La Muse du département - Un prince de la bohème de Honoré de Balzac

La Muse du département - Un prince de la bohème de Honoré de Balzac

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Monocle, le 14 novembre 2020 (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans)
La note : 7 étoiles
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Un puzzle de l'amour

La comtesse de LA BAUDRAYE est l'étoile de Sancerre. Son salon est réputé autant que sa beauté et son élégance. Mariée à un époux absent elle est courtisée par de nombreux soupirants.

C'est un certain Étienne LOUSTEAU qui obtiendra les faveurs de la belle. Écrivaillon, journaleux désargenté il sévit à Paris où il finit par entraîner la comtesse.

Beaucoup de baisers au début de leur amour, puis la naissance de deux enfants. Le couple dérive lentement dans la pauvreté et s'étiole.

La belle Dinah retournera donc sur ses terres en province, retrouver un mari, trop content d'avoir une progéniture à peu de frais.
Un texte habilement construit. Balzac narre avec minutie le détricotage progressif des relations amoureuses. Pas vraiment une œuvre majeure, mais qui a tout son intérêt.

Le manuscrit de "La Muse du département a disparu". Il subsiste peu de manuscrits des textes réemployés. Un plan de Sancerre, d'une main inconnue et des croquis de Balzac, que l'on peut dater de 1836, sont conservés dans la collection Lovenjoul.

Le roman a annexé des fragments de LA GRANDE BRETECHE et des CONTES BRUNS. Balzac étant payé au mot il avait conçu des plans de réemploi. Rien ne se perd.

En 1843, le texte est refondu trois fois au gré des trois éditions qui se firent cette année là. Le roman initial de 1837 est méconnaissable et il faut donc en tirer la conclusion que le roman a évolué au gré des marrées et que le texte original ne s'y reconnaîtrait plus.


LIEUX DE L'INTRIGUE : SANCERRE - PARIS

PERSONNAGES
Beaucoup de personnages, reparaissant ou non, comme il est normal dans un texte de 1843, même si l'on ne compte pas comme « personnages » les noms qui figurent dans les récits insérés. Il y a d'abord le groupe de Sancerre, autour de Dinah de la Baudraye et de son mari : M. de Clagny, le procureur du roi, qui est amoureux de Dinah et en rivalité avec Gravier l'ancien payeur général des armées de l'Empire ; l'abbé Duret, le vicomte de Chargeboeuf. Les deux Parisiens qui arrivent à Sancerre en conquérants sont deux piliers de La Comédie humaine, Bianchon et Lousteau.

– Horace BIANCHON : il n'a pas besoin d'être présenté : cet ancien de la pension Vauquer, a déjà beaucoup soigné et arrive à Sancerre avec une grosse réputation. C'est à lui, que revient un des rôles de narrateur dans le salon de Dinah, et lui aussi qui déconseille l'abstinence à la muse du département.

– Comtesse Dinah de LA BAUDRAYE : La Muse est l'histoire de sa vie. Née dans une famille protestante, convertie au catholicisme, elle règne sans partage sur Sancerre depuis son mariage. Elle a fondé une « Socété littéraire » et tient un salon où la conversation est de règle. Surnommée avec malice la « Sapho de Saint-Satur » (le faubourg où est situé l'hôtel de La Baudraye), elle garde une réelle indépendance d'esprit, de caractère et conduite. Passionnée de collections, de bric-à-brac, d'autographes, et de littérature, elle même signe Jan Diaz des poèmes apocryphe, auxquels on invente un auteur réel, aujourd'hui décédé, et dont on parle à Paris. Quand elle cède à Lousteau, c'est plus au Parisien qu'à l'homme et autant par hygiène que par amour. Et Didine finira par « renverser la marmite », tout en réglant les dettes du père de ses enfants, pour solde de tous comptes. Son amie de pension, Anna Grossetête, épouse le dernier fils du comte de Fontaine (Le Bal de Sceaux.

– Comte Jean-Athanase-Polydore Milaud de LA BAUDRAYE : il n'est pas tout à fait sans mérite dans son difficile rôle de « minotaurisé ». Jamais tout à fait dupe il préserve les apparences, son patrimoine et sa lignée. Son avarice lui donne du caractère : il est, dans Les Paysans, le type de l'avare « par esprit de famille ». A noter ses parrains pour la Chambre des Pairs : Nucingen et Montriveau.

– Etienne LOUSTEAU : il y a dans Lousteau du loustic (le mot est dans Les Paysans). C'est un médiocre, doublé d'un gigolo ; mais il n'est pas sans talent et il amuse dans un salon. Il est lui aussi natif de Sancerre, et du même âge que Dinah. Ce « Manfred du feuilleton », qui entend « vivre de sa plume » se révèle un homme de métier, voire un pique-assiette littéraire (La Cousine Bette). Il gère mieux ses maîtresse que ses écrits ou sa réputation. Mais il est inévitable à Paris : on le rencontre aussi bien au Rocher de Cancale qu'au Café anglais (Béatrix) et ses chapeaux, « pittoresques » sont du bon faiseur : Vital (Les Comédiens sans le savoir).



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Les éditions

  • La muse du département [Texte imprimé] Honoré de Balzac édition présentée, établie et annotée par Patrick Berthier
    de Balzac, Honoré de Berthier, Patrick (Editeur scientifique)
    Gallimard / Collection Folio
    ISBN : 9782070344840 ; 8,00 € ; 14/06/2007 ; 384 p. ; Broché
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