Un soupçon d'indigo de Michèle Gazier

Un soupçon d'indigo de Michèle Gazier

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Jfp, le 29 août 2020 (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 75 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 083ème position).
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momo a disparu

Maurice a disparu. Il a disparu deux fois, tout d’abord lorsqu’il a quitté la France pour la Guadeloupe, plus précisément Marie-Galante où il a pris la direction d’une raffinerie de canne à sucre (produisant sucre et rhum), puis lorsqu’il a abandonné ses fonctions respectables pour une vie de bohème (fortement arrosée) en compagnie de quelques amis autochtones. La vérité sur Maurice, la connaîtra-t-on jamais ? Michèle Gazier nous la laisse entrevoir à travers le témoignage de trois personnes l’ayant peu ou prou fréquenté. Le récit est passionnant, tel un polar à énigmes où le lecteur est invité à suivre des pistes et retrouver au fil des pages des indices devant le conduire à la vérité sur Maurice. Dans son style fluide, si caractéristique, l’auteure nous entraîne allègrement à la poursuite d’un être idéaliste, humaniste et désabusé, que l’on apprend petit à petit à connaître à travers ceux qui l’ont approché. Un régal…

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Les éditions

  • Un soupçon d'indigo [Texte imprimé], roman Michèle Gazier
    de Gazier, Michèle
    Seuil
    ISBN : 9782020970099 ; 18,30 € ; 07/02/2008 ; 271 p. ; Broché
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L'île maudite

8 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 65 ans) - 5 novembre 2020

Lucie arrive à Marie-Galante où elle espère retrouver les traces de son grand-père disparu, Maurice Gil. Parti prendre la direction d’une raffinerie de canne à sucre pour 5 ans, il n’est jamais revenu.
Ce grand-père qu’elle n’a pourtant pratiquement pas connu puisqu’il est parti alors qu’elle était bébé.
Mais son absence a influencé sa vie, son enfance marquée par les non-dits, les mots chuchotés, les marques de souffrance de sa grand-mère, de sa mère, le poids du secret de sa disparition fait partie de l’héritage familial.
Et pourtant, arrivée sur l’île, elle ne se décide pas à entamer des recherches.
" ...il lui a semblé comprendre que partir loin de son existence ordinaire relevait plus de la quête de soi que de la fuite du monde. Partir pour se retrouver...Elle ne s’était jamais sentie aussi proche de son aïeul."

Alors même que plusieurs personnes l’ont reconnue comme la petite-fille de Maurice, à la couleur si originale de ses yeux, elle reste le plus souvent seule dans sa chambre à écouter trois hommes alcooliques dans un cabanon, parler une langue qu’elle ne comprend pas. Ce n’est qu’à quelques jours de son départ, qu’elle souhaitera retrouver ceux qui ont connu son grand-père.

Si pour Lucie, cet homme est un mystère, pour Isabelle, la mère de la jeune femme, fille de Maurice, c’est une douleur insurmontable d’avoir été abandonnée au moment où elle mettait au monde sa petite fille. Ne l’aimait-il pas assez alors que ces souvenirs d’enfance, puis ses lettres évoquent un papa aimant ?
"Que sait-on de l’amour que l’on inspire à ces adultes qui sont nos parents ? Peut-on imaginer qu’ils nous aiment comme ils le prétendent ?"
Lucie, bébé, petite fille, entend, ressent la douleur de sa mère, de sa grand-mère. Heureusement, François son père, aide son épouse à ne pas perdre pied, à être une mère, sans être une fille.
" Les enfants n’ont pas à entendre ce que les parents taisent. Ce sont aux parents à écouter les silences des enfants."

La troisième partie lèvera une partie du voile.

Un roman à trois voix qui m’a rappelé un roman de Nancy Huston, "Lignes de faille" à sa façon de remonter le temps pour mieux comprendre. L’auteure observe avec une grande justesse les douleurs de l’abandon, le mal que peut faire une disparition, "Comment expliquer la différence entre une absence de toujours et une absence à jamais ?" ; et permet de comprendre ce qui a pu pousser une mari aimant, un père attentionné à disparaître.
Et réussit aussi, fait très rare, à me faire reprendre la lecture de la première partie.
Loin des clichés d’îles paradisiaques, de sites touristiques, un roman profond sur les relations, les sensibilités, le sens de l’Histoire finalement assez récente, et le poids de la transmission quand le seul souvenir que l’on garde, que l’on a en commun, est une étrange couleur des yeux.

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