Corée du nord. 9 ans pour fuir l'enfer de Eunsun Kim

Corée du nord. 9 ans pour fuir l'enfer de Eunsun Kim

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Anonyme11, le 21 août 2020 (Inscrit(e) le 18 août 2020, - ans)
La note : 10 étoiles
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En ce XXIe siècle : le système totalitaire communiste existe toujours, notamment..., en Corée du Nord !

Eunsun Kim s’est enfuie du régime Totalitaire Communiste de Corée du Nord en 1997, à l’âge de seulement 11 ans, avec sa mère et sa sœur Keumsun. Après un interminable et terrible périple de neuf années, entre la Corée du Nord, la Chine, en passant par la Mongolie, sa mère sa sœur et elle ont enfin fini par découvrir la Liberté et la Démocratie en Corée du Sud.
Son témoignage est destiné (avec d’autres comme celui de Kang Chol-Hwan) à révéler au monde entier, l’effroyable régime Totalitaire Communiste de la sanguinaire dynastie des Kim qui Terrorise le Peuple Nord-Coréen et ses 22 millions d’habitants : Kim Il-sung (le grand-père et fondateur du régime en 1948), Kim Jong-il (le fils) et depuis la mort récente de ce dernier le 17 décembre 2011, le petit-fils : Kim Jong-un.
Dans la dernière décennie du 20ème siècle a sévi en Corée du Nord, une gigantesque famine qui a probablement décimé près de 2 000 000 de Nord-Coréens, soit presque 10 % de la population totale.
Cette famine monumentale s’est déclenchée après l’effondrement de l’U.R.S.S., en 1991, puisque l’U.R.S.S. approvisionnait de manière importante, financièrement et en produits divers, le régime tyrannique des Kim. Ce sont les dirigeants Nord-Coréens qui sont responsables de cette immense famine. En effet, cette catastrophe humaine résulte du désastre économique provoqué par l’absurde politique Communiste de Collectivisation totale. Eunsun Kim en résume clairement et succinctement les raisons (page 54) :
« Les causes de cette famine sont complexes et multiples. D’abord, la chute de l’Union soviétique, en 1991, a déstabilisé l’économie qui dépendait de l’aide de notre grand frère communiste. Progressivement, les usines ont cessé de fonctionner faute d’électricité, les engrais ont disparu des champs, les rations de nourriture se sont réduites comme peau de chagrin. Et puis, à partir de 1994, de terribles inondations ont donné le coup de grâce à l’agriculture moribonde de ma province. Les rares réserves ont été détournées au profit des militaires et des élites, pendant que le reste de la population mourait à petit feu. Les enfants d’abord, puis les personnes âgées et les femmes. La qualité des rations n’avait cessé de se détériorer depuis ma naissance au milieu des années 1980 mais, à partir de 1994, les quantités ont baissé drastiquement, et les livraisons ont été régulièrement annulées ».
Durant la famine, les enfants cessèrent d’aller à l’école, car tout leur temps était consacré à chercher de la nourriture.
En 1997, au comble de cette effroyable famine, le père et les grands-parents de Eunsun Kim moururent eux aussi, de faim. Son père décéda le 11 novembre 1997, alors qu’Eunsun n’était âgée que de 11 ans.
Sa mère dut alors vendre tout ce qui se trouvait dans leur appartement pour pouvoir l’échanger contre de la nourriture. Il ne restait absolument plus rien dans l’appartement de leur ville natale d’Eundeok. Jusqu’au au revêtement de sol qui avait lui aussi été échangé. Ah si ! Il restait juste deux objets : les deux portraits du « Président éternel » (Kim Il-sung) et du « généralissime » (Kim Jong-il), qui trônaient sur l’un des murs, seuls dans l’appartement totalement vide. En effet, prendre le risque de vendre ces portraits, qui sont obligatoires au sein de chaque famille Nord-Coréenne, était considéré comme un sacrilège et puni…, de mort !
