisme ») et je ne pouvais pas accepter cette façon qu’il avait de ne connaître que deux points de vue sur la vie: le sien et les mauvais.
Il y avait par là-dessus, beaucoup d’aventures-anecdotes peu vraisemblables ou, de toute façon, sans intérêt (le chargement de la moquette sur la voiture du rival, le billet confié au gamin pour la gaufre et même la varice d’Henry) qui nous étaient narrées en détail et dont je n’ai pas pu comprendre pourquoi elles étaient rapportées. Et on se retrouvait au bout du compte avec un livre assez long qui n’avait pas raconté grand-chose d’autre que les états d’âme assez banals de l’auteur ( ?) ou de son personnage.
Et puis soudain, alors qu’on n’espère plus grand-chose, ça bouge. Des évènements se mettent à survenir, ils se succèdent, lentement d’abord, puis plus rapidement (on n’atteint tout de même pas la frénésie) et ils sont plus signifiants et plus crédibles que les anecdotes précédentes. Le dernier tiers éveille (réveille ?) notre intérêt et finalement, on comprend quelque chose (que je ne veux pas déflorer) qui donne un sens à tout ce qu’on a lu auparavant. Je ne vais pas me vanter. Si je l’ai compris, cet élément, ce n’est que parce que le héros l’a lui-même découvert et énoncé. Sinon… il n’y a pas de raison pour que ça n’ait pas continué à m’échapper totalement. Et au fond, ma naïveté mise à part, je dis que c’est un défaut du livre. Si j’avais de moi-même et bien plus tôt soupçonné cette donnée, j’aurais sans doute mieux apprécié les scènes qui se jouaient et n’est-ce pas une faute de Djian de ne pas m’avoir permis de le faire ?
Une autre qualité que je peux reconnaître, les chutes, finales ou intermédiaires, ne sont généralement pas celles qu’il nous a bien fait attendre comme quasiment inévitables.
Pourquoi ça s’intitule « Maudit manège » ?
Ca, je n’en ai pas la moindre idée.

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Les éditions

  • Maudit manège de Philippe Djian
    de Djian, Philippe
    J'ai lu / Littérature Générale
    ISBN : 9782290307120 ; 6,90 € ; 05/07/2000 ; 442 p. ; Poche
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La suite de 37°2 le matin

7 étoiles

Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 40 ans) - 11 octobre 2016

Il est vrai que Maudit Manège n’est pas un roman des plus haletants, cependant jusqu’à présent tous les romans de P. Djian que j’ai lus étaient dans ce ton là. Nous baignons dans une sorte de faux rythme, à l’image du quotidien vécu par le narrateur. Clairement Djian nous fait mijoter dans une sauce douce amère, à l’image du narrateur qui émerge lentement d’une tragédie personnelle, la perte de la femme qu’il aimait, Betty.
Et là constitue l’élément clef pour la compréhension du roman : Maudit Manège est la suite de 37°2 le matin, tout simplement.
Nous retrouvons donc Zorg, cinq années après la fin tragique du précédent roman et j’ai pris un réel plaisir à retrouver ce qui m’avait plu chez cet auteur : la description des sentiments, du ressenti, le ton un peu désinvolte et des personnages secondaires forts : son ami Henri notamment, poète adulé par le narrateur, son ex-femme, Marlène, et leur fille.
Le style Djian fait toujours mouche même si je conçois facilement qu’il ne puisse plaire à tout le monde tant parfois les mots et les situations peuvent être crus. Néanmoins il serait dommage de s’arrêter à cela tant cette lecture paisible se retrouve jalonnée de passages intéressants comme cet extrait :
« Tu vois à quoi ça ressemble un entonnoir ? il a demandé.
Comme je ne répondais pas, il en a dessiné un dans les airs.
- Quand tu auras mon âge, tu seras arrivé dans le petit bout, il a enchaîné. Tu verras qu'il ne te reste plus beaucoup de possibilités. »
Une suite intéressante, un moment de lecture agréable.

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