Loin d'Odile de Christian Oster
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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La solitude du texte.
Christian Oster est beaucoup lu, on a même tiré un film, c'est dire, de son roman : 'la femme de ménage'. Christian Oster est un auteur bon ton, un gars sensible, à l'écriture toute en légèreté, pattes de mouches flirtant avec une profonde solitude dont il fait bon sourire, un auteur délicat, récurrent, présent et qui plus est adopté par la critique.
Christian Oster cumule aussi deux graves caractéristiques faisant la preuve irréfutable qu'il est bel et bien un écrivain. Car, oui, comment reconnaitre un écrivain dans le brouillard ? Oui, comment reconnaître un écrivain presque à coup sûr ? Les deux ingrédients sont assez simples en vérité... Vous les connaissez certainement, c'est tellement admis... Oui, bien sûr il y a le style. Et Christian Oster a un style, un vrai, difficile à imiter ou à circonscrire, quelque chose de fin et de racé, sans en avoir l'air, par touches délicates et presque imperceptibles, en ayant l'air de ne pas y toucher, oui, c'est ça. Mais le style ne fait pas un écrivain, le style distingue juste un bon roman du reste de la pataugeoire littéraire. Alors quoi ? Quels ingrédients ? 'L'animal et la lettre' pardis! Non, il ne s'agit pas d'un titre de roman... mais bien des deux caractéristiques essentielles.
Dans ce roman l'animal est une mouche et le narrateur écrit un journal (la lettre donc). Deux détails qui ne vous en diront guère sur le contenu de l'ouvrage, mais qui éclaireront simplement le titre de cette critique 'La solitude du texte', puisque, oui, à l'évidence, l'écrivain est un homme seul, sinon pourquoi s'intéresserait-il tant à des animaux sans aucun intérêt. Et pourquoi nous glisserait-il, un mot sur l'écriture, comme ça en passant, à la manière d'un Hitchcock apparaissant en second plan?
Là où Christian Oster a pu se répéter parfois, voir devenir lassant, 'Loin d'Odile' qui n'est pourtant pas un roman initial, s'agrémente d'une touche un brin absurde (la mouche) ainsi que d'une bonne dose de passages contemplatifs (la mouche encore). De ces deux éléments tient en grande partie l'originalité du roman, et plus loin un aspect beaucoup plus intime que dans le reste de la production de l'auteur. De là à dire que 'loin d'Odile' serait le roman majeur de Christian Oster, il n'y a qu'un pas, que l'absurdité m'interdira néanmoins de prononcer puisqu'il est tout de même aussi question de sourire à la lecture.
Un extrait :
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C'est ici, sans doute, qu'intervient Jeanne. Jeanne avait déjà, comme je l'ai dit, réduit mon intérêt pour la mouche en proportion inverse de celui, massif que je lui portais, à elle, Jeanne, et l'insistance que je semble mettre à évoquer la mouche, au stade où nous en sommes, ne doit pas faire oublier que ma compagne ailée n'avait plus droit, en réalité, qu'à des miettes, à l'image de celles que je lui laissais dans la cuisine. Elle n'occupait dans mon journal, de fait, que de petites masses de texte, assez ridicules en comparaison de celles que je consacrais à Jeanne. Je ne parle pas de moi, évidemment. Je n'avais jamais beaucoup parlé de moi dans mon journal. Mais, depuis Jeanne, je ne me faisais pratiquement plus allusion.
Les éditions
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Loin d'Odile [Texte imprimé] Christian Oster
de Oster, Christian
les Éditions de Minuit
ISBN : 9782707316042 ; 6,56 € ; 31/01/1998 ; 142 p. ; Broché
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