Crénom, Baudelaire ! de Jean Teulé

Crénom, Baudelaire ! de Jean Teulé

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Catinus, le 16 novembre 2020 (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 71 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 5 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (53 444ème position).
Visites : 2 583 

Impressionnant !

Il fallait s’y attendre, une biographie de Charles Baudelaire, poète maudit, sous la plume de Jean Teulé ne pouvait être que spéciale. Le lecteur ne sera pas déçu. Voilà que défile tout au long des 400 pages, une vie terrifiante d’un être plus que particulier. D’abord alcoolique, goûtant ensuite aux délices de l’opium, ayant entre temps chopé une syphilis aiguë qu’il soulage par des prises de laudanum (mercure) aux doses de plus en plus fortes, il ne dédaigne pas le hachisch et l’éther. Mais voilà, tout cela coûte la peau de fesses et Charles est presque sans le sou ; heureusement il y a madame-mère, Caroline, devenue Aupick. Endetté jusqu’au cou, harcelé par les créanciers de tous poils, Baudelaire se réfugie à Bruxelles. Il laissera à la Belgique - qu’il qualifie de « bâton merdeux » - un pamphlet qui fera date. Sa vie se termine, en quelque sorte, en 1866 sur les marches de l’église Saint-Loup à Namur qu’il est venue visiter avec son éditeur et le peintre Félicien Rops.
On rêve en pensant à une bio, façon monsieur Teulé, sur le père Hugo ou mieux encore sur Flaubert et Maupassant, deux faces de la même médaille…
En attendant ce « Crénom Baudelaire » est tout bonnement … impressionnant.
Je me suis amusé à souligner les parties du récit où mon patronyme est mis en valeur. Ce n’est pas triste et puis, quelle aubaine !

Extraits :

- De l’autre côté de sa mère, celui qui lui a volé le vert paradis de son enfance et qui, maintenant souille, la nuit derrière les portes closes, cette catin (selon Charles) reprend : « Je lui ai proposé de choisir entre le service de l’Etat, civil ou militaire, mais monsieur veut devenir poète ».

- Après l’avoir fait rouler à plat dos, la métisse - deux tiers catin – le chevauche sans façon, se l’enfile et l’écrase de ses lourdes fesses, à croire qu’elle va lui déboiter le bassin.

- Ah, Charles, je viens de voir une gaupe de la pire espèce qui, en sortant d’un cabriolet et avec une insouciance de catin, m’a laissé voir sa jambe jusqu’au nombril.

- Bonjour, Charles. Tu devrais pénétrer parfois à l’intérieur de cet édifice pour vérifier que, contrairement à ce que tu crois, les anges n’ont pas des faces de catin ni d’ailes de chauve-souris.

- Je vais prier Charles Badelaire de me foutre comme une catin.

- Mais quoi, ton vit débande à nouveau. Retire-toi d’ici. Laisse-moi, pousse-mol puis elle ajoute « Charles, je plaisante, je suis ta catin.

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
En bonus :
1. Interview de Jean Teulé :
https://www.youtube.com/watch?v=HhrbfbzPJDM

2. Cinq journées avec Baudelaire à Bruxelles :
https://catinus.blogspot.com/2010/06/…

3. « Pauvre Belgique » :
https://catinus.blogspot.com/2010/06/…

4. Lettres de Baudelaire à sa mère :
http://catinus.blogspot.com/2011/07/…

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Personnage odieux, roman trop long

3 étoiles

Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 55 ans) - 25 mai 2022

Que j’ai eu du mal à terminer ce livre ! En général, j’aime beaucoup les romans de Jean Teulé, mais ici, j’ai détesté Baudelaire ! Le style ne compense pas pour le personnage odieux, abominable et pervers qu’était ce poète du mal.
Baudelaire est épris de sa mère, mais celle-ci se remarie alors qu’il est encore enfant et il ne le supporte pas. Il devient ombrageux, détestable, à tel point que son beau-père veut l’éloigner et l’envoie à seize ans aux Indes par bateau. Charles Baudelaire réussit tellement à se faire détester qu’il est renvoyé depuis l’île Bourbon. A Paris, il dilapide son héritage et est en conséquence mis sous tutelle. Il n’aura de cesse de mendier de l’argent à sa mère et de fuir les créancier et les pensions misérables qu’il ne paie jamais. Il se met à la colle avec une putain noire, mais leurs amours sont tumultueuses, à leur image. Sadique, seules la violence et la méchanceté semblent le faire jouir. Il produit enfin quelques poèmes et trouve un éditeur, mais il rend ses imprimeurs dingues à force de modifications incessantes.
Syphilitique, drogué, sciemment méchant, Baudelaire n’a rien pour me plaire. Si ce roman m’a permis de mieux le connaître, je ne m’en portais pas moins bien auparavant, finalement ! Je ne comprends pas qu’on puisse le porter aux nues… Teulé se complait peut-être un peu trop aussi dans les parties de jambes en l’air tordues qui se multiplient sans fin… Et la critique sur la Belgique est la cerise sur le gâteau !

