Noir dehors de Valérie Tong Cuong

Noir dehors de Valérie Tong Cuong

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Tistou, le 25 mai 2020 (Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans)
La note : 7 étoiles
Visites : 2 426 

Roman choral

Pitch particulièrement intéressant pour ce Noir dehors : New York, une panne d’électricité générale survient en plein après-midi d’un mois d’Août surchauffé. Plus d’ascenseur, plus de conditionnement d’air, plus de communications, circulation bloquée, … bref la thrombose dans cette ville verticale et surpeuplée.
Du coup l’accent est mis sur trois personnages différents dont les destinées du jour vont converger irrémédiablement. Trois personnages que, bien entendu, rien ne présageait qu’ils soient amenés à se rencontrer.
- Naomi, roumaine d’origine, arrivée illégalement aux USA pour être enfermée dans un bar sordide et exploitée sexuellement comme prostituée.
- Simon Schwartz, l’avocat d’affaires à succès, riche et … malheureux, comme de bien entendu.
- Canal, autre sans-papiers, comme Naomi, orphelin d’origine chinoise, recueilli nourrisson par un commerçant chinois, à Chinatown, et qui l’exploite aussi, manière … esclave.
La panne d’électricité va permettre à Naomi de s’échapper, encadrée par une consoeur de malheur, Bijou.
Elle va contraindre Simon Schwartz à évacuer d’un 37ème étage de la Tour où sont situés ses bureaux, laborieusement et avec une entorse à la cheville.
Et amener Canal à la liberté ( ?) à la faveur d’un incendie où meurt celui qui l’exploite.

»C’est à ce moment que les cris ont fusé. Lorsque j’ai rouvert les yeux, avec précaution, la pièce était devenue sombre, tout juste éclairée par la blancheur des céramiques. Mon cœur a explosé. Qui, coincé aux chiottes du trente-septième étage de Manhattan sud, n’aurait pas senti ses tripes se serrer et sa raison flancher ?
Je me suis rué vers la porte, mais mon pied a glissé sur une flaque d’eau, ma flaque d’eau – celle que j’avais laissée en m’aspergeant -, et ma cheville droite a cédé. Je me suis traîné jusqu’à la salle. Je les voyais déjà les verrières fracassées, les plastiques brûlés, les fumées noires, les corps éventrés. Ils avaient remis ça, ces enfoirés .
…/…
Ni verre brisé, ni fauteuils noircis, ni morceaux de cadavres. Seulement des employés perdus, des ordinateurs éteints, des imprimantes et une climatisation muettes.
- Monsieur, c’est une panne de courant.
- Chez nous ?
- Partout dans l’immeuble, monsieur. Les ascenseurs ne fonctionnent pas.
- Je viens de capter la radio, a renchéri Arno. C’est la ville entière, peut-être plus. »


Et insensiblement le sort de ces trois-là va converger dans la nuit vers un lieu commun, un sort lié.
L’idée est excellente, la réalisation pas totalement aboutie à mon sens. Ou disons que la narration ne tient pas la distance ; les invraisemblances s’accumulent et la rigueur s’effiloche au fil du récit.
Récit qui reste néanmoins tout à fait digne d’intérêt et qui fait qu’on dévore ce court ouvrage.

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