En ce mois de décembre 1997, épuisée par la famine qui la tenaillait, Eunsun Kim rédigea alors son testament. Etant tellement certaine qu’elle allait mourir, la mort ne lui faisait déjà plus peur, à seulement 11 ans. Elle l’attendait seule, recroquevillée dans l’appartement, désespérée de ne pas voir revenir sa mère et sa sœur qui étaient parties chercher de quoi manger un peu.
Finalement, sa mère et sa soeur revinrent in extremis…
Qu’Eunsun ait réussi à rester en vie dans la décennie de 1990, provient certainement du fait que sa mère récupérait de temps en temps, des restes de nourriture qu’elle rapportait de la cantine dans laquelle elle travaillait.
N’ayant plus rien à échanger contre de la nourriture, la mère de Eunsun Kim décida de fuir la Corée du Nord avec ses filles, par la Chine. Ces milliers de Nord-Coréens fuyant le pays sont appelés « défecteurs », car considérés comme des traîtres à la Patrie. Début 1998, elles tentèrent de fuir par la frontière séparant la Corée du Nord et la Chine, en traversant la rivière Tumen.
L’objectif final étant de regagner la Corée du Sud, un pays de Liberté et de Démocratie. Ce périple plein de misère, d’humiliation et de dangers, dura neuf longues années.
Je laisse, ici, le lecteur se référer au livre de l’auteur pour prendre connaissance de cet incroyable vie en exil…
Petits, les enfants appartiennent au « syndicat des enfants », puis à l’adolescence, ils entrent dans la « ligue de la jeunesse ». Ils ont alors l’insigne « privilège » d’arborer sur la poitrine, le petit badge à l’effigie de Kim Il-sung.
Au pas cadencé, les élèves se dirigent vers l’école en chantant des hymnes à la gloire des tyrans (page 32) :
« Même si nous sommes petits, notre esprit est grand ! Nous serons toujours prêts à servir le général Kim Jong-il ! ».
Dans la classe, au dessus du grand tableau noir, trône ici encore, la photo de Kim Jong-il. L’étude de la vie magnifiée des dirigeants, fait partie intégrante des principales matières enseignées, au même titre que les mathématiques, la langue Coréenne et bien évidemment l’incontournable « matière » propagandiste concernant…, l’ »éthique communiste ».
On apprend aux enfants que le jour de la naissance de Kim Il-sung, une étoile est apparue au dessus de l’immense volcan du mont Paekdu.
Afin de parfaire l’éducation civique des enfants, à l’école, un jour, la maîtresse leur annonça que les enfants allaient assister à un évènement important pour leur éducation. Il s’agissait de l’exécution d’un homme coupable d’avoir, soi-disant, commis de « grands crimes » (133 et 134) :
« Avant le déjeuner, les professeurs nous ont conduits en rang jusqu’au centre-ville. La foule était massée près d’un terrain vague, à côté des piliers du pont qui enjambait la rivière. Nous étions petits, alors on nous a placés sur le pont, pour voir la scène du balcon. Un vrai privilège… Surtout ne rien manquer de ce spectacle hautement pédagogique.
Une voiture est arrivée, vitres teintées. Des policiers en ont extirpé plusieurs hommes qui portaient un foulard sur la tête. La foule frémissait. Après un dernier interrogatoire symbolique, les coupables ont avoué piteusement avoir fauté. Alors on les a attachés à des poteaux plantés le long de la rivière. Je ne comprenais pas que leurs visages restent impassibles alors qu’ils allaient mourir…
Soudain, un bruit terrifiant déchira le ciel, j’ai sursauté. Les coups de feu durèrent une éternité, puis le silence revint. Au milieu de la fumée qui se dissipait, j’ai progressivement distingué d’énormes flaques rouges de sang, jonchées de morceaux de chair mêlés à un liquide blanchâtre. Et là, j’ai découvert la compassion. Un immense sentiment de pitié m’a envahie, une vague de fraternité à l’égard de ces hommes abattus avec un tel acharnement.
