Les employés ou la femme supérieure: Scènes de la vie parisienne de Honoré de Balzac

Les employés ou la femme supérieure: Scènes de la vie parisienne de Honoré de Balzac

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Monocle, le 22 janvier 2021 (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 65 ans)
La note : 5 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (50 291ème position).
Visites : 2 788 

Le nid de guêpes

L'intrigue se déroule dans les bureaux d'une division ministérielle.
Balzac a parfaitement compris une réalité qui est toujours valide de nos jours pour la plupart des grands bureaux qu'ils soient du secteur privé ou du public ainsi que pour les entreprises. Ces endroits sont tout simplement (pour la plupart) des nids de guêpes. Tout le monde s'espionne, se trahit, se vend, flatte, offre les cadeaux qu'il faut, participe aux soirées où il doit être.
Dans l'histoire que voici, Xavier RABOURDIN fera les frais d'une kabbale visant à le déposséder d'une promotion qui lui revenait. Son épouse, la jolie Célestine, se déploie dans les salons. Elle cajole ceux qu'elle imagine être les alliés de son époux et qui sont portés vers d'autres intérêts. Que de mensonges, d'hypocrisie, d'intrigues, de chuchotements ! Une vision bien noire.
Il n'est pas important d'avoir des ennemis, mais mortel d'avoir un mauvais ami.

Qu'en penser. Sans médire sur la pensée ici véhiculée ni la description du climat, j'ai trouvé ce texte long, touffu et même parfois ennuyeux. Dommage car le sujet est prenant


PERSONNAGES

Outre les personnages principaux – Xavier Rabourdin et sa femme, des Lupeaulx et les Baudoyer –, il faut signaler le grand nombre de personnages, reparaissants ou non, et la présence parmi les employés d'un artiste comme Bixiou, qui émarge pour gagner sa vie au budget du ministère.

– Isidore BAUDOYER : né en 1787. Surnommé par Bixiou la place Baudoyer, le carré de la sottise, le cube de la niaiserie. Il aura la Légion d'honneur.

– Jean-Jacques BIXIOU (prononcer Bisiou) : il a 27 ans au début des Employés. Ancien condisciple des frères Bridau au lycée Louis-le-grand (La Rabouilleuse), il est commis dans le bureau de Baudoyer, où il exerce aussi son talent de dessinateur, l'une de ses caricatures sera fatale à Rabourdin. Il est dans La Comédie humaine un spécialiste des charges.

– DUTOCQ : employé de ministère, dans le bureau de Rabourdin, qu'il espionne pour des Lupeaulx. Sa trahison (vol du dossier Rabourdin) lui vaut de quoi acquérir le greffe d'une justice de paix dans un prochain roman.

– comte Clément Chardin des LUPEAULX : né Chardin en 1785 il s'est attribué le nom de sa ferme (Illusions perdues). Il joue également un rôle actif dans beaucoup d'autres romans, notamment La Cousine Bette, La Maison Nucingen, Les Petits Bourgeois. Il finira député et secrétaire général de la Présidence du Conseil (Splendeurs et misères des courtisanes).

– Célestine RABOURDIN : née Leprince, épouse de Xavier. Elle a 28 ans en 1824. Elle croit mener le jeu mais est finalement bernée par des Lupeaulx. On la rencontre dans La Cousine Bette et Les Petits Bourgeois. elle est évoquée par Rastignac dans L'Interdiction.

– Xavier RABOURDIN : né en 1784. De père inconnu, il paraît jouir d'une protection occulte jusqu'à sa nomination de chef du bureau en 1809. Il est convié au bal des Birotteau, où Célestine est remarquée (César Birotteau). Après sa démission, il annonce à sa femme un nouveau plan, qui doit lui rapporter une fortune, dans dix ans.

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La lutte pour l'élévation sociale

8 étoiles

Critique de Cédelor (Paris, Inscrit le 5 février 2010, 53 ans) - 23 février 2025

Ce roman de 290 pages environ s'est d'abord appelé « La femme supérieure », Puis Balzac, au fil de son élaboration et de ses réécritures, a changé le titre, car le sujet était originellement l'histoire d'une femme aux capacités supérieures à la moyenne mais qu'une situation sociale vue comme inférieure frustre énormément et entreprendra tout pour se hisser à l'échelon social auquel elle pense avoir droit d’appartenir au vu de la hauteur intellectuelle dont elle s’estime pourvue et qu’elle voit comme incompatible avec sa situation actuelle de petite bourgeoise.

Puis le thème de l'administration et de ses employés qui y travaillent, car le mari de Célestine, la femme supérieure du premier titre, est chef du bureau au ministère aux Finances, va prendre de plus en plus de place au point qu'il en deviendra le sujet principal pour Balzac, Néanmoins, les deux sujets se confondent et se superposent, et sont liés logiquement entre eux, pour en faire une histoire où Célestine va manœuvrer pour permettre à son mari de passer directeur. Mais un autre chef de service guigne aussi la même place de directeur, et de son côté aussi, sa propre famille ne restera pas inactive. Où il sera démontré que l’excellence ou la médiocrité d’un employé peut n’être rien face aux manœuvres de coulisses qui visent à promouvoir l’un ou l’autre en fonction des intérêts en jeu, surtout ceux de l’argent et de la réputation dont il faut entretenir et augmenter la brillance vis-à-vis de la société. Le sujet du livre est donc la lutte entre deux clans familiaux et administratifs pour promouvoir le champion de chacun au poste de directeur. Une lutte assez édifiante en soi, où manipulations et tromperies deviennent nécessaires pour arriver à cette fin. Balzac décrit là une humanité où la bonté et l'altruisme a peu de place... Par ailleurs, il est intéressant de remarquer que dans un monde où les hommes seuls peuvent travailler dans la fonction publique alors que les femmes restent à la maison, ce sont les femmes qui poussent ces hommes à s’élever professionnellement et donc en conséquence socialement pour elles, en faisant jouer les liens de famille et d’argent pour leurs intérêts. Car toute promotion sociale pour une femme ne pouvait passer que par celui d’un homme, son mari le plus souvent. Les temps d’aujourd’hui sont bien différents et c’est tant mieux.

Il en ressort au final un texte, très bien écrit et composé, mais malgré tout déséquilibré, car de longs passages sont consacrés aux employés de bureau, où Balzac passe en revue les différents types qui les composent, exactement comme un entomologiste ! C'est une performance en soi, cette capacité à longuement décrire les hommes aux profils chaque fois différent qui sont employés à ce ministère. Il faut savoir apprécier le tour de force pour ne pas s'en impatienter !

Un bon roman, qui impressionne par sa maîtrise de l'intrigue et la présentation des personnages mais qui aurait pu être plus équilibré entre les thèmes des employés et celui de la femme supérieure.

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