Le commandant d'Auschwitz parle de Rudolf Hoess

Le commandant d'Auschwitz parle de Rudolf Hoess
(Kommandant in Auschwitz : autobiographische aufeichnungen)

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Anonyme11, le 19 août 2020 (Inscrit(e) le 18 août 2020, - ans)
La note : 8 étoiles
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Une immersion totale avec un représentant du MAL ABSOLU : Rudolf Hoess ! (Je mets 4 étoiles pour l'intérêt historique du document).

Ce livre est le récit d’un rare témoignage écrit de la propre main d’un bourreau Nazi, celui de Rudolf Hoess, dans sa cellule en février 1947, avant d’être condamné à mort le 2 avril 1947, puis pendu à Auschwitz le 7 avril de cette même année.

On est surpris de découvrir à travers l’existence de Rudolf Hoess un personnage ambivalent, à la fois : « ordinaire », bon père de famille, intelligent, cultivé, travailleur voire méticuleux, ambitieux mais trop zélé et qui écrit très bien ; et en même temps, quelqu’un qui n’est pas fou (au sens psychologique ou « clinique » du terme) puisque parfaitement capable d’analyser le cheminement qui l’a conduit à sa propre INHUMANITE.
Une circonstance donc aggravante (si cela est encore possible !) dans sa complète responsabilité lors de cette monstruosité que fut l’Holocauste.

Au début, le ton de son récit est descriptif quant à sa vie privée comme celle d’un homme « ordinaire ».
Mais au fil de la lecture son cynisme augmente graduellement. Il se permet même le droit de juger défavorablement les sévices et crimes perpétrés par ses « collègues » Nazis ; avec même à certains moments, la sensation de détachement, comme s’il décrivait une situation atroce à laquelle il serait totalement étranger.
Alors, qu’il est lui-même le Commandant en chef du plus grand camp mixte : de concentration et d’extermination, celui d’Auschwitz, de tout le système Totalitaire Nazi, et par conséquent entièrement responsable du génocide de CENTAINES de MILLIERS de familles : enfants, femmes, vieillards, hommes… !
On comprend alors mieux son indifférence totale et son mépris absolu pour : la NATURE HUMAINE.

Sa « réflexion » s’enfonce toujours plus dans l’effroi par la déshumanisation des victimes, lorsqu’il explique qu’il fut soulagé d’apprendre que les Nazis n’allaient, non plus exterminer les Juifs par des campagnes de fusillades de masse, mais… par le gaz.
En effet, pour Rudolf Hoess, non seulement il s’agissait « juste » de changer de « technique » de massacre (sans évidemment se soucier le moins du monde du meurtre de ces victimes) mais en plus, ce changement de « méthode » intervenait uniquement parce que les fusillades massives ne permettaient plus de décimer à une suffisamment grande échelle, compte tenu de l’importante quantité de victimes Juives à anéantir !
De surcroît, il ne se préoccupait absolument pas du sort de ces MILLIONS de victimes, mais plutôt de la santé mentale des bataillons SS (les Einsatzgruppen) qui risquaient de finir par être écoeurés dans leur « mission » d’éradication.

On peut également relever le cynisme total dont fait preuve Rudolf Hoess, lorsqu’il parle avec condescendance et dédain des Sonderkommandos.
Ces « équipes spéciales » (principalement composées de Juifs) étaient « recrutées » avec comme terrifiantes « missions » obligatoires, celles : de faire se déshabiller les déportés, les faire entrer dans les Chambres à gaz, puis une fois gazés, de sortir les corps des Chambres à gaz en les traînant jusque dans les fours crématoires.
Puis, périodiquement ces Sonderkommandos étaient exterminés à leurs tours.
On retrouve ici, ce processus de déshumanisation des victimes permettant aux bourreaux de se « dédouaner » psychologiquement de leurs crimes, comme l’écrit Geneviève Decrop dans la préface du livre : « Le mécanisme de refoulement du doute et de la culpabilité devant le sentiment de faiblesse. »

Enfin, ce sont : son engagement radical dans l’Idéologie antisémite Totalitaire Nazie du IIIème Reich, sa grande lâcheté, mais aussi le fait de se conduire en « fonctionnaire » zélé, qui ont amené Rudolf Hoess à commettre cet indicible MAL ABSOLU.
Il s’est donc transformé dans les actes, en un monstre sanguinaire complètement insensible à une valeur pourtant essentielle : LE RESPECT POUR LA VIE HUMAINE.

On trouve également dans l’ouvrage de Gitta Sereny « Au fond des ténèbres : un bourreau parle, Franz Stangl, commandant de Treblinka », le profil d’un autre bourreau Nazi, celui donc de Franz Stangl, le Commandant de Treblinka, interviewé par l’auteur dans sa prison en 1971.

Confer également d’autres ouvrages aussi passionnants sur le même thème, de :
– Gitta Sereny « Au fond des ténèbres : un bourreau parle, Franz Stangl, commandant de Treblinka » ;
– Tzvetan Todorov Mémoire du mal, Tentation du bien : enquête sur le siècle ;
– Tzvetan Todorov Face à l’extrême ;
– Hannah Harendt Eichmann à Jérusalem ;
– Hannah Harendt Le système totalitaire : Les origines du totalitarisme ;
– Shlomo Venezia Sonderkommando : Dans l’enfer des chambres à gaz ;
– David Rousset L’Univers concentrationnaire ;
– Primo Levi Si c’est un homme ;
– Primo levi Les Naufragés et les Rescapés : Quarante ans après Auschwitz ;
– Michel Terestchenko Un si fragile vernis d’humanité : Banalité du mal, banalité du bien.

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