Le coup mortel de Gaunce de Serge Laforest

Le coup mortel de Gaunce de Serge Laforest

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Fanou03, le 10 octobre 2020 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 49 ans)
La note : 5 étoiles
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Un agent secret en Patagonie

Ce roman-là de la collection « Espionnage » des éditions Fleuve-Noir n’est pas bien sérieux, et il faut le prendre comme tel, aimable copie de "James Bond" ou plutôt de "OSS 117". Ici l’espion héros se nomme Paul Gaunce, un américain vivant en France, un des plus redoutables agents du service spécial de la CIA. Son chef l’envoie à l’autre bout du monde, en Patagonie, pour enquêter sur le meurtre d’ingénieurs américains et sur le vol de sondes sismiques destinées à trouver du pétrole et autres minéraux rares de la région. La mission est dangereuse : la CIA soupçonne que des agents secrets soviétiques soient à l’origine de ces malversations...

L’action va très vite (mise à part le long développement du début), trop vite à mon goût, Serge Laforest semblant pressé d’expédier son scénario pour passer au suivant. J’ai envie de dire que c’est dommage car il parvient à camper au final avec pas mal de réussite le rude décor patagon de la Terre de Feu pris dans l’Hiver Austral, ainsi qu’une galerie de personnages avec une forte personnalité (le capitaine argentin Morrizabal, exilé en Patagonie car politiquement de gauche mais néanmoins loyal à son pays ; l’agent français Étienne Demauges, ami de Gaunce, mais également son rival sur l'affaire ; Tamara la fière épouse de Gaunce, lasse des missions que la CIA leur enjoint de mener...) .

Là où tout cela est drôle c’est évidemment la figure de l’espion invincible (à peine en proie au doute), grand tombeur de ces dames (voir le trouble de Claudie, une des admiratrices de l'espion : « Tu es si fort ! Tu sens si bon l’homme ! »), proche de la caricature. Sans parler de l’agent russe Dimitri Oulianov, très très méchant et cruel comme il se doit ni de son adjointe, non moins sadique. On notera également une certaine distanciation vis à vis de l’action américaine, reconnue comme nécessaire mais parfois cynique ou bien en échec (sur le Vietnam ; « L’État a dépensé quatre milliards de dollars en Indochine, pour rien et ce n’est pas fini. Ce rien est tragique »). L’écriture est basique mais pas déplaisante par son côté direct, sans fioriture, virile (et un brin macho il faut le dire), riche en dialogue, avec un sens de la formule à la fois incisive mais convenue (Étienne à Tamara : « Toi qui est si douce, où puises-tu une telle violence ?), ou même légèrement bancale. Un « Fleuve Noir » des années 1970 à lire pour ne vraiment pas se prendre la tête, mais parfois ça fait du bien aussi !

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