Teulé, on aime ou on déteste

5 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 58 ans) - 11 mars 2022

On peut être effaré du portrait que fait Jean Teulé de Charles Baudelaire, poète et personnage complètement déjanté mais auteur d’une œuvre majeure mais sans doute de nos jours encore très peu lue, comme la poésie en général. J’avoue personnellement ne pas avoir encore lu « Les fleurs du mal », mais je m’engage à réparer cet égarement. C’est le mérite essentiel que j’attribue à ce roman.

Certes chers lecteurs, il s’agit bien là d’un roman, et donc s’il y a plus qu’un fond de vérité, l’auteur accentue tout de même le caractère complètement révolté, inconscient, voire anarchique du personnage. Dans le contexte moraliste du Second Empire, régime qui a pourchassé les immoraux et pornographes comme Flaubert, Hugo, notre héros et j’en passe, son existence n’a pas été facilitée.

Il n’empêche que l’auteur semble avoir une forme de délectation en décrivant la lente agonie du poète qui s’enfonce, dans l’endettement chronique, les drogues, une sexualité perverse, le goût de la provocation, une inconscience de mauvaise foi, synthétisant une sorte de suicide lent mais inéluctable.

Le récit aurait en tout état de cause gagné en concision et donc éviter de se demander s’il ne fallait pas de temps à autre sauter des pages pour en arriver au bout.

Trop, c'est trop !

1 étoiles

Critique de Elph (Creney près Troyes, Inscrit le 28 janvier 2022, 74 ans) - 29 janvier 2022

De Teulé, j'ai apprécié Le Montespan, un peu moins Mangez-le si vous voulez, mais dans ce "Crénom, Baudelaire", difficile d'aller plus loin dans le glauque et le morbide. Les penchants sado-maso du poète, la description minutieuse des effets de la syphilis sur lui et sur sa compagne auraient à mon sens gagné à être seulement évoqués. Bref, une horreur telle que je ne sais pas à qui je pourrais bien donner ce livre. Surtout, ne pas s'en débarrasser dans une boîte à livres !

Crénom ... c'est efficace et c'est cela aussi Baudelaire

9 étoiles

Critique de Faby de Caparica (, Inscrite le 30 décembre 2017, 61 ans) - 26 novembre 2020

"Crénom Baudelaire" de Jean Teulé ( 432p)
Ed. Mialet Barrault

Bonjour les fous de lectures.....
N'en déplaise aux aficionados de Baudelaire, je n'ai jamais été fan du poète, mais j'aime l'écriture de Teulé donc la curiosité m'a poussée à mettre le nez dans ce livre.
Une fois celui-ci refermé, je reste toujours fan de l'écriture de Teulé et toujours aussi peu convaincue par les poésies et par l'homme dont il raconte l'histoire.
Avec sa verve et sa plume incisive, Teulé nous raconte la vie de Charles: personnage fat, odieux, farfelu et drogué jusqu'à la moelle et bien au-delà.
Le goujat est intelligent mais d'un caractère immonde.
Amoureux de sa mère dans la petite enfance, suite au remariage de celle-ci, il se prend d'une haine des femmes dont il ne se départira jamais.
Vivant aux crochets de sa famille, il fréquentera du beau monde ( peintre, écrivains,... ), aura une muse noire et se perdra le Paris d'avant Hausmann où il laissera sa trace dans de nombreux troquets et hôtels borgnes.
Poète révolutionnaire, il en choquera plus d'un et trouvera difficilement un éditeur qui réussira à le convaincre de publier ses oeuvres sous le nom de " Fleurs du Mal".
Peu apprécié de son vivant, il faudra attendre les générations futures pour que certains deviennent des baudelairiens convaincus
Il faut connaitre un peu la façon d'écrire de Jean Teulé pour apprécier ce livre.
L'écrivain a l'art de se nicher au plus profond de la vie de ses personnages et de n'en montrer que le côté noir, retord.
Ce livre est le fruit d'un long travail et de nombreuses lectures mais ne vous attendez pas à des pages doucereuses vantant le génie de Charles.
Certes, les oeuvres du poète parsèment çà et là le récit mais l'auteur s'attarde plutôt sur la vie décousue ( c'est le moins que l'on puisse dire ) de l'homme, et son caractère outrancier ...
Ceci expliquant les élucubrations et le génie créatif.
Ne dit-on pas que tout génie est proche de la folie?
Si vous êtes fan du poète et l'idolâtrez... passez votre chemin, ce livre risque de vous écorcher vif.
Si vous êtes plus curieux du personnage que de l'oeuvre, plongez-vous avec délectation dans ce dernier Teulé tout en sachant que l'auteur reste égal à lui-même... yeux chastes s'abstenir !!!

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