Qui a peur de Victoria About ? de Toby Litt

Qui a peur de Victoria About ? de Toby Litt
( Finding myself)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Féline, le 9 août 2004 (Binche, Inscrite le 27 juin 2002, 46 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 5 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (55 533ème position).
Visites : 4 143  (depuis Novembre 2007)

La littérature-réalité

Victoria About, jeune romancière à succès, a une brillante idée pour son prochain roman : elle va réunir pendant un mois dix personnes, qui se connaissent ou pas, et elle rédigera un roman à partir du matériau ainsi récolté. Simona, son éditrice, s'enthousiasme pour l'idée et lui laisse carte blanche, ainsi qu'une belle somme pour mettre le projet en oeuvre. Aussi tôt dit aussi tôt fait. Victoria et son ami partent donc à la recherche d'une maison dans la campagne anglaise et près d'un phare de préférence. En effet, l'expérience se veut un vibrant hommage à Virginia Woolf et son célèbre "Promenade au phare". Une fois la liste des élus choisis, Victoria leur envoie le courrier suivant :
"Cher (ère) Ami(e)/Que dirais-tu d'être invitée à venir, en août, pendant un mois, gratuitement, dans la magnifique maison que j'ai louée au bord de la mer ? La nourriture, très bonne, et l'alcool, sans restriction, seront également fournis, gratis. Mais (il y a toujours un mais) tu dois m'autoriser à utiliser les événements du mois pour rédiger, plus tard, un livre en partie fictionnel. (En d'autres mots, tu me promets de ne pas m'intenter de procès.) Toutefois, à la fin du livre en question, tu auras droit à trois pages entières dans lesquelles tu pourras écrire ce que tu veux. Si tu penses que j'ai déformé certaine choses, raconté des mensonges évidents, etc., tu pourras me contredire. En contrepartie, je promets de ne pas interférer ni de corriger ton texte de quelque façon que ce soit. Même lorsqu'il est diffamatoire à mon endroit. J'invite également dix autres personnes. Certaines te sont connues, d'autres pas. J'espère sincèrement que tu viendras. Love,Victoria. "

Le mois d'août arrive et l'expérience de livre-réalité peut débuter. Se retrouvent ainsi réuni pour un mois : Victoria et son ami; Simona, son éditrice et son mari, William; Fleur, la soeur de Victoria; Alan, un intellectuel marginal; Ingrid, la meilleure amie de Victoria, son mari Henry et leur fillette Edith; Cécile, une femme fascinante rencontrée par Victoria sur un marché et dont elle espère devenir l'amie et Marcia, une jeune noire handicapée. Avant de débuter l'expérience, Victoria avait rédigé un synopsis, dans lequel elle prévoyait les événements du mois, et qui devait logiquement s'insérer dans le livre afin de comparer avec la réalité. Il va sans dire que le déroulement ne s'est pas exactement passé comme prévu...

Toby Litt, présenté comme l'étoile montante de la littérature anglaise, livre un roman original à plus d'un titre : une idée prometteuse, une forme inédite (le texte est agrémenté d'annotations manuscrites et de corrections, fruit de la relecture par l'éditrice), pour ne citer que cela. Malheureusement, j'ai été un peu déçue de l'exploitation de ces idées. L'idée de faire une sorte de roman réalité était surprenante et pleine de promesses, mais rapidement j'ai eu le sentiment de tomber sur Bridget Jones au loft, dans le sens où la romancière ne semblait vouloir que des histoires de sexe, de trahison et de tromperie. Heureusement, ce sentiment a fait peu à peu la place à un véritable intérêt et la situation s'est modifiée de manière intéressante. Sous les apparences de futilité et de légèreté, l'écrivain met le doigt sur des sujets loin d'être anodins dont il fait une analyse fine et sans concessions : la télé-réalité, les écrivains, le monde de l'édition mais aussi les comportements, les interactions entre humains (l'amitié, l'honnêteté, l'amour,...). Les plus méchants ne sont pas nécessairement ceux qu'on croit.
Je me suis alors prise au jeu et j'ai finalement passé un agréable moment de lecture. Mon avis au sujet du livre s'est donc à plusieurs reprises modifiés, et mon opinion finale est que le romancier savait parfaitement ce qu'il faisait et maîtrisait bien son sujet. On peut lui reconnaître quelques bonnes trouvailles.

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Les éditions

  • Qui a peur de Victoria About ? [Texte imprimé], roman Toby Litt trad. de l'anglais par Bernard Hoepffner avec la collab. de Catherine Goffaux
    de Litt, Toby Hoepffner, Bernard (Traducteur)
    Seuil
    ISBN : 9782020596862 ; 23,30 € ; 27/04/2004 ; 528 p. ; Broché
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Incroyablement Prétentieux ! (selon Simona ;o)

5 étoiles

Critique de Cuné (, Inscrite le 16 février 2004, 57 ans) - 23 décembre 2005

Magnifique couverture, et idée séduisante, c'est le supposé tapuscrit du journal de Victoria About qui nous est livré ici, recouvert des corrections de l'éditrice, et avant fignolage en vue de la parution. C'est cette idée là que j'aime bien, et ce sont souvent les notes de l'éditrice que j'ai trouvées amusantes : Tout un passage barré avec la mention : "Tu es cinglée !" , ou encore l'effacement systématique de tout ce qui pourrait la montrer sous un jour disgracieux. Par contre l'idée de la pseudo-cohabitation à but scientifique, et tous les évènements qui en découlent est assez affligeante. Aucun personnage ne prend suffisamment d'épaisseur pour qu'on s'y attache, et leurs petites circonvolutions, pour plaisantes qu'elles soient, ont du mal à percer le mur de l'indifférence.
Dommage !

Décevant...

5 étoiles

Critique de Bouing_bouing (Rennes, Inscrit le 6 septembre 2004, 49 ans) - 20 octobre 2004

Ce livre est a priori attirant, sa forme (annotations, etc...) n'étant pas étranger à cela. Problème : c'est là que réside la principale idée et qualité de "Qui a peur de Victoria About ?".
Etant donné le sujet et le style de T. Litt (auteur du réussi "Gang"), on s'attend si ce n'est à du mouvement (sexe, trahisons, violence ?), du moins à ce qu'il y ait de la vie qui émerge de ce (quasi) huis-clos. Mais il ne se passe rien - ou si peu. A la place, nous avons droit aux atermoiements sans fin de Victoria : vont-ils acceptés de venir ? Est-ce bien ? Ai-je le droit de leur faire ça ? Pourquoi est-ce que je le fais ? Est-ce que cela reste de la littérature ? etc... Pour être honnête, je n'ai trouvé l'analyse ni fine, ni sans concessions... Le minimum aurait été que les dialogues soient piquants, l'histoire surprenante, que sais-je ? qu'il se passe au moins quelque chose ! Alors, c'est bien écrit, soit. Cela se lit aisément, c'est vrai ; mais on quitte tous ses personnages sans regrets.

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