Je me demandais ce qu’il allait advenir de leur sinistre dépouille, de ces « morceaux d’eux » laissés là sur le sol, quand tout à coup un homme à l’air étrange est sorti de la foule et s’est mis à renifler les corps déchiquetés. Tel un animal affamé, il a ramassé des morceaux gris et gélatineux, et les a regardés avec dévotion avant de les dévorer goulûment devant tout le monde. J’étais terrorisée. Ce fou croyait qu’en mangeant de la cervelle d’homme il serait guéri de sa maladie, nous expliqua-t-on sans plus s’émouvoir.
Je suis restée pétrifiée sur la chaussée subitement déserte : la foule était partie déjeuner. »
Alors encore toute jeune, par la suite, Eunsun et les autres enfants assistèrent régulièrement à de nombreuses autres exécutions publiques.
Un jour un homme fut exécuté pour avoir « insulté le Grand Dirigeant » Kim Il-sung. En effet, l’immense sacrilège consistait à avoir osé arracher des lettres en bronze, d’une inscription officielle du « Grand Leader ».
D’autres hommes furent également passés devant le peloton d’exécution pour avoir volé du riz dans les réserves de l’Armée.
Comme dans tout l’ »Univers » Totalitaire Communiste, en Corée du Nord, une autre « matière » intervient quotidiennement, elle consiste dans des séances d’autocritique. Chaque jour, chacun doit confesser ses fautes imaginaires à caractères individualistes.
Un après-midi du 8 juillet 1994, un homme qui était chargé de rapporter aux Autorités, tout ce qui se passait dans le quartier, se présenta au domicile de Eunsun. Il donna l’ordre à la famille de regarder les informations télévisées le soir même. C’est comme cela qu’elles apprirent que Kim Il-sung était décédé.
Pour les funérailles de Kim Il-sung, des cérémonies géantes de lamentations furent organisées dans toute la Corée du Nord, durant lesquelles tout le monde devait pleurer…, de gré ou de force (pages 44 et 45) :
« Je ne savais pas exactement pourquoi je pleurais, mais je sentais qu’il fallait le faire. J’étais portée par l’ambiance. Je me souviens qu’à côté de moi, une copine n’y arrivait pas. « Elle fait semblant », pensais-je en regardant la pauvre petite larme qui perlait au coin de ses paupières. Mais elle n’avait pas le choix. Elle risquait d’être mal vue si ses yeux restaient secs ».
Le Culte de la Personnalité est tellement puissant en Corée du Nord, que nombreuses furent les personnes qui s’effondrèrent en larmes, et d’autres moururent même de stupeur. Ce Culte de la Personnalité et l’endoctrinement Idéologique sont tellement forts, que de nombreux Nord-Coréens ont eu l’impression de perdre leur « Dieu », leur « Père ». Il y eut des scènes d’hystéries collectives à travers tout le pays.
Le lavage de cerveau qui s’effectue depuis plusieurs générations, est total, dans un pays, qui plus est, complètement clos depuis des décennies, sans aucun lien, aucune communication avec les pays étrangers. La population n’a donc aucun moyen de comparaison (pages 42 et 43) :
« Mon exil m’a permis, depuis, de me défaire progressivement de la propagande et de voir la réalité en face : mon pays est aux mains d’une dictature sanguinaire. Les Kim ne sont pas des pères protecteurs mais bien des tyrans. Pourtant, aujourd’hui encore, l’écrasante majorité de mes compatriotes n’a aucun moyen d’ouvrir les yeux. Mon peuple reste totalement isolé et vit dans un monde clos. Il ne faut pas lui en vouloir s’il ne se révolte pas, car il n’a aucun moyen d’aiguiser son esprit critique et ne connaît pas l’étendue de son malheur. Il ne peut pas mesurer la dure réalité de la dictature. L’Internet n’existe pas, sauf pour les plus hauts responsables du Parti. L’accès aux télévisions internationales, les appels téléphoniques ou l’échange de courrier avec l’étranger sont interdits et peuvent vous conduire en camp de travail ».
