Le dernier arrivé de Marco Balzano

Le dernier arrivé de Marco Balzano
(L'ultimo arrivato)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Septularisen, le 3 octobre 2020 (Luxembourg, Inscrit le 7 août 2004, 56 ans)
La note : 8 étoiles
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DU DRAME DE L’ÉMIGRATION!

Au début de l’histoire nous faisons la connaissance de Ninetto Giancalone. Il a cinquante-sept ans, et purge les derniers jours d’une peine de dix ans à l’Opera, la grande prison de la ville de Milan. Allongé sur le matelas pourri de sa couchette, dans sa cellule surpeuplée, Ninetto se remémore sa vie…

Il est né en 1950 dans le village de San Cono, sur les pentes de l’Etna en Sicile. Il avait une vie misérable et presque rien à manger, il était d’ailleurs si maigre qu’il était surnommé «sac d’os» par ses camarades de classe. Il adorait l’école et surtout son maître, M. Vincenzo, qui lui apprenait des poésies. Passionné par cela, Ninetto aurait voulu devenir poète, mais malheureusement, quand il a neuf ans, sa mère est victime d’une crise d’apoplexie et doit être internée dans un hospice de Catane. Il doit donc aller aider son père à travailler les champs.

Peu de temps après, son père décide, pour lui épargner la misère de leur vie, de l’envoyer à Milan, en compagnie d’un habitant du même hameau qui a décidé d’émigrer au Nord de l’Italie pour y trouver du travail… Pour Ninetto, du haut de ses neuf ans, une nouvelle vie s’offre à lui…

D’une facture assez classique le livre se décompose plus ou moins en trois grandes parties. Le récit de la vie de Ninetto en prison, sa vie une fois libéré, et ses «mémoires», qu’il raconte tout au long des deux parties et du livre… C’est assez linéaire, mis à part les «retours en arrière», où le personnage principal raconte sa jeunesse, et il n’y a pas de grande surprise ni de retournement de situation imprévu. D’une facture classique donc, mais jamais ennuyeux, et l’on a toujours envie de continuer à lire pour savoir la suite des «aventures» de Ninetto.

Que dire de plus sur ce très beau livre? Si la fin est assez convenue et qu’on la devine de loin, dans le sens qu’elle ne surprend pas, je dois quand même dire que l’écriture est très belle et très émouvante, remplie de passions, d’émotions. C’est simple à lire, très fluide, et on tourne les pages sans s’en apercevoir.

L’intérêt du livre réside aussi dans l’histoire qui nous est racontée, et qui a pour fond la très méconnue - et pourtant véritable - histoire de l’émigration interne à l’Italie, à la fin des années 50 et début des années 60… Il est vrai que le livre n’est jamais aussi touchant que quand il nous raconte la vie de Ninetto entre l’âge de neuf et quinze ans… On frissonne pour lui rien que d’imaginer que l’auteur s’est inspiré ici d’histoires vraies!

La fin du livre est très surprenante, - ce n’est d’ailleurs que là que l’auteur nous fait découvrir pourquoi Ninetto a purgé une peine de prison -, c’est une sorte d’hommage à Albert CAMUS (1913 – 1960). On ne s’en rend pas vraiment compte en le lisant avant, mais, la trame de ce livre ressemble trait pour trait au livre «L’étranger» de l’écrivain français. La piste devient évidente, l’auteur ayant semé beaucoup d’indices vers la fin, et il est très facile de les interpréter. Il va même jusqu’à faire dire à Ninetto que «L’étranger» est son livre préféré… La boucle est bouclée donc…

Encore une fois, comme pour son livre «Je reste ici» (déjà critiqué sur CL ici : http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/57862), je finis ébahi par autant de maîtrise chez un si jeune écrivain… Je ne peux que recommander de partir au plus vite à la découverte de Marco BALZANO (*1978), qui est certainement un des meilleurs représentants de la future génération des grands écrivains italiens…

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