Romance parisienne

1984, c’est l’année où sortait la chanson « Femme libérée ». Un peu plus tard, Goldman chantait « Elle a fait un bébé toute seule ». Le roman baigne un peu dans cette atmosphère : Anaïs, la trentaine, se retrouve enceinte sans pouvoir identifier exactement le père parmi les « passages » qui forment son ordinaire. Alors que l’avortement semble tout indiqué, elle relève le défi, un peu par anticonformisme et entame sa grossesse. Simultanément, elle sympathise avec son nouveau voisin de la rue Visconti, un menuisier à la virilité emphatique. A partir de là, on pourrait trouver quelque peu vaine cette romance entre ce qu’on n’appelait pas encore des bobos parisiens. Qu’il suffise toutefois de savoir que ce roman pourrait constituer le meilleur plaidoyer pour l’acceptation de l’enfant. Mais le charme tient principalement à la qualité de l’écriture. C’est que Micheline Boudet a acquis de la fréquentation des grands textes au cours de sa longue carrière au sein de la Comédie-Française le souci du beau langage et la phrase élégante. Au détour d’un chapitre, on trouve même un vers de Racine : « Me cherchiez-vous, Madame ? Un espoir si charmant me serait-il permis ? »
La technique du point de vue alterné nous permet de vivre le même événement dans les consciences de l’un et l’autre membre du tandem, nous offrant des contrastes amusants. Pittoresques aussi, les innombrables embarras causés par le téléphone d’alors et ses numéros griffonnés et invariablement perdus…
Mme Boudet est à présent une dame d’un grand âge, mais j’aime à espérer que cette chronique lui tombe sous les yeux, et qu’elle y trouve la satisfaction et l'admiration de l’un de ses lecteurs.

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  Ami, amant

  de Boudet, Micheline
  Plon
  ISBN : 9782259011365 ; 1,28 € ; 01/05/1984 ; 224 p. ; Broché

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