En Corée du Nord, aussi incroyable que cela puisse paraître, la plupart des bâtiments officiels sont nommés par la date correspondant au jour d’une visite de Kim Il-sung ou de Kim Jong-il. Par exemple, une usine d’armement est nommée : « 20-Janvier ». Le Culte de la Personnalité est, dans ce régime Totalitaire, invraisemblablement poussé aux confins de la démence-mégalomaniaque…
Aujourd’hui, Eunsun a compris que son pays est dirigé par une dynastie de tyrans sanguinaires, et qu’au moins 150 000 prisonniers survivent ou meurent toujours dans les camps de travail et de concentration. Comme beaucoup de Nord-Coréens, elle sait que des gens disparaissent sans laisser de traces. Mais avant elle ne savait pas comment, ni pourquoi. Elle l’explique fort bien (page 47) :
« A Séoul, en écoutant les autres « défecteurs » qui se sont évadés comme moi, j’ai compris que notre pays était en fait une vaste prison où les détenus n’ont pas conscience de l’ampleur de leur malheur, tant ils doivent lutter d’abord pour leur survie ».
Des dizaines de milliers de Nord-Coréens survivent clandestinement en Chine puisque les deux pays Totalitaires Communistes ont des accords pour que la police Chinoise, arrête et livre les « défecteurs » Nord-Coréens aux autorités de Pyongyang (la Capitale Nord-Coréenne). A la frontière entre la Chine et la Corée du Nord, cette clandestinité forcée engendre le développement d’une foultitude de trafics en tous genres, de réseaux de prostitution et de trafics d’êtres humains. Notamment, de nombreuses Nord-Coréennes sont vendues à des « maris Chinois ». 70 % des milliers de femmes qui traversent clandestinement la frontière chaque année, tombent aux mains de trafiquants d’êtres humains.
Après ces neuf années d’un périple inimaginable et terrifiant, elles réussirent enfin à regagner la Corée du Sud via la Mongolie. En effet, ces deux pays ont des accords pour aider les exilés Nord-Coréens à transiter vers la Corée du Sud.
En Conclusion :
Plusieurs centaines de milliers de Nord-Coréens ont tenté de s’évader de cet enfer Totalitaire. Seulement 22 000 ont réussi à atteindre la « Terre Promise » : la Corée du Sud.
Aujourd’hui, Eunsun Kim, sa mère et sa soeur vivent Libres dans un monde moderne, à seulement 40 kms de la frontière infranchissable (la D.M.Z.) qui sépare le Peuple Coréen en deux pays, depuis plusieurs décennies…
Le Peuple Nord-Coréen meurt à petit feu dans le silence, la persécution permanente et l’indifférence absolue de la part de la Communauté Internationale.
Encore de nos jours, le régime Totalitaire de Corée du Nord a tellement su opprimer toute la population par la Terreur généralisée, que cette population demeure toujours incapable de se révolter.
Kim Jong-il ayant préparé sa succession, à sa mort, le 17 décembre 2011, c’est son fils Kim Jong-un (âgé seulement de 30 ans) qui a pris la relève et semble bien déterminé, tragiquement pour le Peuple Nord-Coréen, à perpétuer pour encore des décennies : cet ignoble régime…, Totalitaire Communiste !
Confer également d’autres ouvrages aussi passionnants sur le même thème, de :
– Barbara Demick : « Vies ordinaires en Corée du Nord » ;
– Pierre Rigoulot : « Corée du Nord, Etat voyou » ;
– Kang Chol-Hwan : « Les Aquariums de Pyongyang » ;
– Juliette Morillot et Dorian Malovic : « Evadés de Corée Du Nord : Témoignages » ;
– Sophie delaunay et Marine Buissonnière : « Je regrette d’être né là-bas : Corée du Nord : l’enfer et l’exil ».

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